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Sport - Football / Euro

Cap sur l’Allemagne 2024

Le format paneuropéen serait-il mort-né ?

Cap sur l’Allemagne 2024

L’image qui a le plus marqué l’Euro : le milieu de terrain danois Christian Eriksen recevant des soins médicaux, à même la pelouse, après son malaise cardiaque en plein match Danemark-Finlande du groupe B lors de la phase de poules, à Copenhague. Friedemann Vogel/Pool/AFP

Pendant un mois, l’UEFA a navigué entre pandémie, polémiques et absurdités logistiques liées au format atypique de l’Euro disséminé dans onze pays, mais cette formule paneuropéenne risque de tomber dans l’oubli à l’avenir, avant un retour à la normale prévu pour 2024, en Allemagne.

L’idée initiale de Michel Platini pouvait séduire sur le papier : fêter les 60 ans de la compétition avec un tournoi itinérant, censé rapprocher les peuples, les pays, les supporteurs, dans une célébration du football continental. Le bilan est nettement plus contrasté, après un mois de compétition où la géopolitique et l’iniquité sportive se sont invitées dans les discussions, jusqu’à la victoire de l’Italie face à l’Angleterre en finale.

Absurdité logistique et écologique

Bakou, Rome, Bakou, Bucarest, Saint-Pétersbourg... Voici le long chemin parcouru par l’équipe suisse, et ses supporteurs, pendant le tournoi. Le périple helvète soulève d’autant plus d’interrogations qu’une équipe nationale voyage avec une délégation bien fournie et plusieurs tonnes de matériel. L’UEFA a certes promis qu’elle allait « compenser » les émissions de gaz à effet de serre des supporteurs, mais les plus sceptiques ne sont pas convaincus par la formule, un « non-sens environnemental total », selon l’eurodéputée écologiste Karima Delli, interrogée en 2020.

L’Euro 2024, à cet égard, s’annonce plus respectueux de l’environnement, avec neuf des dix stades du tournoi déjà utilisés lors du Mondial 2006, et moins de 700 kilomètres entre Hambourg et Munich, les deux villes hôtes les plus éloignées.

Covid-19 et supporteurs

« Ce n’est pas un Euro habituel, d’abord parce qu’il se déroule dans onze pays et, par-dessus cela, il y a la pandémie qui rend les voyages encore plus difficiles », avait remarqué le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, dans un entretien accordé avant le tournoi. Le dirigeant slovène a déjà prévenu que ce format inédit ne serait « probablement pas reconduit ». Le patron de l’instance européenne a en effet dû reporter le tournoi d’une année, puis jongler avec 11 législations de 11 pays hôtes, et autant de politiques sanitaires de lutte contre le Covid-19.

Un casse-tête surtout pour les supporteurs, un peu livrés à eux-mêmes dans leur périple continental, entre tests PCR, vaccins, formulaires d’entrée, quarantaines au retour, risque de contamination et incertitudes jusqu’à la dernière minute tant sur le lieu des rencontres que sur leurs chances d’obtenir un billet pour le match... « Quand est-ce qu’on organise une compétition où les supporteurs peuvent venir ? Ça devient invivable », soupirait Fabian Tosolini – membre actif du groupe des Irrésistibles français – durant la compétition.

Si les fans ont, par moments, pu retrouver l’ambiance de villes animées par l’organisation du tournoi, comme à Budapest, d’autres destinations furent moins joyeuses, comme Bucarest ou Bakou. En 2024, avec quatre stades rien que dans la Ruhr (Düsseldorf, Cologne, Gelsenkirchen et Dortmund), les chants risquent de s’entendre à tous les coins de rue.

Visions politiques

La formule paneuropéenne a eu le mérite de confier l’organisation de l’Euro à de plus petits pays, comme la Hongrie ou le Danemark, mais cela a aussi causé de nombreuses anicroches diplomatiques, plaçant l’UEFA, accrochée à sa ligne « apolitique », dans d’inconfortables situations. L’Euro aura été marqué par le débat sur le genou à terre, symbole de lutte contre les discriminations, puis par le Rainbowgate, lorsque l’UEFA s’est opposée à ce que Munich illumine son stade aux couleurs arc-en-ciel de la communauté LGBT pour dénoncer une législation jugée homophobe votée en Hongrie. Les prises de position des responsables politiques de toute l’Europe ont fusé, et l’UEFA n’a pas été épargnée, entre le choix discuté de l’autoritaire Azerbaïdjan parmi les pays hôtes et sa gestion du conflit entre voisins ukrainien et russe quant aux slogans affichés sur les maillots de l’Ukraine.

Iniquité sportive

Pour couronner le tout, des voix ont aussi souligné l’iniquité sportive supposée d’un tel tournoi éparpillé, entre climats disparates, voyages plus ou moins longs et avantage d’évoluer devant son public. Les quatre demi-finalistes ont ainsi tous disputé leur phase de groupes à domicile, loin des éreintants déplacements de la Suisse, de la canicule subie par la France à Budapest, ou de l’impossibilité pour les Gallois d’être soutenus par leurs supporteurs bloqués par les restrictions sanitaires, par exemple. « Chaque pays a eu le droit de jouer devant ses supporteurs, sauf nous, s’est insurgé le défenseur gallois Chris Gunter. Nous méritions mieux que cette vaste blague qu’est ce tournoi. »

Dans trois ans en Allemagne, avec un format plus traditionnel et un contexte sanitaire peut-être apaisé, la passion du foot devrait reprendre le dessus.

Antoine MAIGNAN/AFP

Pendant un mois, l’UEFA a navigué entre pandémie, polémiques et absurdités logistiques liées au format atypique de l’Euro disséminé dans onze pays, mais cette formule paneuropéenne risque de tomber dans l’oubli à l’avenir, avant un retour à la normale prévu pour 2024, en Allemagne.L’idée initiale de Michel Platini pouvait séduire sur le papier : fêter les 60 ans de la...

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