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Moyen-Orient - Éclairage

La Jordanie et Israël tournent la page Netanyahu

Le roi de Jordanie Abdallah II et le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett se sont rencontrés en secret au cours des derniers jours, afin de renforcer les relations bilatérales entre leurs deux pays.

La Jordanie et Israël tournent la page Netanyahu

La Jordanie est en proie, cette année, à une sécheresse aiguë. Khalil Mazraawi/AFP

Une telle rencontre ne s’était pas produite depuis plus de trois ans. Jeudi dernier, le site d’information israélien Walla a révélé que le Premier ministre de l’État hébreu Naftali Bennett, en poste depuis un mois, avait fait un déplacement secret la semaine dernière à Amman pour y rencontrer le roi de Jordanie Abdallah II. Au début de la réunion, le dirigeant israélien aurait informé le monarque hachémite que son pays accepterait de vendre au royaume plus d’eau que le quota de 55 millions de mètres cubes par an prévu par l’accord de paix bilatéral de 1994, alors que la Jordanie est en proie à une sécheresse aiguë.

Ces révélations sont survenues alors que se tenait le même jour une rencontre officielle entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays au cours de laquelle la Jordanie a indiqué qu’elle achèterait 50 millions de mètres cubes d’eau supplémentaires à Israël. Le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid et son homologue jordanien Ayman Safadi ont également convenu de relever le plafond des exportations jordaniennes vers la Cisjordanie de 160 à 700 millions de dollars.

Des années de tensions

Mais au-delà du renforcement de la coopération sur le commerce, l’eau et dans divers autres domaines, la symbolique de la rencontre entre les chefs d’État des deux pays était forte. Ces derniers auraient en effet convenu d’ouvrir une nouvelle page dans les relations israélo-jordaniennes, après des années de tensions entre les deux puissances sous le gouvernement de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu.

« Le fait qu’il s’agisse du premier voyage à l’étranger entrepris par le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett souligne la profonde inquiétude en Israël concernant la détérioration des relations avec la Jordanie sous M. Netanyahu. Une inquiétude qui a même été exprimée par des membres du cabinet de l’ancien Premier ministre, comme le ministre de la Défense Benny Gantz », souligne Ghaith al-Omari, chercheur au Washington Institute for Near East Policy. « La réparation de la relation est considérée en Israël comme une priorité absolue en matière de sécurité nationale », ajoute-t-il.

Les tensions entre le roi de Jordanie et M. Netanyahu sont montées en flèche dans le sillage du « deal du siècle », présenté en janvier 2020 par l’ancien président américain Donald Trump au Premier ministre israélien de l’époque et prévoyant notamment l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie occupée. À l’automne 2019, alors que le président républicain préparait cet accord, le monarque hachémite avait assuré que « jamais » ses rapports avec le Premier ministre israélien n’avaient été « aussi mauvais ».

La situation s’est encore envenimée en mars de cette année, lorsque les autorités israéliennes ont annulé la visite du prince héritier jordanien, Hussein ben Abdallah, qui devait se rendre sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam placé sous l’autorité du royaume hachémite depuis 1994. Le lendemain, Amman avait, en représailles, interdit à l’hélicoptère de M. Netanyahu l’accès à son espace aérien, ce dernier ayant été contraint d’annuler son voyage aux Émirats arabes unis. Dernier incident en date, l’ancien Premier ministre israélien avait refusé un mois plus tard d’approuver l’approvisionnement en eau de la Jordanie prévu par l’accord de paix bilatéral.

Les récentes expulsions de Palestiniens à Jérusalem-Est et la campagne de frappes aériennes sur la bande de Gaza menée en mai dernier par le gouvernement israélien ont également contribué à la dégradation des relations entre Israël et la Jordanie, dont l’opinion publique est largement hostile à l’État hébreu. Jeudi, le chef de la diplomatie jordanienne a d’ailleurs déclaré que ce serait un « crime de guerre » que d’expulser des familles palestiniennes de leurs maisons à Jérusalem-Est. Selon des sources palestiniennes interrogées par le journal israélien Haaretz, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas aurait été appelé d’urgence pour rencontrer le roi Abdallah après la rencontre de ce dernier avec Naftali Bennett, signe de l’importance de la question palestinienne dans les relations israélo-jordaniennes.

« Les désaccords politiques entre la Jordanie et Israël – que ce soit sur des questions bilatérales ou sur la question palestinienne – ont toujours existé et continueront d’exister », indique Ghaith al-Omari. « Ces désaccords étaient traditionnellement gérés par des contacts directs entre les principaux dirigeants jordaniens et israéliens. Pourtant, sous le Premier ministre Netanyahu, le manque de confiance a amplifié ces désaccords et privé les parties d’un mécanisme de prévention des conflits de haut niveau », poursuit le chercheur.

Visite à Washington

Facilitée par le départ de M. Netanyahu du pouvoir, la rencontre entre le nouveau Premier ministre israélien et le monarque jordanien survient également à quelques jours de la visite du roi Abdallah II à Washington, prévue le 19 juillet.

« Les tensions entre la Jordanie et Israël sont une source de préoccupation à Washington depuis un certain temps, y compris sous la précédente administration américaine », observe Ghaith al-Omari, pour qui « si la réunion a été initiée par les parties elles-mêmes, ces dernières étaient cependant conscientes du prochain voyage du roi à Washington et souhaitaient que les tensions entre les deux pays figurent à l’ordre du jour de la réunion du monarque avec le président Biden ».

Secouée fin mars dernier par ce qui a été présenté comme une tentative de coup d’État contre le souverain, la Jordanie a pu compter sur l’appui du président démocrate, qui avait exprimé son soutien au roi Abdallah II lors d’un entretien téléphonique. Plus mesuré que son prédécesseur, Joe Biden avait également réitéré son soutien à une solution à deux États, israélien et palestinien, pour mettre fin au conflit au Proche-Orient. Alors que plusieurs médias ont récemment révélé que le complot pourrait avoir été préparé depuis plusieurs années par l’administration Trump avec l’aide de ses alliés saoudien et israélien, la récente visite de M. Bennett en Jordanie revêt une importance particulière. « Après ce qui s’est passé en Jordanie il y a quelques mois, le roi a mis de l’ordre dans sa propre maison mais souhaite également renforcer le niveau de coordination avec ses voisins pour créer un terrain d’intérêts communs, en particulier avec Israël, qui a un impact profond sur la Jordanie à tous les niveaux : démographique, sécuritaire, économique et sur l’avenir de la question palestinienne », indique Amer el-Sabaileh, expert jordanien en géopolitique.

Cependant, malgré ces premiers signes encourageants, les observateurs restent prudents pour parler d’un renouveau dans les relations entre la Jordanie et l’État hébreu. « Des tensions persisteront probablement concernant la question palestinienne, où l’approche du Premier ministre Bennett est fondamentalement en contradiction avec celle du roi. L’enjeu sera de gérer ces différences et d’éviter de sombrer dans une crise totale », estime Ghaith al-Omari.

Une telle rencontre ne s’était pas produite depuis plus de trois ans. Jeudi dernier, le site d’information israélien Walla a révélé que le Premier ministre de l’État hébreu Naftali Bennett, en poste depuis un mois, avait fait un déplacement secret la semaine dernière à Amman pour y rencontrer le roi de Jordanie Abdallah II. Au début de la réunion, le dirigeant israélien aurait...

commentaires (1)

Comment ne pas faire la comparaison entre Israël, qui n'a pas beaucoup de sources, et qui vend à la Jordanie 55 millions de m3 d'eau douce, et le Liban qui, lui, a Sannine, les montagnes enneigées, les rivières et les sources, d'eau, et qui meurt de soif. A quoi sert notre ministère des eaux, où sont ils nos grands ingénieurs des barrages et à quoi servent nos politiques sinon à voler ? Sayed Hassan, si cela continue, ils seront nombreux ceux qui vont appeler les israéliens à venir nous diriger.....ils viennent de démontrer que eux ils savent faire.....pas nous .....

HIJAZI ABDULRAHIM

23 h 24, le 12 juillet 2021

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Commentaires (1)

  • Comment ne pas faire la comparaison entre Israël, qui n'a pas beaucoup de sources, et qui vend à la Jordanie 55 millions de m3 d'eau douce, et le Liban qui, lui, a Sannine, les montagnes enneigées, les rivières et les sources, d'eau, et qui meurt de soif. A quoi sert notre ministère des eaux, où sont ils nos grands ingénieurs des barrages et à quoi servent nos politiques sinon à voler ? Sayed Hassan, si cela continue, ils seront nombreux ceux qui vont appeler les israéliens à venir nous diriger.....ils viennent de démontrer que eux ils savent faire.....pas nous .....

    HIJAZI ABDULRAHIM

    23 h 24, le 12 juillet 2021

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