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Politique - Crise

Diab se plaint du blocage des aides internationales, Grillo lui oppose une réponse cinglante

Le Premier ministre sortant avait évoqué un « blocus imposé qui n’a aucune incidence sur les corrompus ».

Diab se plaint du blocage des aides internationales, Grillo lui oppose une réponse cinglante

Le Premier ministre sortant a tenu une réunion au Sérail avec un groupe d’ambassadeurs. Photo Dalati et Nohra

Le Premier ministre sortant Hassane Diab a appelé hier la communauté internationale à « sauver le Liban avant qu’il ne soit trop tard » et à ne plus lier le versement d’aides financières à la formation d’un nouveau cabinet, attendu depuis août 2020.

Dans un discours prononcé lors d’une rencontre au Grand Sérail en présence de nombreux ambassadeurs, Hassane Diab a estimé que conditionner les aides internationales à la mise sur pied d’une nouvelle équipe et à la mise en œuvre de réformes est devenu une « menace pour la vie des Libanais et l’entité libanaise », et que ce « blocus » imposé « n’affecte pas de toute façon les corrompus ». Des propos qui lui ont valu une réponse cinglante de la part de l’ambassadrice de France, Anne Grillo.

Au début de son discours, M. Diab a estimé que la crise « effrayante pousse le Liban vers une catastrophe majeure ». « Pendant que nous sommes rassemblés, des files de voitures s’allongent dans les rues devant les stations-service, les citoyens cherchent un médicament ou du lait infantile dans les pharmacies et vivent sans électricité, tandis que les coupures quasi permanentes menacent la vie des patients dans les hôpitaux », a-t-il souligné. Il a mis en garde contre les répercussions d’un effondrement du Liban « qui résonneront au-delà des frontières », en relevant que « le monde ne peut pas punir les Libanais ni tourner le dos au Liban ». À ses yeux, si la communauté internationale continue de conditionner toute aide financière à la formation d’un gouvernement et la mise en œuvre de réformes, cela rendra la situation « incontrôlable » et représente une « menace pour la vie des Libanais et l’entité libanaise ». « Le blocus international imposé n’affecte pas les corrompus », a-t-il insisté. « Au contraire, c’est le peuple seul qui paie un lourd tribut, a-t-il déploré. Le peuple doit-il mourir à la porte des hôpitaux pour que les corrompus soient tenus responsables ? »

Réponse cinglante de Grillo

Commentant l’expression « blocus international » employée par Hassane Diab, l’ambassadrice de France Anne Grillo a répondu de manière cinglante au Premier ministre sortant, lui rappelant que l’appauvrissement du pays était une responsabilité qui lui incombait ainsi qu’aux dirigeants, et que l’effondrement était « le résultat délibéré d’une mauvaise gestion depuis des années ».

« La situation au Liban est gravissime », a affirmé l’ambassadrice. « Vous avez employé le terme effrayant. Oui, elle est effrayante. Mais ce qui est effrayant, Monsieur le Premier ministre, c’est l’appauvrissement brutal de ce qui était une référence dans cette région. Cet effondrement est le résultat délibéré d’une mauvaise gestion, de l’inaction, et cela depuis des années », a-t-elle dénoncé. « Il n’est pas le résultat d’un siège extérieur. Il est le résultat de vos propres responsabilités, à tous, depuis des années, à la classe politique. C’est ça la réalité », a martelé Mme Grillo, refusant que la communauté internationale, bailleur de fonds du Liban depuis des années, soit mise sur le banc des accusés. « Effectivement, la France, comme d’autres partenaires, appelle, comme vous, à la formation d’un gouvernement, parce que lorsqu’il faut prendre des mesures d’urgence, il faut des interlocuteurs. Et pour aider le Liban, des mesures doivent être prises », a justifié l’ambassadrice. « Cette réunion, je la trouve à la fois triste et décalée, car la France, comme d’autres partenaires, n’a pas attendu cet appel pour aider le Liban », a-t-elle conclu.

Le locataire du Sérail a par ailleurs critiqué les partis qui « lancent des slogans électoraux » pour la protection de « 14 % des fonds des déposants » alors qu’ils ont eux-mêmes « dépensé ou participé au gaspillage des autres 86 % » de ces fonds auprès de la Banque du Liban, en allusion notamment aux Forces libanaises.

Leur chef, Samir Geagea, a réagi vivement dans un communiqué, critiquant la politique suivie par M. Diab, à qui il a reproché en substance de se plaindre d’une situation alors qu’il ne prend aucune initiative pour en atténuer les effets sur les Libanais. « N’auriez-vous pas mieux fait d’aider vous-même votre peuple avant de solliciter l’aide des pays amis ? Qu’est-ce qui a empêché votre gouvernement de se réunir pour prendre des décisions tactiques ponctuelles afin d’atténuer les souffrances des Libanais (…) en attendant la formation d’un nouveau gouvernement? » s’est interrogé M. Geagea, avant de stigmatiser « la dilapidation de plusieurs milliards de dollars, puisés dans les avoirs des Libanais depuis la mise sur pied du cabinet Diab, pour une politique anarchique de subventions dont 20 % tout au mieux ont profité aux Libanais ».

Le Premier ministre sortant Hassane Diab a appelé hier la communauté internationale à « sauver le Liban avant qu’il ne soit trop tard » et à ne plus lier le versement d’aides financières à la formation d’un nouveau cabinet, attendu depuis août 2020. Dans un discours prononcé lors d’une rencontre au Grand Sérail en présence de nombreux ambassadeurs, Hassane Diab a...

commentaires (6)

Merci à Madame l’Ambassadrice de France Anne Grillo de mettre les points sur les i. Il faut vraiment être culotté pour mendier encore des aides sans qu'aucune réforme n'ait été faite.. Des irresponsables oui ! Ou plutôt responsables de l'appauvrissement de tout un peuple ! Responsables de la mise en place d'un système de corruption qui perdure depuis des années. Honte à eux ! Ma solution ? Tout comme Genève, il faudrait évoluer sous tutelle des Nations Unies vers.. "Beyrouth ville internationale" !

Abdallah TAMBEY

17 h 21, le 07 juillet 2021

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Commentaires (6)

  • Merci à Madame l’Ambassadrice de France Anne Grillo de mettre les points sur les i. Il faut vraiment être culotté pour mendier encore des aides sans qu'aucune réforme n'ait été faite.. Des irresponsables oui ! Ou plutôt responsables de l'appauvrissement de tout un peuple ! Responsables de la mise en place d'un système de corruption qui perdure depuis des années. Honte à eux ! Ma solution ? Tout comme Genève, il faudrait évoluer sous tutelle des Nations Unies vers.. "Beyrouth ville internationale" !

    Abdallah TAMBEY

    17 h 21, le 07 juillet 2021

  • Bravo madame l'ambassadrice. Honte a ce premier ministre et a tous les gouvernants libanais

    Tabet Ibrahim

    12 h 19, le 07 juillet 2021

  • MESSIEURS LES "DIRIGEANTS" LIBANAIS QUI NE DIRIGENT QU'EUX MEMES N'ONT MEME PAS LA DÉCENCE DE REAGIR A L'ADMONESTATION DE MME GRILLO. POURQUOI PENSEZ VOUS ? PARCE QU, ILS N'ONT ETE TOUCHES QUE PAR LA PLUIE, PAS DU TOUT PAR UNE GIFLE ET UN CRACHAT AUSSI RETENTISSANT QUE FAIRE SE PEUT.

    Gaby SIOUFI

    10 h 21, le 07 juillet 2021

  • Diab devrait s'arrêter de faire un travail qu'il refuse. Qu'il ait le courage de dire ça suffit, je me casse pour de bon.. Car le résident à Baabda, s'est conforté tellement en l'obligeant à signer des décrets illégaux auxquels ils devraient répondre plus tard devant la justice. Qu'il lui laisse le plaisir de présider ses conseils de sécurité, à la place de conseils ministériels jusqu'à la fin du mandat.

    Esber

    10 h 00, le 07 juillet 2021

  • Excellentes réponses d'Anne Grillo d'une part, et de Geagea d'autre part, aux propos ahurissants de notre premier ministre. De quel blocus parte-t-il? Veut-il que le communauté internationale envoie des fonds qui, en l'absence de réformes, continueront à remplir les poches - déjà débordantes - de nos gouvernants? Et lui, qu'a-t-il fait depuis un an et demi pour remédier à la situation, à part gémir du fond de son fauteuil?

    Yves Prevost

    07 h 39, le 07 juillet 2021

  • Oui Mme l'Ambassadrice de France vous avez parfaitement raison. Ce sont les politiques suivies par la clique irresponsable qui mal-gouverne le Liban depuis plus de 30 ans qui a amené ce pays à l'effondrement total. Mais d'un autre côté le refus de l'Occident d'aider ce pays tant qu'un nouveau gouvernement n'est pas formé et tant que des réformes profondes ne sont pas entreprises, aboutit en fait à sanctionner le peuple libanais sans déranger en rien cette mafia qui le dirige et qui s'en sort très bien puisqu'elle a bien assuré ses arrières. Si l'Occident veut vraiment aider le Liban, il doit imposer des sanctions qui frappent directement et sévèrement les politiciens véreux qui ont pillé le pays et qui poursuivent leur entreprise de sape, se sachant à l'abri de tout châtiment efficace et douloureux et qui restent confiants de leur impunité.

    Georges Airut

    02 h 13, le 07 juillet 2021

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