Heurts entre l'armée libanaise et des manifestants à Tripoli

Au lendemain d'une journée de mobilisation mouvementée à Tripoli, au Liban-Nord, des heurts ont eu lieu jeudi entre l'armée libanaise et des protestataires qui bloquaient la route dans le quartier de Bab el-Tebbané. Ces contestataires manifestaient contre les conditions de vie déplorables dans la ville, rapporte notre correspondant sur place Sohayb Jawhar. La rue de Syrie, qui sépare les quartiers de Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen, avait été coupée au moyen de pierres et de pneus plus tôt dans la journée.

Dans ce contexte de tension, le président du conseil municipal de Tripoli, Riad Yamak a déclaré en début d'après-midi que la manifestation pacifique, à laquelle avaient appelé les instances économiques et religieuses de la ville, ainsi que des représentants de la société civile à midi sur la place al-Nour, a été reportée à une date ultérieure. "Vu les circonstances sécuritaires et économiques, ainsi que les développements rapides à Tripoli, (...) il a été décidé d'ajourner la protestation qui était prévue ce jeudi afin d'élever la voix contre les conditions économiques déplorables, l'absence de l'État, la dépréciation de la livre libanaise et la flambée des prix", a déclaré M. Yamak à L'Orient-Le Jour. Il a ajouté "qu'une réunion sera organisée ultérieurement avec plusieurs instances afin d'étudier les démarches à prendre pour réclamer les droits de Tripoli et sauvegarder la dignité de ses habitants".

La ville de Tripoli, déjà secouée depuis plusieurs jours par des protestations dues à la détérioration rapide des conditions de vie au Liban, a connu une subite poussée de fièvre hier, lorsque des dizaines d’éléments armés dont l’affiliation n’a pas été déterminée se sont déployés dans plusieurs quartiers en tirant en l’air. 

Tripoli est soumise, comme la plupart des régions libanaises, à un rationnement sévère de l'électricité. Elle n’est alimentée en courant que deux heures par jour, tandis que les générateurs privés ne peuvent plus fonctionner toute la journée en raison de la pénurie de mazout et de la hausse de son prix. 

La grande ville du Liban-Nord avait également connu le week-end dernier de violentes manifestations émaillées de heurts, au cours desquelles des protestataires avaient tenté de prendre d’assaut certains bâtiments publics, notamment une agence de la Banque du Liban, alors que d’autres se sont rendus devant les maisons des responsables politiques de la région. Bilan de ces actions : près de vingt blessés, au nombre desquels dix militaires.