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Moyen-Orient - Arabie saoudite

Les nouveaux éléments de l’affaire Khashoggi

Quatre membres du commando qui a tué le journaliste saoudien dans le consulat de son pays à Istanbul en 2018 auraient reçu l’année précédente un entraînement paramilitaire aux États-Unis.

Les nouveaux éléments de l’affaire Khashoggi

Des manifestants brandissant des affiches à l’effigie du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Photo AFP

Deux ans et demi après le tollé international provoqué par l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul, de nouveaux éléments ont été récemment divulgués par des médias américains sur la planification et le déroulement de la sordide opération. Selon un article du New York Times publié mardi, quatre des membres de l’équipe chargée de tuer le journaliste saoudien avaient reçu un entraînement paramilitaire aux États-Unis en 2017, dans le cadre d’un contrat approuvé par le département d’État. Les exercices ont été menés par une entreprise privée de sécurité, Tier1 Group, basée dans l’Arkansas, et comprenaient des travaux de surveillance, de combat rapproché et de tir dans le but d’assurer une meilleure protection des dirigeants saoudiens, rapporte le quotidien américain.

Si le contrat entre Tier-1 Group avait d’abord été conclu en 2014 sous l’administration de Barack Obama pour assurer l’entraînement paramilitaire de la garde royale saoudienne, le timing de la formation de 2017 a coïncidé toutefois avec l’intensification de la répression contre les dissidents dans le royaume sous l’impulsion du prince héritier Mohammad ben Salmane. Journaliste renommé et ouvertement critique dans les colonnes du Washington Post à l’égard des politiques menées par le dauphin saoudien au cours de ces dernières années, Jamal Khashoggi a été tué puis démembré dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul en 2018. Sa dépouille mortelle n’a jamais été retrouvée.

Bien que l’un des cadres de Cerberus – la société mère de Tier 1 Group – avait déjà confirmé le rôle de la firme dans la formation des quatre membres du commando lors d’un interrogatoire au Congrès dans le cadre de sa nomination à un poste au Pentagone l’année dernière, il avait indiqué qu’il revient aux officiels du département d’État et aux agences américaines de valider les profils des forces étrangères qui sont entraînées sur le sol américain. Des éléments qui mettent l’administration Biden dans une position délicate, mettant en lumière les limites des programmes de formation militaire avec des régimes autoritaires. Interrogé par différents médias américains cette semaine, le porte-parole du département d’État, Ned Price, a refusé de commenter le statut de la licence accordée à Tier1 Group, en vertu de la loi fédérale. « Cette administration insiste sur l’utilisation responsable de l’équipement et de la formation de défense d’origine américaine par nos alliés et partenaires, et envisage des réponses appropriées en cas de violation », a-t-il toutefois souligné dans un communiqué.

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Des membres du commando avaient été formés aux Etats-Unis, selon le NYT

Selon un rapport de la CIA déclassifié en février dernier, sept des membres du commando faisaient partie d’une unité d’élite chargée d’assurer la sécurité de MBS, sur les quinze individus au total envoyés en Turquie pour assassiner Jamal Khashoggi. La sortie du document a entre outre été accompagnée d’une interdiction d’entrée aux États-Unis pour 76 ressortissants saoudiens en vertu du « Khashoggi Ban », visant les personnes agissant au nom de leur gouvernement contre des dissidents basés à l’étranger. S’il n’a pas été sanctionné par Washington, le rapport a également porté un coup dur au prince héritier saoudien sur le plan diplomatique. Les conclusions du renseignement américain mettent en cause sa responsabilité dans l’opération, estimant qu’il est « improbable » qu’elle ait eu lieu sans son aval.

Stupéfiants « illicites »

Les informations du NYT font par ailleurs suite à une enquête de Yahoo News publiée la semaine dernière, selon laquelle le commando parti d’Arabie saoudite à bord de deux jets privés pour la Turquie avait fait escale en Égypte pour se procurer des stupéfiants « illicites » utilisés pour empoisonner Jamal Khashoggi. Révélé dans le podcast intitulé Conspiracyland produit par le site d’information, ce nouvel élément de l’affaire s’appuie sur des notes prises par des officiels de l’ambassade turque résumant sept interrogatoires secrets des assassins menés par la justice saoudienne en 2019. Selon ces documents, une dose létale de stupéfiants – dont la nature n’a pas été identifiée – aurait été administrée dans le bras gauche de Jamal Khashoggi, le tuant en l’espace de quelques minutes.

Si des interrogations sur le fournisseur du stupéfiant subsistent, cette enquête soulève également la question du rôle de l’Égypte dans l’affaire Khashoggi. Citée par Yahoo News, une source saoudienne a précisé que les autorités égyptiennes avaient déjà aidé une équipe saoudienne dans le cadre de l’enlèvement du prince saoudien Saoud ben Saïd al-Nasr en Italie en 2015. Aucune information n’a filtré depuis au sujet de ce critique de MBS.

Plusieurs voix se sont élevées pour demander que les allégations publiées par Yahoo News sur l’affaire Khashoggi fassent l’objet d’une enquête par le Congrès et qu’elles soient soulevées avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel, qui devait se rendre à Washington cette semaine. « L’administration Biden et le Congrès américain devraient examiner si les autorités égyptiennes ont joué un rôle dans le meurtre de Khashoggi et, le cas échéant, appliquer les sanctions appropriées et rechercher d’autres moyens de demander des comptes », ont dénoncé plusieurs organisations, dont Human Rights Watch et le Comité pour la protection des journalistes, dans un communiqué publié mercredi. « Les commissions appropriées du Congrès devraient enquêter pour savoir si le rôle de l’Égypte a été divulgué aux États-Unis dans le cadre de sa relation de sécurité et de partage de renseignements », ont-elles souligné.

Deux ans et demi après le tollé international provoqué par l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul, de nouveaux éléments ont été récemment divulgués par des médias américains sur la planification et le déroulement de la sordide opération. Selon un article du New York Times publié mardi, quatre des membres de l’équipe...

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