L'avocat général près la cour d'appel du Mont-Liban, Samer Lichaa, a chargé lundi la sécurité de l'Etat et les Forces de sécurité intérieure (FSI) de prendre des mesures contre les stations-service qui ont des stocks d'essence mais refusent d'en vendre aux automobilistes, alors qu'une importante pénurie de carburant se prolonge depuis plusieurs semaines dans le pays.
Le juge Lichaa a dans ce cadre délivré deux commissions rogatoires aux organes sécuritaires. Il leur demande de "mener les enquêtes nécessaires" et de forcer l'ouverture des stations qui "refusent" de vendre des dérivés pétroliers ou rationnent les quantités vendues, alors même qu'elles bénéficient de "grandes quantités" de ces produits. L'avocat général charge également la police et la sécurité de l'Etat de convoquer les propriétaires de stations-service en infraction.
Le Liban connaît actuellement une pénurie de carburant, la Banque du Liban (BDL) tardant à débloquer les crédits qui règlent les commandes des importateurs de carburant (essence, diesel ou mazout, gaz domestique), car ses réserves en devises ont atteint un seuil critique. La BDL subventionne depuis le début de la crise, il y a plus d'un an et demi, le carburant, sur la base d'un mécanisme selon lequel elle vend aux importateurs 90 % des devises nécessaires pour régler leurs commandes auprès de leurs fournisseurs sur la base du taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar, à charge pour les acteurs de la filière de fournir eux-mêmes les 10 % restants. Ce dispositif était censé limiter l’impact de la dépréciation de la livre (actuellement plus de 15.000 L.L. pour un dollar) sur les prix du carburant. Les autorités estiment en outre que les pénuries sont provoquées par la contrebande de produits subventionnés vers la Syrie et un phénomène de "monopole" exercé par certains grands commerçants et importateurs qui refusent de vendre leurs produits en attendant la levée éventuelle des subventions de la BDL.
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