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Politique - Conférence internationale d’aide à l’armée libanaise

Paris veut susciter « une prise de conscience internationale » sur la gravité de la situation

« Les capacités opérationnelles de la troupe sont menacées. L’intérêt immédiat est de permettre à l’armée libanaise de faire face à sa mission », indique à « L’Orient-Le Jour » une source du ministère français des Armées.

Paris veut susciter « une prise de conscience internationale » sur la gravité de la situation

Un convoi de chars dans la Békaa : les capacités opérationnelles de l’armée sont menacées. Photo AFP

« L’armée est un pilier du Liban qui permet d’éviter que la situation sécuritaire ne se dégrade fortement, ne dégénère. » C’est sur ce point qu’insistait hier une source du bureau de la ministre française des Armées Florence Parly à la veille de la tenue en virtuel aujourd’hui à Paris d’une réunion internationale visant à rassembler une aide d’urgence en faveur de l’armée libanaise, frappée de plein fouet par la crise économique et menacée dans ses capacités opérationnelles.

« Le but de cette conférence est double : aider l’armée et favoriser une prise de conscience internationale sur la gravité de la situation », ajoute cette source lors d’une rencontre mercredi à Paris avec plusieurs médias, dont L’Orient-Le Jour. « Son intérêt immédiat est de permettre à l’armée de faire face à sa mission », souligne encore cette source.

Une vingtaine de pays participeront à la conférence, notamment les pays membres du Groupe international de soutien au Liban qui comprend la France, les États-Unis, d’autres pays occidentaux, des pays du Golfe, la Russie et la Chine, ainsi que des représentants des Nations unies et de l’Union européenne. La conférence s’ouvrira sur des allocutions de Florence Parly et de son homologue italien Lorenzo Guerini – Rome étant très impliqué également sur le sujet –, ainsi que de la ministre libanaise Zeina Acar. Le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, dressera ensuite un état des lieux.

Le Qatar et les Émirats arabes unis seront représentés par leurs ministres de la Défense, alors que le niveau de représentation de l’Arabie saoudite n’était pas encore connu mercredi. Les États-Unis ont pour leur part promis une contribution lors d’une rencontre mardi à Bruxelles entre Mme Parly et son homologue américain Lloyd Austin en marge du sommet de l’OTAN. « Les États-Unis soutiennent l’armée libanaise et vont contribuer » à l’aide à l’armée, selon la même source.

Des besoins très précis

Contrairement aux précédentes conférences (comme celle de Rome) ayant fourni des armes, des équipements ou des formations militaires, la réunion virtuelle organisée par Paris vise à apporter à l’armée libanaise une aide humanitaire, réservée généralement aux pays en guerre ou en proie à des catastrophes naturelles.

L’armée libanaise a dans ce cadre formulé des « besoins très précis », alimentaires (lait, farine...), en médicaments, en pièces détachées pour la maintenance des matériels, qui s’élèvent à « quelques dizaines de millions d’euros », a de son côté précisé une source au ministère des Armées citée par l’AFP. L’aide réunie doit être mobilisée « dès que possible », ajoute cette même source en pointant « la gravité et l’urgence de la situation ». Son format – transfert d’argent ou de biens, coupons alimentaires ou autres – sera discuté jeudi.

Le caractère critique de la situation

La France, qui a fourni en début d’année des rations de survie pour plus d’un million d’euros, devrait annoncer l’envoi de matériel médical anti-Covid et de pièces détachées pour des véhicules blindés et des hélicoptères, a dans ce cadre annoncé une source du ministère de la Défense. Les besoins recensés portent aussi sur « le carburant, les lubrifiants, les pneus, les batteries », ce qui montre bien « le caractère critique de la situation », a ajouté cette source. En revanche, l’aide ne portera pas sur l’acquisition de matériel ou le paiement des soldes, la communauté internationale subordonnant tout soutien économique ou financier au Liban à des réformes structurelles qui tardent à se concrétiser faute de gouvernement.

En mai, lors d’une visite à Paris, le général Joseph Aoun avait exposé la situation catastrophique de l’armée face à l’effondrement de la livre libanaise. Le général Aoun avait été reçu par le président Emmanuel Macron, une première qui soulignait l’importance accordée par Paris au rôle stabilisateur joué par la troupe. Paris avait alors évoqué l’idée d’une conférence internationale de soutien à l’armée.

Début mars, dans un discours virulent, Joseph Aoun avait énuméré les défis auxquels est confrontée l’armée libanaise dans le cadre de la crise, mettant en garde contre une situation « explosive ». « Nous faisons l’impossible pour soulager les souffrances et les difficultés économiques de nos soldats », avait affirmé le chef de l’armée, et « nous sommes contraints de nous tourner vers les pays alliés pour obtenir des aides ».

À l’été 2020, l’armée libanaise avait annoncé qu’elle ne servirait plus de viande dans les repas proposés aux soldats, en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires. Depuis, plusieurs pays, comme la France, l’Égypte, les Émirats arabes unis, le sultanat d’Oman et la Turquie, ont envoyé des chargements de vivres à la troupe, tandis que l’Irak et l’Espagne ont offert une assistance dans le domaine médical. Les États-Unis restent toutefois le plus grand bailleur, augmentant cette année les fonds destinés à l’armée libanaise de 15 millions à 120 millions de dollars.

La dévaluation affecte les soldats

Mais ces aides sont insuffisantes, de toute évidence. Face à la crise économique, l’armée a affirmé hier être dans l’incapacité de payer suffisamment ses soldats frappés par la dépréciation de la monnaie et avoir besoin de colis alimentaires.

« Nous avons besoin de colis alimentaires, d’un soutien médical et d’une assistance pour les soldats, a déclaré à l’AFP une source militaire libanaise. La dévaluation de la livre affecte les soldats. Leurs revenus ne suffisent plus. »

L’effondrement économique que traverse le Liban, le pire de son histoire, s’accompagne d’une dépréciation inédite de la monnaie qui a perdu près de 90 % de sa valeur face au dollar. La dépréciation a fait fondre les salaires en livres libanaises des soldats. Un simple soldat gagne environ 1,2 million de livres libanaises, soit aux alentours de 800 dollars au taux de change officiel, mais de fait, près de 80 dollars seulement au taux du marché parallèle.

« L’armée est un pilier du Liban qui permet d’éviter que la situation sécuritaire ne se dégrade fortement, ne dégénère. » C’est sur ce point qu’insistait hier une source du bureau de la ministre française des Armées Florence Parly à la veille de la tenue en virtuel aujourd’hui à Paris d’une réunion internationale visant à rassembler une aide d’urgence en...

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