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Moyen-Orient - Élections

L’Algérie dans l’attente après des législatives boudées par les électeurs

L’Algérie dans l’attente après des législatives boudées par les électeurs

Un homme glisse son bulletin dans l’urne, le 12 juin 2021, à Bouchaoui, dans la banlieue ouest d’Alger. Ryad Kramdi/AFP

L’Algérie attend le résultat des élections législatives anticipées de samedi, marquées par un très fort taux d’abstention, nouveau signe de désintérêt de la population, après le boycott du scrutin par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l’opposition. À l’heure de mettre sous presse, la composition de la prochaine Assemblée dans ses grandes lignes n’était pas encore connue. En raison du dépouillement « compliqué », les résultats officiels pourraient ne pas être annoncés avant 96 heures, a précisé le président de l’ANIE.

Le principal parti de la mouvance islamiste en lice pour les élections législatives en Algérie, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), a toutefois affirmé hier être arrivé en tête au lendemain de ce scrutin. « Le MSP affirme arriver en tête dans la majorité des wilayas (préfectures) et à l’étranger », selon un communiqué de ce parti conservateur considéré comme modéré. Dans son communiqué, le MSP « met en garde contre les nombreuses tentatives de modifier les résultats du scrutin comme cela se faisait avant ».

Enjeu principal de cette élection, le taux de participation national provisoire n’a atteint que 30,20 %, selon le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohammad Chorfi. À titre de comparaison, il se situait à 35,70 % lors des dernières législatives de 2017 et à 42,90 % en 2012. La participation est aussi en recul par rapport à la présidentielle de 2019, qui avait vu Abdelmadjid Tebboune élu avec seulement 40 % des voix. Le taux de participation à l’étranger est également « très bas, de moins de 5 % », a précisé M. Chorfi.

« Légitimité suffisante »

Comme lors des précédents scrutins, l’abstention est quasi totale dans des préfectures de Kabylie (Nord-Est), à Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou, où la participation est inférieure à 1 %. « Raz-de-marée abstentionniste », titre ainsi Liberté en une. « Comme attendu, les Algériens ont majoritairement boudé les urnes. Le faible taux de participation confirme la tendance lourde au rejet du scrutin », estime le quotidien francophone. Mais quoi qu’il arrive, le pouvoir s’en accommodera. « Pour moi, le taux de participation n’a pas d’importance. Ce qui m’importe, c’est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante », a d’ores et déjà affirmé le président Abdelmadjid Tebboune.

Les opérations de vote se sont déroulées généralement dans le calme à Alger, où les électeurs se sont faits rares, et en province, sauf en Kabylie. Dans cette région berbérophone, traditionnellement frondeuse, la plupart des bureaux de vote étaient fermés et des échauffourées ont éclaté dans plusieurs communes avec saccage des urnes, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme et le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) qui ont fait état de dizaines d’interpellations.

Avant les élections, le Hirak, qui réclame en vain un changement radical du « système » de gouvernance en place depuis l’indépendance (1962), avait dénoncé une « mascarade électorale » et « une fuite en avant » du régime. L’opposition laïque et de gauche, elle, a boycotté le scrutin. Qu’importe, le pouvoir est déterminé à imposer sa « feuille de route » électoraliste en ignorant les revendications du Hirak : État de droit, transition démocratique, souveraineté populaire, justice indépendante.

Indépendants et islamistes

Quelque 24 millions d’Algériens étaient appelés à élire les 407 députés de l’Assemblée populaire nationale pour cinq ans. Ils devaient choisir parmi 2 288 listes, dont plus de 1 200 s’affichent comme « indépendantes ». C’est la première fois qu’un nombre aussi élevé d’indépendants se présentent face à des prétendants endossés par des partis largement discrédités et jugés responsables de la crise dans le pays. Ils devraient être les bénéficiaires du scrutin avec les partis islamistes modérés qui ont choisi d’y prendre part et se disent « prêts à gouverner ». Les vainqueurs des précédentes législatives en 2017, le Front de libération nationale et le Rassemblement national démocratique, associés à l’ère Bouteflika, sont aujourd’hui déconsidérés.

Avant le scrutin, le chef d’état-major, le général Saïd Chengriha, avait mis en garde contre « tout plan ou toute action visant à perturber le déroulement » du vote. Le régime s’est efforcé ces derniers mois d’étouffer la contestation, interdisant les manifestations, et multipliant les interpellations et les poursuites judiciaires visant opposants, militants, journalistes et avocats. Quelque 222 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le CNLD.

Estimant avoir déjà répondu aux demandes du Hirak, le pouvoir dénie depuis plusieurs mois toute légitimité à ce mouvement sans véritables leaders, qu’il accuse d’être instrumentalisé par des « parties étrangères ». Il s’agit des premières législatives depuis le soulèvement populaire inédit et pacifique, né le 22 février 2019 du rejet d’un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, poussé près de deux mois plus tard à la démission après 20 ans de règne.

Source : AFP

L’Algérie attend le résultat des élections législatives anticipées de samedi, marquées par un très fort taux d’abstention, nouveau signe de désintérêt de la population, après le boycott du scrutin par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l’opposition. À l’heure de mettre sous presse, la composition de la prochaine Assemblée dans ses grandes lignes n’était...

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