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Dernières Infos - Liban

"Nous voulons avant tout l'intérêt du pays", affirme Hariri de Dar el-Fatwa


Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, embrassant le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, à Dar el-Fatwa, le 12 juin 2021. Photo Dalati et Nohra

Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a déploré samedi que le Liban "s'écroule économiquement et socialement", assurant toutefois qu'avec le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, ils ont à cœur "l'intérêt du pays". Saad Hariri doit former, depuis sa désignation en octobre, le nouveau gouvernement. Mais les tractations sont dans une impasse totale, sur fond de querelle politique et personnelle entre M. Hariri d'un côté et le président de la République, Michel Aoun, et son camp, de l'autre.

M. Hariri a participé en début d'après-midi à une réunion du Conseil islamique chérié, présidée par le mufti Deriane, plus haute instance sunnite au Liban. A son départ de Dar el-Fatwa, il a indiqué avoir discuté avec le dignitaire de "ce qu'il s'est passé au cours des sept derniers mois", c'est-à-dire depuis sa désignation pour former le nouveau cabinet. "Le pays s'effondre économiquement et socialement", a-t-il déploré. "Ce qui nous intéresse le mufti et moi, avant toute autre chose, c'est l'intérêt du pays et c'est de cela que le Conseil chérié a discuté", a-t-il ajouté.

La réunion avait été précédée d'un aparté entre le cheikh Abdellatif Deriane et M. Hariri. Les deux hommes ont discuté des "derniers développements politiques et de la situation générale" dans le pays et notamment de la formation du gouvernement, indique le bureau de presse de Saad Hariri dans un bref communiqué.

Le nouveau cabinet est attendu depuis dix mois. Le gouvernement de Hassane Diab avait démissionné le 10 août dernier, suite à la double explosion au port de Beyrouth. Après un premier essai infructueux de formation d'un cabinet "d'experts indépendants" par l'ambassadeur du Liban en Allemagne, Moustapha Adib, et la récusation de ce dernier, Saad Hariri avait été désigné en octobre pour reprendre le flambeau. L'impasse des tractations semble toutefois totale, malgré les efforts menés, ces dernières semaines, par le président de la Chambre, Nabih Berry, qui avait proposé, de concert avec le leader druze Walid Joumblatt, une initiative basée sur un cabinet de 24 ministres (huit pour chaque grand pôle politique du pays) dans lequel aucune partie ne pourrait obtenir le tiers de blocage. La formation d'un nouveau cabinet est pourtant cruciale pour mener des réformes qui permettraient de débloquer des aides internationales, le pays s'enfonçant dans une crise socioéconomique et financière aigue, décrite par la Banque mondiale comme une des trois pires crises mondiales depuis la moitié du 19e siècle. Elle est marquée par une dépréciation rapide de la livre libanaise et donc une inflation galopante, ce qui a poussé plus de la moitié du pays sous le seuil de pauvreté.

Ces dernières semaines, l'effondrement systématique de toutes les institutions du pays et la fonte rapide des réserves en devises de la Banque du Liban (BDL), qui doit normalement subventionner les importations de produits essentiels, ont provoqué d'importantes pénuries de médicaments, de matériel médical et d'essence, ainsi qu'un rationnement toujours plus sévère de l'électricité, qui aggravent chaque jour un peu plus les souffrances et humiliations subies par les Libanais.

Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a déploré samedi que le Liban "s'écroule économiquement et socialement", assurant toutefois qu'avec le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, ils ont à cœur "l'intérêt du pays". Saad Hariri doit former, depuis sa désignation en octobre, le nouveau gouvernement. Mais les tractations sont dans une impasse totale, sur fond de...