Le mouvement Amal appelle les responsables à saisir l'initiative "de la dernière chance" de Berry

Le mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a appelé lundi les responsables politiques à mettre un terme à leur "chantage politique" et former rapidement le nouveau gouvernement sur la base de l'initiative "de la dernière chance" de M. Berry, critiquant par ailleurs le gouvernement sortant de Hassane Diab pour son "inaction" face à la crise socioéconomique. 

La formation du gouvernement est prise en otage, depuis la désignation de Saad Hariri, en octobre 2020, dans un profond conflit politique et personnel qui oppose le Premier ministre désigné Saad Hariri au président de la République Michel Aoun et à son camp. Ce blocage politique a lieu alors que le Liban traverse depuis l'été 2019 une crise qui ne cesse de s'aggraver. L'initiative Berry, soutenue par le Hezbollah et par le patriarche maronite Béchara Raï, prévoit la mise sur pied d'un cabinet de 24 ministres, sans tiers de blocage. Les tractations gouvernementales avaient repris sur cette base la semaine dernière mais butaient sur la partie qui devrait nommer les deux ministres chrétiens flottants dans ce gouvernement. Les discussions s'étaient alors à nouveau embourbées dans des échanges acerbes, par communiqués interposés, entre les camps haririen et aouniste, ce qui n'avait toutefois pas empêché M. Berry d'assurer samedi que son initiative tenait toujours et qu'il ne comptait pas l'abandonner.

Dressant un sombre tableau de la situation au Liban et de toutes les "humiliations" subies par les citoyens, en raison notamment des pénuries de carburant, de médicaments ou de l'effondrement du secteur médical, le bureau politique du parti a déploré que le cabinet sortant de Hassane Diab n'endosse aucune responsabilité. "Ils ignorent sciemment leur rôle et ne prennent aucune mesure, notamment face aux personnes qui monopolisent" les denrées subventionnées, a critiqué le parti dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion hebdomadaire. "La carte d'approvisionnement promise aux citoyens n'a toujours pas été finalisée", a ajouté Amal. L'exécutif planche parallèlement sur un projet de rationalisation, voire de levée des subventions sur les importations, les réserves en devises de la Banque du Liban (BDL) s'amenuisant, et sur la distribution d'une carte aux familles défavorisées, qui leur permettrait de subvenir à leurs besoins. Le projet de l'Exécutif concernant ces cartes a été été envoyé fin mai au Parlement pour adoption. 

Le bureau politique du mouvement Amal regrette que, malgré cette situation, les responsables concernés par la formation du futur gouvernement "se livrent à des duels par discours et communiqués populistes (interposés) qui ne servent ni leurs intérêts ni ceux de la nation". Le parti chiite a dans ce contexte appuyé une nouvelle fois l'initiative "de la dernière chance" de Nabih Berry et appelé à mettre sur pied le cabinet "sans perdre de temps et en mettant un terme au chantage politique".

Le parti de Nabih Berry a par ailleurs salué l'approbation en commission parlementaire, plus tôt dans la journée, de la loi sur le contrôle des capitaux, estimant qu'il s'agit d'un "pas dans le bon sens". La commission parlementaire des Finances a approuvé ce texte alors que les banques locales appliquent depuis près de deux ans des restrictions bancaires drastiques sur les transferts et retraits des dépôts en devises de manière illégale.