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Moyen-Orient - Israël

Week-end sous haute tension à Jérusalem-Est : des centaines de blessés

La justice israélienne reporte une audience-clé sur le sort de familles palestiniennes menacées d’éviction par des colons israéliens à Cheikh Jarrah.


Week-end sous haute tension à Jérusalem-Est : des centaines de blessés

Les policiers israéliens expulsant un manifestant palestinien sur l’esplanade des Mosquées, le 7 mai 2021. Ammar Awad/Reuters

La tension était palpable hier durant la journée à Jérusalem-Est, secteur de la Ville sainte annexé par Israël où les pires heurts enregistrés depuis des années entre manifestants palestiniens et policiers israéliens ont fait plusieurs centaines de blessés dans les rangs palestiniens ces derniers soirs, ravivant les craintes d’embrasement.

Vendredi soir, plus de 220 personnes, en très grande majorité des Palestiniens, ont été blessées lors de heurts sur l’esplanade des Mosquées entre policiers israéliens et fidèles palestiniens réunis pour l’iftar, repas de rupture du jeûne de ramadan. Appelée Noble sanctuaire par les musulmans et mont du Temple par les juifs, l’esplanade des Mosquées est le troisième lieu saint de l’islam et le site le plus sacré des juifs.

Samedi soir, de nouveaux heurts ont eu lieu à Jérusalem-Est mais dans les secteurs de la porte de Damas, Bab al-Zahra et Cheikh Jarrah faisant environ une centaine de blessés, dont des mineurs, selon le Croissant-Rouge palestinien. La police israélienne a, elle, fait état de 17 policiers blessés et de neuf arrestations. Selon ces secouristes, la majeure partie des blessés ont été atteints par des balles en caoutchouc ou des grenades assourdissantes. Les forces de l’ordre israéliennes ont aussi utilisé un canon à eau putride afin de disperser des Palestiniens dont certains lançaient des projectiles sur les policiers.

Dimanche dans la journée, l’esplanade des Mosquées était relativement calme, mais la tension restait palpable dans la Vieille Ville, les heurts intervenant toutefois en fin de journée, voire en soirée après la rupture du jeûne.

Tension à Cheikh Jarrah

Dans le quartier de Cheikh Jarrah, théâtre de protestations quotidiennes depuis plusieurs jours contre la possible éviction de familles palestiniennes au profit de colons israéliens, des Palestiniens sont de nouveau descendus dans la rue samedi soir et ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre israéliennes. Celles-ci ont dit avoir arrêté deux personnes pour avoir usé de « gaz poivre » contre leurs agents. La police avait indiqué plus tôt dans la journée avoir limité l’accès à la Vieille Ville de Jérusalem-Est pour empêcher les Palestiniens de « participer à des émeutes ». Un bus venant du sud de Jérusalem a ainsi été stoppé et certains des passagers palestiniens ont été interpellés par la police.

Depuis des semaines, les tensions sont vives aussi en Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël où des manifestations ont eu lieu contre les restrictions d’accès imposées par l’État hébreu à certains secteurs durant le ramadan et la possible éviction de Palestiniens de Cheikh Jarrah.

Les affrontements sur l’esplanade des Mosquées ces derniers jours sont les plus violents depuis ceux de 2017, quand Israël avait décidé de placer des détecteurs de métaux à l’entrée du site, avant d’y renoncer.

Dans la bande de Gaza, les soldats israéliens ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants palestiniens rassemblés près de la barrière de séparation érigée par Israël dans cette enclave de deux millions d’habitants sous blocus. Des ballons incendiaires ont en outre été tirés samedi soir depuis Gaza vers le sud d’Israël mais sans faire de dégâts, selon les autorités israéliennes. Et une roquette a été lancée tôt dimanche depuis Gaza « vers le territoire israélien », a indiqué l’armée disant que son aviation avait riposté en frappant « un poste militaire du Hamas » dans le sud de la bande de Gaza.

Le Hamas, mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza, a appelé les Palestiniens à rester sur l’esplanade jusqu’à jeudi – jour devant marquer la fin du ramadan – et menacé Israël d’attaques si la Cour suprême validait, dans une décision qui était originellement attendue ce lundi, les évictions de Cheikh Jarrah. La justice israélienne a toutefois annoncé dimanche le report de l’audience consacrée au sort de familles palestiniennes menacées d’éviction à Jérusalem-Est. « À la lumière du contexte actuel, et à la demande du procureur général, l’audience prévue demain (lundi) a été annulée », a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué, précisant qu’une nouvelle date allait être annoncée dans « les trente prochains jours ».

Appel au calme

À propos des heurts à Jérusalem-Est, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a averti hier en Conseil des ministres qu’Israël « continuera d’assurer la liberté de culte mais n’autorisera pas des émeutes violentes » et qu’il « réagira avec force ».

Lors d’un message dominical après la prière, le pape François a, pour sa part, appelé dimanche à la fin des violences à Jérusalem : « La violence engendre seulement la violence. Arrêtons ces heurts. »

Après les violences de vendredi, les États-Unis ont appelé « responsables israéliens et palestiniens à agir pour mettre un terme à la violence ». Ils ont également exprimé leur inquiétude quant à « l’expulsion potentielle des familles palestiniennes de Cheikh Jarrah ».

Chef de file des monarchies arabes du Golfe, l’Arabie saoudite a dénoncé ces possibles expulsions. L’Iran, la Tunisie, le Pakistan, la Turquie, la Jordanie ou encore l’Égypte ont condamné les agissements israéliens.

Le Maroc a dit suivre avec une « profonde inquiétude » les violences à Jérusalem-Est et sur l’esplanade des Mosquées. Khartoum a qualifié les mesures prises contre les Palestiniens à Jérusalem de « répression » et d’ « action coercitive », selon un communiqué du ministère soudanais des Affaires étrangères samedi soir.

Les Émirats et Bahreïn ont, eux, condamné la descente des forces de sécurité israéliennes vendredi dans la mosquée al-Aqsa et la répression à l’encontre de fidèles qui cherchaient à en sortir. Et Abou Dhabi a appelé les autorités israéliennes à « assurer la responsabilité d’une désescalade » de la violence autour de l’esplanade des Mosquées. Manama a de son côté exhorté le gouvernement israélien à « arrêter ces provocations contre les habitants de Jérusalem ».

Exprimant sa « profonde préoccupation » à la suite des violences à Jérusalem, le quartette pour le Proche-Orient (USA, Russie, ONU, UE) a appelé Israël à faire preuve de « retenue ». « Nous sommes alarmés par les déclarations provocantes faites par certains groupes politiques, ainsi que par le lancement de roquettes et ballons incendiaires depuis Gaza vers Israël, tout comme par les attaques contre des fermes palestiniennes en Cisjordanie », ajoute le communiqué. Le groupe « note avec une sérieuse préoccupation la possible éviction de familles palestiniennes de leurs foyers où ils ont habité depuis des générations (...) et exprime son opposition à des actions unilatérales, qui ne font qu’entraîner une escalade dans un environnement déjà tendu ».

Enfin, à Amman, quelques centaines de manifestants ont réclamé hier la fermeture de l’ambassade d’Israël en Jordanie et l’expulsion de son ambassadeur.

Source : AFP

La tension était palpable hier durant la journée à Jérusalem-Est, secteur de la Ville sainte annexé par Israël où les pires heurts enregistrés depuis des années entre manifestants palestiniens et policiers israéliens ont fait plusieurs centaines de blessés dans les rangs palestiniens ces derniers soirs, ravivant les craintes d’embrasement.Vendredi soir, plus de 220 personnes, en...

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