Rechercher
Rechercher

Culture - En librairie

« Beyrouth-Torino », un passé au parfum si présent

Rose-Marie Chahine tisse sa saga familiale dans ce premier roman dont l’action se déroule entre 1833 et 1948. Un opus assez prenant, riche de belles anecdotes et de faits réels avec, pour toile de fond, la grande histoire de l’Italie et du Liban...

« Beyrouth-Torino », un passé au parfum si présent

Rose-Marie Chahine raconte les riches heures de ses ancêtres dans « Beyrouth-Torino ». Photo DR

Pour construire son roman Beyrouth-Torino, Rose-Marie Chahine a fait un voyage dans le temps, partant sur les traces de ses ascendants directs qui faisaient la liaison entre l’Italie et le Liban entre 1833 à 1948. En se basant sur des documents officiels et des archives familiales conservées par la famille à Turin concernant les dossiers du consulat d’Italie de Beyrouth (à partir de 1825...) ; en ayant recours à des documents maçonniques concernant les activités de la loge « Syria » qui fut créée sous les auspices du Grand Orient de France ; en rassemblant, de mémoire, toutes les anecdotes et les historiettes concernant les membres de la famille telles qu’elles lui sont parvenues, transmises oralement d’une génération à l’autre ; et en s’inspirant des lettres d’amour échangées entre Fanny et Giuseppe (Youssef) : c’est ainsi qu’elle a tissé la saga familiale de cinq générations d’une famille libano-italienne dont deux membres avaient exercé la fonction de drogman, interprète officiel, auprès des représentants du royaume du Piémont et de Sardaigne qui avait pour capitale la ville de Turin. À côté de leur fonction diplomatique, ils pratiquaient le commerce des céréales qu’ils importaient du royaume de Naples. Ce livre relate les détails de leurs nombreux voyages vers l’Italie et de leur vie à Beyrouth.

À travers l’histoire familiale, l’auteure invite donc le lecteur à se plonger dans la grande histoire de ces deux pays, en passant en revue les événements importants qui s’y sont déroulés durant ces décennies et qui y ont introduit des changements et des bouleversements politiques et sociaux.

En parcourant les premières pages, le lecteur a une impression de déjà-vu et de déjà ressenti. Ce port de Beyrouth où s’entassent les marchandises et où grouillent les voyageurs, mais aussi les querelles intestines, la corruption, les complots... Un écheveau coloré dont la trame semble vouée à se répéter sous nos cieux. Nous suivons ainsi le récit de cinq générations, à commencer par Hanna Massad, commerçant et drogman, puis les débuts de son fils Youssef auprès de lui et ses voyages respectifs, ainsi que sa belle histoire d’amour avec Fanny, fille du comte de Gobbi, mais aussi les aventures de leurs enfants et de leur descendance.


Devoir de mémoire

« J’ai toujours eu envie d’écrire un livre sur l’histoire de ma famille, confie Rose-Marie Chahine. Ce sujet m’intéresse particulièrement à cause de ma double appartenance libanaise et italienne – la famille de ma mère est également d’origine italienne –, et parce que je me suis toujours intéressée aux questions relatives à la généalogie et à l’origine des familles. »

En effet, cette double appartenance a été vécue et ressentie très intensément par les membres de la famille Massad qui, entre 1833 et 1948, se déplaçaient souvent entre Beyrouth et l’Italie. « Ils ont vécu tous les événements historiques de cette période et ont été obligés de s’adapter », indique l’auteure.

Lire aussi

Nada el-Hajj : Mieux reconstruire quand tout est détruit...

« De plus, poursuit-elle, écrire, c’est préserver la mémoire de sa famille. Il se fait que j’aime beaucoup la mienne, j’ai voulu donc rendre hommage à l’engagement de ses membres envers leur communauté et leur pays, par la construction d’églises, d’écoles ou d’autres associations de bienfaisance. »

Dans Beyrouth-Torino, Rose-Marie plante un décor coloré, dynamique, traversé par plusieurs aventures amoureuses et sociales ainsi que des anecdotes personnelles. Quoique se rattachant à une famille beyrouthine particulière, elles ont une valeur locale importante car elles décrivent le mode de vie d’une certaine société avec ses traditions, ses coutumes, ses croyances et ses superstitions.

Le lecteur est très vite happé par ce passé si papable, car les détails décrits par l’auteure dessinent une fresque vivante où l’on pénètre facilement. Mais il y a aussi cette résonance avec le présent, comme si cette saga se faisait l’écho d’un Liban qui se perpétue. « Mon livre était totalement achevé en juillet, comme le montre la date de la préface écrite par Marwan Karkabé, dit Rose-Marie Chahine. Je n’ai pas voulu le remanier après la destruction du port et des quartiers de Beyrouth. Mais, en le relisant, je trouve que le port de Beyrouth est très présent dans le livre, car il représente le point de départ et d’arrivée des voyageurs. En outre, il y a de nombreuses similitudes entre le passé et le présent concernant la corruption, le fanatisme, les superstitions, les conflits confessionnels... Malheureusement, les événements douloureux de l’histoire se répètent périodiquement et la souffrance des Libanais est continue. »

Carte de visite

Née à Beyrouth en 1952, Rose-Marie Chahine est titulaire d’un doctorat en philosophie.

De 1980 à 1990, elle a été chargée de cours au département de philosophie de la faculté des lettres et des sciences humaines de l’USJ et était parallèlement assistante de recherche au centre d’études pour le monde arabe moderne (Cemam-USJ).

Chahine possède également une formation en psychothérapie. Elle a enseigné la philosophie à l’Université libanaise (faculté des lettres) et la psychologie (caractérologie) au département d’art dramatique de l’Institut national des Beaux-Arts.

De 1990 à 2005, elle a été chargée des dossiers d’étude de la revue trimestrielle Culture psychologique publiée par Dar an-Nahda.

Depuis 15 ans, elle dirige les activités culturelles de la Fondation Émile Chahine pour la diffusion de la culture cinématographique (ciné-club et séminaires). Chahine possède à son actif plusieurs publications philosophiques ainsi qu’un ouvrage de caractérologie.

Son roman Beyrouth-Torino est publié à compte d’auteur et il est disponible sur Amazon, à la librairie Kalamus (Hazmieh) et à Boueiri Press (Kaslik). 


Pour construire son roman Beyrouth-Torino, Rose-Marie Chahine a fait un voyage dans le temps, partant sur les traces de ses ascendants directs qui faisaient la liaison entre l’Italie et le Liban entre 1833 à 1948. En se basant sur des documents officiels et des archives familiales conservées par la famille à Turin concernant les dossiers du consulat d’Italie de Beyrouth (à partir de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut