Le Front du 17 Octobre, un collectif de la société civile issu du mouvement de contestation, a demandé hier au chef de l’État, Michel Aoun, de signer l’amendement du décret 6433/2011. Ce projet de décret apporte des modifications au premier et donne au Liban un droit supplémentaire sur 1 430 km2 dans le tracé de la frontière maritime avec Israël sur fond d’exploitation d’hydrocarbures offshore.
Lors d’une conférence tenue au Club de la presse, le Front a appelé le président Aoun et tous les responsables à signer le projet de décret qui modifie le décret 6433 (celui qui détermine les frontières maritimes côté libanais) et de « l’envoyer à l’ONU d’ici à une semaine au plus tard ». Le collectif a également demandé au cabinet sortant de Hassane Diab de tenir une réunion « exceptionnelle » consacrée à cette question, alors que le Premier ministre sortant refuse cette option, estimant qu’elle n’entre pas dans le cadre de l’expédition des affaires courantes. « Nous n’avons plus le luxe du temps, alors que certains estiment que la signature du chef de l’État pourrait être contestée », a souligné le général à la retraite Sami Ramah. « Qui oserait contester une telle décision au Liban ? Personne. Si Israël veut la contester, qu’il le fasse. Il s’agit de nos ressources. Ceux qui s’opposent à cela affectent les générations à venir », a-t-il mis en garde.
« Ne pas mettre un terme aux négociations »
Pour sa part, le président Aoun a détaillé hier les raisons pour lesquelles il s’est jusque-là abstenu de signer l’amendement du décret. Dans un entretien publié dans le quotidien Nida’ el-Watan, il a estimé que promulguer cet amendement, qui ajoute un droit supplémentaire au Liban sur 1 430 kilomètres carrés dans le tracé de la frontière, reviendrait à « mettre un terme aux négociations » avec Israël, suspendues depuis la fin 2020.
Dans son entretien, le chef de l’État a estimé qu’en ne signant pas le document, il a « reporté un grand problème concernant un dossier qui a besoin d’un consensus national, et évité au Liban de possibles répercussions négatives ». Il a ajouté qu’il était dans ce cadre nécessaire de poursuivre les négociations avec Israël au sujet de la frontière afin d’empêcher celui-ci « d’évoquer des prétextes pour entamer ses opérations de forage dans les eaux libanaises ». Et de souligner qu’il retardera cette signature même si le gouvernement approuve le décret, le temps de « disposer de toutes les données » disponibles sur ce dossier et de bien « évaluer » la situation. Il a évoqué la possibilité de faire appel à des experts internationaux et se baser sur le droit de la mer.
M. Aoun s’est en outre défendu de lier la promulgation de ce décret à une levée des sanctions américaines imposées contre son gendre et chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil.
commentaires (3)
Dans un monde parfait, puisqu'il s'agit du même gisement à se départager, il suffit de faire un seul forage pour les deux pays et le Liban devrait avoir la part du lion en guise de dédommagement pour tous les dégâts causés par Israël. Si les américains cherchent la paix il imposerait le traçage des frontières par une résolution de l'ONU sans laisser aucun des deux pays tergiverser autour de cette question.
Shou fi
12 h 51, le 17 avril 2021