Les manifestants restent mobilisés à travers le territoire

Des manifestants restaient mobilisés vendredi à travers le territoire, organisant des marches et des manifestations et bloquant plusieurs axes routiers, sur fond d'aggravation de la crise socio-économique marquée par la hausse du prix du dollar et l'hyperinflation. Cette situation a donné lieu à une reprise de la contestation sur l'ensemble du territoire depuis plus de deux semaines.

Des dizaines de manifestants anti-pouvoir se sont ainsi rassemblés vendredi après-midi devant le siège du ministère de l’Énergie à Beyrouth afin d'entamer une marche vers la place Riad el-Solh, dans le centre-ville, pour rejeter la formation d'un gouvernement de "partage de parts" et demander celle d'un "cabinet indépendant". Ils ont été rejoints par des contestataires ayant tenu plus tôt un sit-in devant la Banque du Liban pour protester contre la hausse du prix du dollar et dénoncer les politiques financières menées par les autorités, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

Selon des photos publiées sur Twitter par le collectif Akhbar el-Saha, une foule compacte s'est rassemblée sur la voie Est de la corniche Pierre Gemayel, provoquant des embouteillages dans le secteur. "Pas de confiance", "Non à un gouvernement de partage de parts" ou encore "A nous, la patrie est à nous", pouvait-on lire sur certaines banderoles.

Le Liban, en proie à une grave crise socio-économique et financière, se trouve également dans une impasse politique, étant sans gouvernement depuis plus de sept mois, après l'explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth. Jeudi, le Premier ministre désigné Saad Hariri s'était entretenu au palais présidentiel de Baabda avec le chef de l'État Michel Aoun, dans une tentative de débloquer la formation du gouvernement. Cet entretien intervenait au lendemain d'une passe d'armes entre les deux hommes, qui s'accusent mutuellement de retarder la formation du cabinet sur fond de lutte autour du partage de parts. Une autre réunion est prévue lundi. La formation du gouvernement est une condition sine qua non pour le déblocage d'une assistance financière internationale. Face à cette impasse politique et l'effondrement record de la monnaie nationale, de nombreux Libanais manifestent à nouveau dans les rues depuis plusieurs semaines, dans une sorte de regain de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019 contre la classe dirigeante.

Dans le nord du pays, à Beddaoui, un incident a eu lieu entre des protestataires qui bloquaient la route et des citoyens qui ont tenté de passer le barrage par la force. L'armée est intervenue pour régler le problème. Les protestataires ont continué à couper la route, rapporte l'Agence nationale d'information

Au Sud, l'autoroute côtière a été coupée au niveau de Jiyé et de Saadiyate avant que l'armée ne la rouvre. Plus au Sud, une manifestation rassemblant quelques centaines de personnes a eu lieu à Saïda, de la place des Martyrs jusqu'à la place Elia, sous le slogan "Pour sauver le Liban et les Libanais". Les manifestants protestaient contre la détérioration des conditions de vie. Ils ont scandé des slogans contre la corruption, rapporte notre correspondant au Liban-Sud, Mountasser Abdallah. "J'ai faim, je suis avec la révolution des affamés", proclamaient les banderoles. Ou encore "gouverneur de la Banque du Liban, protecteur des voleurs du Liban", à l'adresse de Riad Salamé, le gouverneur de la BDL conspué régulièrement par la rue qui lui fait assumer une part de responsabilité dans cette crise.