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Lifestyle - La Mode

La semaine virtuelle de la mode milanaise pour un hiver adouci

Lancée le 24 février, la semaine milanaise du prêt-à-porter s’est achevée lundi 1er mars, au bout de cinq journées haletantes de présentations virtuelles enchaînées toutes les demi-heures. Voici les temps forts de cette « Fashion Week » dédiée à l’automne-hiver 2021 et dont Paris prend déjà le relais.

La semaine virtuelle de la mode milanaise pour un hiver adouci

Il y a ceux qui ont choisi de jouer le jeu, et ceux qui ont préféré s’en exclure. L’absence de grandes pointures comme Gucci, Versace, Jil Sander et Bottega Veneta n’est pas passée inaperçue à la Fashion Week milanaise de l’automne-hiver 2021. À chaque maison sa stratégie et il est difficile, dans un contexte où les us et coutumes de la mode sont dramatiquement remis en question par la pandémie, de se conformer encore à des calendriers et des grands-messes qui pour beaucoup ne font plus sens. O tempora, O mores !, un événement mode sans premier rang, sans champagne, sans after, sans communion sociale avec suite du spectacle dans la salle a du mal à prendre, même si pour les acheteurs et les médias reste la possibilité d’aller, sur rendez-vous et en privé, tâter de près les créations mises en scène pour un public à la fois vertigineusement plus vaste et effroyablement désincarné.

Défiler en mode virtuel, c’est aussi prendre le risque de brûler des collections qui ont nécessité plusieurs semaines de travail avec des présentations en mode poisson rouge dans un aquarium, avec peu de chance de capter l’attention plus de quelques secondes, comme cela s’est vu avec l’expérience Fashion TV et ses défilés en continu. Pour ceux qui se résignent à défiler en virtuel, il s’agit donc de redoubler d’imagination pour créer le plus d’impact possible. Pire, pour qui est familier avec les ballets de mannequins, le stress des essayages et ajustements de dernière minute, les garçons et les filles qui courent d’un bout à l’autre des capitales du moment pour enchaîner les passages d’une marque à l’autre, ce métier valorisé par la création du top model au début des années 1990 n’est plus ce qu’il était.

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Ces étudiants qui, tout en rêvant d’ouvrir une présentation et d’être un jour propulsés stars, profitent de l’opportunité des fashion weeks pour financer leurs études et leurs séjours à l’étranger, récoltant souvent des sommes rondelettes le temps d’une semaine de sprints haletants et de métamorphoses au fil des besoins et caprices des créateurs, se retrouvent à l’arrêt, bloqués par l’impossibilité de voyager en raison de la pandémie et déplorent que les présentations virtuelles ne les mettent pas suffisamment en valeur pour être propulsés comme ils le souhaitent.

Collection Valentino, automne-hiver 2021. Photo Valentino

Nombreux malgré tout

Pour ce qui est de la programmation, on a pu assister le mercredi 24 février aux présentations de Missoni, Alberta Ferretti, Fendi, N° 21, Del Core et Brunello Cucinelli. Le lendemain venait le tour de Max Mara, Blumarine, Prada, Moschino et Emporio Armani. Le vendredi 26 février défilaient Antonio Marras, Vivetta, Etro, Tod’s et Marni. Le samedi 27, on découvrait les collections de Sportmax, Girogio Armani Femme, Giorgio Armani Homme, Salvatore Ferragamo, Philosophie de Lorenzo Serafini et Luisa Beccaria. Dimanche ont défilé MM6 Maison Margiela, DSquared2, Sunnei, Emilio Pucci et Philipp Plein. Enfin, lundi 1er mars, à l’heure où s’ouvrait la Fashion Week parisienne avec les présentations des jeunes talents de l’Institut français de la mode, Milan n’avait pas encore dit son dernier mot et ouvrait encore sa plateforme à Ports 1961 et MSGM. Parmi les défilés les plus remarqués, on retiendra celui de Pierpaolo Piccioli pour Valentino, et la première collection du britannique Kim Jones pour Fendi.

Fendi à la Kim Jones

Romaine et fantasque par essence, créée en 1925 par Adèle et Eduardo Fendi comme une maison maroquinière, portant dans son ADN Karl Lagerfeld qui en a inventé le logo en double F et laissé sa patte de premier directeur artistique recruté en 1965, et depuis dirigée par des femmes, les cinq sœurs Fendi, la maison Fendi présentait pour l’automne-hiver 2021 la première collection prêt-à-porter de son nouveau créateur Kim Jones. Avec une brochette de mannequins étoilées telles Naomi Campbell, Demi Moore ou Kate Moss, ce dernier a sorti le grand jeu, s’attachant à irriguer de féminité nostalgique des vestiaires démotivés et las de matières avachies. Célébrant une dynastie de femmes, après avoir consacré la collection haute couture au Groupe de Bloomsbery, la communauté d’intellectuels formée autour de Virginia Woolf, la collection se veut cérébrale. Déclinant les codes éternels de la maison, entre tissages de fourrure, maille confortable et drapés de soie fluide, le jeune Britannique qui a précédemment dirigé la création chez Louis Vuitton et Dior homme a rendu hommage à l’exception Fendi, une longue histoire d’autonomisation féminine.

Collection Valentino, automne-hiver 2021. Photo DR

Valentino à coups de ciseaux

En soutien d’un urgent sauvetage des lieux de culture fermés par la pandémie, Pierpaolo Piccioli, à la tête de la création de la maison Valentino, a choisi de faire rouvrir le Piccolo Teatro di Milano pour y faire défiler sa collection automne-hiver 2021. S’inspirant, dit-il, de la démarche du peintre Lucio Fontana qui affirmait fendre la monochromie de ses toiles au rasoir « pour y créer de l’espace », c’est à coup de ciseaux que Piccioli a revisité l’espace et les volumes de ses pièces. Tout semble brutalement raccourci et hissé sur des talons très hauts ou de grosses bottes. Les pantalons pour hommes sont également coupés largement au-dessus de la cheville. La lame agit sans aucune hésitation : avec une urgence irrépressible, elle amène la jupe plissée à de nouvelles proportions, transforme cabans et vestes en capes, et réduit les robes du soir à des panneaux volants maintenus ensemble par des rubans. La vision d’une garde-robe partagée entre hommes et femmes est sans compromis. Le choix de limiter les couleurs au noir, au blanc, aux acryliques fluorescents et aux juxtapositions de losanges Op’art, imprimés animaliers et pois, fait partie d’un parti pris d’optimisme et de positivité. L’idée de montrer le corps à travers un jeu de voilé/dévoilé, entre superpositions de filets et dentelles et des surfaces intensément travaillées qui révèlent au lieu de cacher, fait partie d’une certaine conception de la sensualité. Dans l’esprit Punk, les clous se multiplient tant sur les escarpins que sur les sacs, Rockstud doublés de cuir rouge comme des alcôves portables. Avec sa collection automne-hiver 2021, Valentino revisite le romantisme avec un certain pragmatisme et invite à une réappropriation du corps et du pouvoir de séduction au bout d’une année d’enfermement dont la fin reste incertaine.

Il y a ceux qui ont choisi de jouer le jeu, et ceux qui ont préféré s’en exclure. L’absence de grandes pointures comme Gucci, Versace, Jil Sander et Bottega Veneta n’est pas passée inaperçue à la Fashion Week milanaise de l’automne-hiver 2021. À chaque maison sa stratégie et il est difficile, dans un contexte où les us et coutumes de la mode sont dramatiquement remis en question...

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