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Agenda - Hommage à Massoud Achkar

À notre ami Poussy, le Petit Poucet !

Ce soleil insolent qui concentre ses rayons sur la banderole te réunissant avec Bachir alors que surgissent les notes déchirantes de Mark Knofler sur sa guitare sur Brothers in Arms montent en crescendo dans la voiture, suivies de la voix grave de Cohen déclamant son Hallelujah me poussent à t’écrire aujourd’hui. Je ne voulais pas le faire.

Mais les coïncidences sont trop fortes. Puis ton regard franc et droit, ton nez imposant, les sourires aimants que nous avons vus hier dans cet hommage télévisé m’ont conduite à dire haut les pensées que j’ai tout bas.

Cette même place donc, si emblématique, a assisté depuis quelque 50 jours à une scène émouvante ! Tes camarades les mains agrippées cette fois sur une bougie à la place de leur arme, mais dans la même fougue, comme si leur vie en dépendait, frères de sang, réunis ici dans un moment de ferveur et d’ultimes prières.

Toi qui respirais Achrafieh, et le Liban bien sûr. Mais Achrafieh, c’est ta grande famille, tous quartiers confondus. Achrafieh, ce sont les sourires édentés de ces vieilles qui tenaient à t’embrasser, ces vieux qui t’entouraient de leurs bras dans un moment d’affection spontané, ces propriétaires de magasin qui sortaient pour prendre des nouvelles, ces jeunes qui te jetaient des regards de respect non contenu parce que authentique. Tu as tout partagé avec eux, dans ces ruelles qui t’ont connu enfant, puis combattant, puis défenseur de la frontière à ne pas violer. Même ton ultime bataille aura été celle du peuple aussi, toujours dans l’habitude du vivre ensemble : les moments d’exaltation et de douleurs, de joie et d’euphorie ! Oh ! Combien tu vas manquer à tous ces foyers, à toutes ces familles, que tu accompagnais dans leurs combats quotidiens ! Même le nôtre !

Notre ami, puis mon ami, quand Nadim a été cueillir son étoile ! Dès notre retour de Montréal en 2011, tu étais là. Et tu es resté là, chaque dimanche après-midi, racontant à Nadim les petites histoires, tes dernières rencontres. Interrompus par tous ces coups de fil qui demandaient qui un hôpital, qui un écolage, qui un service des plus saugrenus parfois ! Et quand les pokeristes arrivaient vers six heures, cinq minutes de bavardage et tu t’en allais : chou ya Myrna, yalla, avant que les chabeb ne commencent à trépigner d’impatience ! Et tu rejoignais tes copains du dimanche soir au café. Tu n’as jamais voulu écrire ta part de l’histoire, de notre histoire : offrir à nos enfants la vraie version des choses. Fidèle jusqu’au bout.

Jamais un mot grossier, jamais une remontrance quant aux personnes qui t’ont déçu et poignardé dans le dos. Juste une indifférence glaciale, une distanciation prononcée. Homme authentique, force tranquille. Tu nous manques tellement ! Petit Poucet aux traces indélébiles !

Et qui reste parmi nous au-delà des temps.

Myrna EL-ASMAR ZAHAR

Ce soleil insolent qui concentre ses rayons sur la banderole te réunissant avec Bachir alors que surgissent les notes déchirantes de Mark Knofler sur sa guitare sur Brothers in Arms montent en crescendo dans la voiture, suivies de la voix grave de Cohen déclamant son Hallelujah me poussent à t’écrire aujourd’hui. Je ne voulais pas le faire. Mais les coïncidences sont trop fortes. Puis...