Manifestation à Tripoli pour réclamer que les auteurs du crime soient traduits en justice

Des protestataires ont tenu vendredi un sit-in sur la place el-Nour à Tripoli (Liban-Nord) pour dénoncer l'assassinat de l'intellectuel et activiste politique libanais Lokman Slim, dont le corps criblé de balles avait été retrouvé la veille au Liban-Sud, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le meurtre de ce farouche opposant au Hezbollah qui est devenu un symbole de la liberté d'expression a choqué le pays. Les manifestants ont appelé à la "fin des assassinats politiques et des attaques contre les défenseurs de la liberté d'expression et les patriotes" et à ce que les auteurs de ce crime soient traduits en justice. Ils ont également demandé à ce que "la communauté internationale intervienne pour protéger la sécurité et la liberté d'expression des Libanais". 

Les protestataires ont également mis en garde contre "de nouveaux incidents et échauffourées à Tripoli et dans d'autres régions du Nord si l'état d'urgence sanitaire est prolongé, contraignant les personnes, en particulier les plus pauvres, à se confiner alors qu'ils ne peuvent pas subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille", notamment dans la ville septentrionale, la plus pauvre du pays.

Les circonstances économiques difficiles, exacerbées par une hausse du prix du pain et un confinement strict pour lutter contre le coronavirus, dans un pays en proie à de multiples crises, ont provoqué un regain des manifestations sur tout le territoire, surtout à Tripoli, surnommée "la Fiancée de la révolution". Celle-ci a été tout au long de la semaine dernière le théâtre de manifestations émaillées de heurts qui ont fait un mort et plus de 400 blessés. Ces derniers jours, les autorités ont procédé à une série d’arrestations parmi les militants qui ont pris part à ces rassemblements. Selon certains activistes, au moins une trentaine de personnes, en majeure partie de Tripoli et de la Békaa, ont été entendues par les services de sécurité dans ce cadre. Certains auraient été arrêtés de façon musclée par les services de renseignement, tandis que d’autres ont disparu des radars pendant plusieurs jours.