La pluie qui s'est abattue hier sur le port était ennuyeuse, ignoble et impudente. Les râles de la tôle envoyaient des signaux de douleur, et la souffrance jaillie de la terre était un séisme sans retentissement ni écho. L'heure n'était pas propice à un hiver comme celui-là, ni à la poussière fangeuse qui avait entravé le rythme du vent venu du large. L'arbre dont l'ombre s'est brisée sur la blessure de ton bord paraissait comme une femme enveloppée dans une syncope sans retour. Il est injuste que tes livres, pris de vertige, soient tombés du balcon. Il est injuste que ton café ait subi l'échec de la nuit. Il est injuste que la meule de ton blé soit devenue une aire de jeu pour les rats. Tu n'as pas eu l'occasion de laver tes vêtements, ni d'enlever les bris de verre qui s'y sont accrochés. On ne t'a pas laissé le temps de repasser la chemise de nuit que tu avais lavée, ni d'épousseter le chagrin du lit. Maudit soit celui qui te renie. Maudit soit celui qui ne s'enquiert pas de toi. Maudit soit celui qui ne te recouvre pas de son drap ou de ses mots.
Traduit de l’arabe par Alexandre Najjar
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