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Monde - Éclairage

Les raisons qui poussent Ankara à accélérer un rapprochement avec l’UE

Face à l’arrivée dans les prochains jours de la nouvelle administration Biden, Erdogan table sur un apaisement de ses relations avec ses homologues européens.

Les raisons qui poussent Ankara à accélérer un rapprochement avec l’UE

Recep Tayyip Erdogan avant une réunion avec le président de la Commission européenne à Bruxelles le 9 mars 2020. John Thys/AFP via Getty Images

C’est sous le signe d’un rapprochement avec l’Union européenne, après plusieurs mois d’échanges acerbes et de menaces, que la Turquie espère placer la semaine qui s’ouvre aujourd’hui. Et le calendrier diplomatique s’annonce chargé : alors que le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas est attendu aujourd’hui à Ankara, son homologue turc Mevlut Cavusoglu doit se rendre jeudi à Bruxelles où il rencontrera, le lendemain, le président du Conseil européen, Charles Michel. L’occasion pour la Turquie et l’UE d’aborder les nombreux contentieux qui les opposent, alors que l’UE a manifesté à plusieurs reprises son opposition à l’aventurisme turc dans la région : forages turcs en Méditerranée orientale, soutien des Occidentaux aux forces kurdes, interventions turques dans les conflits libyen et syrien ou encore appui d’Ankara à l’Azerbaïdjan contre l’Arménie dans la guerre du Haut-Karabakh. Aux yeux d’Ankara, ces déplacements sont surtout le moment de prendre la balle au bond pour faire bonne figure face au futur président américain Joe Biden, investi mercredi, en assainissant ses relations avec les pays du Vieux Continent. « Face à un nouveau président complètement différent de Donald Trump, les Turcs ne peuvent plus se comporter en cow-boys comme ils le faisaient jusqu’à maintenant », explique Bayram Balci, directeur de l’Institut français d’études anatoliennes à Istanbul, interrogé par L’Orient-Le Jour. « Pour certains, il s’agit aussi d’une opportunité pour recalibrer la politique étrangère de la Turquie face à un nouveau contexte », ajoute-t-il.

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L’arrivée du démocrate à la Maison-Blanche annonce une rupture avec le blanc-seing accordé à Ankara par l’administration de Donald Trump, qui entretenait des liens étroits avec le reïs turc, pour ses actions dans la région. Ne cachant pas son hostilité à l’égard d’Ankara, Joe Biden avait notamment affirmé en octobre 2019 lors d’un débat télévisé du Parti démocrate qu’il aurait une « conversation ferme » au sujet de l’intervention turque dans le Nord syrien avec Recep Tayyip Erdogan et que ce dernier « paierait un lourd tribut pour ce qu’il a fait ». Des intentions qui se sont confirmées ce mois-ci avec la nomination de Brett McGurk au poste de coordinateur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au Conseil de sécurité nationale par Joe Biden, alors que cet ancien collaborateur de l’administration de Barack Obama s’est montré ouvertement critique des actions d’Ankara dans la région au cours de ces dernières années.

Jouer la carte de l’apaisement

Alors que la Turquie est déjà engagée sur plusieurs fronts et a entretenu des relations tendues avec l’OTAN, l’UE et des puissances régionales au cours de ces dernières années, les répercussions du changement de politique de Washington à son égard paraissent difficilement tenables sur le plan diplomatique pour Ankara. La volonté de la Turquie de se rapprocher de l’UE intervient également simultanément à son changement de ton à l’égard des pays du Golfe et d’Israël au cours de ces dernières semaines. À l’échelle domestique, le reïs turc doit aussi faire face à une grogne populaire grandissante : la livre turque dégringole, l’inflation s’approche des 15 % et le taux de chômage touche 13 % de la population active, selon les données officielles, dans le sillage de la crise économique qui frappe le pays. « La politique de la colère de la Turquie contre l’Occident ne faisait pas non plus l’unanimité dans le pays, on a peur que cette politique musclée ait un impact sur l’économie », fait remarquer Bayram Balci. « Ankara réalise qu’il ne peut pas se passer de l’Europe car, au-delà des désaccords au niveau politique, une bonne partie du commerce se fait avec l’Europe, ce qui de fait est vital pour le pays », souligne-t-il. Selon les chiffres officiels, l’UE est le principal partenaire commercial de la Turquie, avec 41 % de parts de marché en 2019, tandis que plus des trois quarts des investissements directs étrangers provenaient des pays de l’UE entre 2002 et 2018.

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Ces conditions ont déjà poussé la Turquie à jouer la carte de l’apaisement avec l’UE le mois dernier, en dépit de l’adoption de sanctions européennes contre les actions « illégales et agressives » d’Ankara suite à ses activités d’exploration gazières dans des eaux disputées avec la Grèce et Chypre en Méditerranée orientale, auxquelles se sont ajoutées des sanctions américaines suite à l’acquisition par la Turquie, qui est membre de l’OTAN, du système de défense antiaérienne russe S-400. S’entretenant par téléphone avec Charles Michel une semaine plus tard, le reïs avait fait part de son souhait d’ouvrir une « nouvelle page » avec l’organisation européenne. « Nous espérons que l’UE sera en mesure d’adopter une attitude constructive et de bon sens envers la Turquie », a-t-il affirmé.

Échanges amicaux

Un message que Recep Tayyip Erdogan et Mevlut Cavusoglu ont par ailleurs réitéré la semaine dernière lors d’une rencontre avec des ambassadeurs des pays européens à Ankara. « Nous sommes prêts à remettre nos relations sur les rails (…) je suis sûr que nos amis européens montreront la même volonté », a déclaré le président turc. « Faire de 2021 une année de succès pour les relations entre l’UE et la Turquie est à notre portée. Nous pouvons y arriver en travaillant avec une vision à long terme, loin des préjugés et des appréhensions », a-t-il insisté. Autre signe d’ouverture, les discussions exploratoires visant à régler la dispute entre Ankara et Athènes à propos de l’exploration d’hydrocarbures en Méditerranée orientale doivent reprendre le 25 janvier à Istanbul, après avoir été rompues en 2016.

Du côté européen, le ton s’est également adouci à l’égard de la Turquie, plus particulièrement entre Recep Tayyip Erdogan et son homologue français, à couteaux tirés pendant plusieurs mois sur le dossiers libyen, les forages gaziers en Méditerranée orientale ou encore sur la volonté de Paris de lutter contre le « séparatisme islamiste ». Dans des courriers échangés ce mois-ci, les deux hommes auraient tenu des propos amicaux, a rapporté le chef de la diplomatie turque. Partenaire-clé de l’UE sur la question de la gestion des flux migratoires des réfugiés, la Turquie reste toutefois un acteur incontournable, alors qu’elle dispose d’une marge de manœuvre importante dans différents dossiers régionaux. « Il faut maintenant des gestes tangibles » d’Ankara, a indiqué l’Élysée, cité par l’AFP. Malgré la désescalade des tensions, la Turquie reste dans une position délicate alors qu’elle doit jouer un numéro d’équilibriste entre ses relations avec l’UE et la Russie. « Le côté ambigu devrait persister : Ankara ne peut pas complètement se plier aux exigences de l’Occident, mais il ne peut pas non plus ne pas en tenir compte », estime Bayram Balci. « Il s’agit de voir si Ankara peut poser une limite à la coopération militaire avec Moscou, en prenant la décision de ne pas activer le système de défense antiaérienne des S-400 par exemple », note-t-il.

C’est sous le signe d’un rapprochement avec l’Union européenne, après plusieurs mois d’échanges acerbes et de menaces, que la Turquie espère placer la semaine qui s’ouvre aujourd’hui. Et le calendrier diplomatique s’annonce chargé : alors que le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas est attendu aujourd’hui à Ankara, son homologue turc Mevlut Cavusoglu doit se...

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DE NOUVEAU L,EXPRESSION LIBRE QUI N,INSULTE PAS EST CENSUREE. IL SEMBLE QUE L,INTERET DU JOURNAL EST DE FAIRE TAIRE CEUX QUI CRITIQUENT LE SULTAN OTTOMAN ERDO. JE ME REDEMANDE A QUOI SERT D,ETRE ABONNE A L,OLJ.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 49, le 18 janvier 2021

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  • DE NOUVEAU L,EXPRESSION LIBRE QUI N,INSULTE PAS EST CENSUREE. IL SEMBLE QUE L,INTERET DU JOURNAL EST DE FAIRE TAIRE CEUX QUI CRITIQUENT LE SULTAN OTTOMAN ERDO. JE ME REDEMANDE A QUOI SERT D,ETRE ABONNE A L,OLJ.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 49, le 18 janvier 2021

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