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Lifestyle - Mode

Entre film et musique, le « Purgatoire émotionnel » d’Ahmed Amer


Entre film et musique, le « Purgatoire émotionnel » d’Ahmed Amer

Image du tournage de la nouvelle collection Ahmed Amer. Photos Rami Lattouf

Ahmed Amer est un artiste polyvalent qui a choisi le vêtement comme point de départ pour définir son esthétique et sa philosophie. Dès son projet de diplôme, en 2017, essentiellement composé de vareuses rebrodées de visages stylisés et de symboles, il mettait en place ses codes et son identité. On les retrouve inchangés, bien que déclinés dans de nouvelles formes et couleurs, reconnaissables entre mille, dans une nouvelle collection hors temps, mise en scène dans un court-métrage fascinant, toujours placée dans cet entre-deux d’ombre et de lumière, de mélancolie et de jubilation, de rencontres et de séparations, qui représente pour lui le purgatoire. Il explique : « Nous sommes coincés dans l’entre-deux depuis des mois, entre réalité et illusion, euphorie et anxiété, société et ego. Un état de purgatoire émotionnel est toujours en cours. Cette année a été difficile pour nous à tous les niveaux. Un état d’esprit qui perdure depuis 2018, avec un virage le 17 octobre 2019, et puis la chape de la pandémie de Covid-19, et puis la flambée injustifiée des prix, la crise économique, enfin la double explosion de Beyrouth le 4 août. Nous sommes en proie à de nombreuses contradictions, des sentiments opposés alors qu’il se passe en même temps, et d’un autre côté, beaucoup de bonnes choses. Les gens sont plus conscients désormais que les décideurs sont responsables de ce qui nous arrive et qu’ils sont les principaux criminels derrière ces catastrophes dont nous sommes témoins. »

Image du tournage de la nouvelle collection Ahmed Amer. Photos Rami Lattouf

Un concentré de pensées intenses

« Comme toujours, je m’attache à faire en sorte que mon travail traduise et véhicule des sentiments et des émotions. Avec Jude Bourdoukan (le réalisateur du court-métrage), nous avons tenté de dépeindre cet état d’esprit et ces frustrations dans un court-métrage qui n’est pas tout à fait un film de mode, mais un concentré de pensées intenses autour d’une intrigue mystérieuse où Jude liait le thème de la collection, le purgatoire émotionnel, à une histoire d’amour complexe reflétant cette thématique entre vision et direction. Y sont illustrés le départ, la mort, l’infidélité par opposition à la sécurité, à la confiance, l’amour, la sérénité et l’espoir. Le casting réunit deux hommes et deux femmes, mais la nature de leurs relations elle-même n’est pas claire. Il s’agissait pour nous de normaliser la diversité des genres et des sexualités et celle des valeurs du label Ahmed Amer qui se propose depuis sa création comme une ligne de prêt-à-porter gender-fluid. L’acteur principal se retrouve avec son premier amour, tout en sachant qu’il prend le risque d’une certaine forme de mort et d’un nouveau passage en purgatoire. Le film met en scène ces personnages presque interchangeables dans un paysage de jurd, dépouillé, isolé du monde. On voit les protagonistes à dos de mule ou trimballés dans un pick-up avec des moutons en transhumance. Le mouton est ici sacrificiel. Tout se télescope, le contrôle, l’amour, le pouvoir incarné par un partenaire qui semble surveiller la scène de près sans y participer directement. »

Image du tournage de la nouvelle collection Ahmed Amer. Photos Rami Lattouf

Traquer les faux-sens

« Je ne recherche pas la stabilité, je veux juste guérir mon cœur et l’enrichir d’émotions. Le monde au dehors est si stressant, complexe, stratifié, lourd… Je traque les faux-sens, prends le langage dans sa littéralité, interroge les définitions convenues. J’aime présenter sur une note d’humour noir, comme je l’ai fait en 2017 dans ma collection de diplôme, un monde imaginaire comme solution à la corruption. Ce film m’a offert une expérience formidable sur le plateau de tournage, avec une équipe de personnes authentiques réunie par Yow Films Production. La musique spécialement composée par Vladimir Kurumilian apporte à ce court-métrage une nouvelle dimension, et les photos prises par Rami Lattouf en accentuent l’atmosphère onirique. L’année dernière, j’avais déjà pris la décision de commencer des collaborations avec différents artistes dans différents domaines. Ce projet répond parfaitement à cette résolution. »


Ahmed Amer est un artiste polyvalent qui a choisi le vêtement comme point de départ pour définir son esthétique et sa philosophie. Dès son projet de diplôme, en 2017, essentiellement composé de vareuses rebrodées de visages stylisés et de symboles, il mettait en place ses codes et son identité. On les retrouve inchangés, bien que déclinés dans de nouvelles formes et couleurs,...

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