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Lifestyle - Mode

Dior, un préautomne d’anthologie


Dior, un préautomne d’anthologie

Collection Dior automne 2021. Photos DR

Pas de défilé au bout du monde, mais une vidéo qui fait seule le tour du monde sans se déplacer. Une présentation Zoom aussi, pour ne pas déroger aux nouvelles mœurs ; la directrice artistique Maria Grazzia Chiuri qui joue à son tour les modèles et, forçant sa sobriété légendaire, ose une de ces robes imaginées pour d’autres, bustier Bar fendu qui laisse émerger le soutien-gorge en dentelle acidulée.

Étrange année vécue dans la solitude, année arrêtée où l’on a vu les déplacements devenir quasi illicites, le mouvement, la danse, les sorties, les regroupements, scandaleux. Où l’on a pris conscience de la valeur du temps et des choses, de la nécessité d’économiser les ressources, de protéger cette Terre irremplaçable.

Où l’on a rêvé surtout des époques de tous les possibles. Dior a imaginé un automne pas si lointain où la joie regagnerait les rues, où les villes s’animeraient à nouveau, où l’on pourrait se rejoindre. Dans cette saison jubilatoire, 74 ans de tendances et de créations se télescopent et la collection est une explosion de fluo, de léopard, de plumetis, de dentelle, de toile de Jouy, de cuir, de plastique, de textures métallisées or criard ou argent à facettes, où le pop’art, comme Warhol pastichant Uccello, embrasse la Renaissance et où, oh ! un petit dragon vert sorti d’un vieux jeu vidéo pixellisé squatte les diagonales normalement réservées à la toile monogramme.

Collection Dior automne 2021. Photos DR

« Let’s disco, let’s discover »

Les coupes impeccables dessinées par Monsieur Dior sont omniprésentes, imposant leur chic intemporel mais chahutées jusqu’au délire par un inconscient collectif impatient d’un retour à l’adolescence du XXe siècle, aux années Fiorucci qui soufflaient le Swinging London dans l’air milanais, aux années disco avec leurs nuits électriques et leur kitsch bienfaisant comme une pluie de paillettes après des mois d’enfermement et jusqu’aux codes de la K-Pop, phénomène musical sud-coréen devenu planétaire, notamment ici à travers le groupe féminin Blackpink qui met en lumière l’importance de la singularité, sur scène et dans la vie. Cette collection est ainsi façonnée par une philosophie pop transversale, de la pop anglaise de Richard Hamilton (l’un des initiateurs de l’exposition fondatrice «This Is Tomorrow » qui s’est tenue en 1956, à Londres, à la Whitechapel Gallery) au nouveau futurisme plutôt acide de Marco Lodola, en passant par les œuvres psychédéliques d’Andy Warhol.

Toutes les cultures du désir, de la liberté, de la nuit, de l’appropriation de soi, de la réconciliation avec l’image et le corps, de l’autodérision et de la création sans limites forment dans cette collection une fusion heureuse.

Collection Dior automne 2021. Photos DR

Le trench léopard de Mizza Bricard

Pour Maria Grazia Chiuri, imaginer une collection, c’est d’abord s’interroger sur les liens qu’elle tisse avec son époque. Cette ligne Fall 2021 est ainsi insufflée d’un double mouvement, de l’extérieur vers l’atelier.

Ce processus créatif commence avec l’emblématique trench tacheté en léopard imprimé, créé par Christian Dior dans les années 1950, qui n’est autre que la déclinaison du manteau de fourrure et des accessoires de l’une de ses muses et fidèles collaboratrices, Mizza Bricard. « Je pensais qu’une nature aussi singulière équilibrerait à merveille, par ses outrances inimitables, le tempérament trop raisonnable que je dois à mon hérédité normande », écrivait Monsieur Dior à son sujet dans son autobiographie. La mode devient une expérience à explorer, animée par la contingence. Ainsi, une série de tee-shirts blancs aux coupes et impressions multiples symbolise un journal de bord inspirant, un espace de liberté imaginaire. L’expérimentation dialogue avec la tradition. Le noir est un noir absolu. Le motif millefleurs s’imprime sur les velours de soie et révèle des effets irisés. La dentelle s’habille de tie and dye. Les broderies sont ornées de paillettes géantes, des disques miroirs à la surface stroboscopique. Les essentiels de Maria Grazia Chiuri comme les icônes Dior sont réinterprétés : de la veste Bar à l’anorak, de la robe chemise aux manteaux ; une collection conçue telle une prise de conscience, une nécessité de penser des stratégies, des vêtements et une identité, dotés d’une légèreté profonde portée par l’esprit pop, à la fois extrêmement énergique et hypersophistiquée.

Pas de défilé au bout du monde, mais une vidéo qui fait seule le tour du monde sans se déplacer. Une présentation Zoom aussi, pour ne pas déroger aux nouvelles mœurs ; la directrice artistique Maria Grazzia Chiuri qui joue à son tour les modèles et, forçant sa sobriété légendaire, ose une de ces robes imaginées pour d’autres, bustier Bar fendu qui laisse émerger le soutien-gorge...

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Il n'y a plus de Haute Couture en France.

Gerard Avedissian

19 h 38, le 06 janvier 2021

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Commentaires (1)

  • Il n'y a plus de Haute Couture en France.

    Gerard Avedissian

    19 h 38, le 06 janvier 2021

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