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Monde - Éclairage

S-400 : frappé a minima par Washington, Ankara a échappé au pire

Les sanctions américaines ont été ciblées, épargnant l’économie déjà chancelante de la Turquie.

S-400 : frappé a minima par Washington, Ankara a échappé au pire

Les Américains estiment que les missiles S-400 sont incompatibles avec les systèmes de l’OTAN dont la Turquie est membre. Dimitar Dilkoff/AFP

La Turquie a beau avoir réagi avec véhémence aux sanctions américaines liées à son acquisition d’un système de défense anti-aérienne russe, elle a pu échapper au pire du fait du caractère ciblé de ces représailles qui ont épargné son économie déjà chancelante, selon des experts.

Ces sanctions, que Washington agite depuis plusieurs années, ont été annoncées, qui plus est, par une administration Trump considérée comme conciliante envers Ankara qui évite ainsi d’avoir affaire sur ce dossier au prochain président Joe Biden dont les dirigeants turcs se méfient.

Les sanctions annoncées par Washington se limitent à l’interdiction de tout nouveau permis d’exportation d’armes à l’agence gouvernementale turque en charge des achats d’armement, le SSB, et empêchent à ses dirigeants de séjourner sur le sol américain.

Washington a invoqué une loi de 2017 dite « contrer les adversaires de l’Amérique à travers les sanctions » (Caatsa), qui prévoit notamment des sanctions automatiques dès lors qu’un pays conclut une « transaction significative » avec le secteur de l’armement russe.

« En dépit des risques encourues à court terme, la mesure prise par Trump est une bénédiction pour le président Recep Tayyip Erdogan », estime l’expert Emre Peker, du centre de réflexion Eurasia group, dans une note d’analyse. « En appuyant sur la gâchette, Trump a ôté un obstacle majeur à un redémarrage des relations (turco-américaines) sous Joe Biden », a-t-il ajouté, tout en estimant que l’industrie turque de la défense devrait pâtir de ces sanctions car elle est largement dépendante de fabricants occidentaux.

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Signe d’un certain soulagement sur les marchés, la livre turque, qui accumule les pertes depuis plusieurs mois, a à peine réagi après l’annonce américaine, alors que le principal indice de la Bourse d’Istanbul était en légère hausse à la mi-journée.

En attendant Biden

Selon Timothy Ash, analyste à BlueBay Asset Management, les sanctions américaines « semblent avoir été spécialement conçues par l’administration Trump pour limiter leur impact sur l’économie turque et les marchés ». « Si l’on tient compte de l’éventail de sanctions qui auraient pu être imposées et si on considère que sur une échelle de 1 à 10 celles visant l’Iran sont à 10 et celles contre la Russie sont à 3, alors celles-ci (visant la Turquie) sont en-dessous de 0,5 », estime-t-il. « La bonne nouvelle pour les marchés est que la question des sanctions a été évacuée et cela ouvre la voie à Biden pour remodeler les relations bilatérales quand il prendra ses fonctions », ajoute-t-il.

Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d’Ankara de l’institut américain German Marshall Fund, estime que « l’incertitude » qui a régné pendant plusieurs mois sur l’étendue des sanctions américaines à venir avait déjà pénalisé l’économie turque.

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Il convient toutefois que la Turquie a échappé à des sanctions plus dures « comme une exclusion du circuit de virement bancaire international Swift ou des mesures contre les banques impliquées dans la transaction (d’achat d’armes) avec la Russie ». « Je pense que c’est beaucoup mieux pour la Turquie que ces sanctions aient été décidées pendant les derniers jours de l’administration Trump. Maintenant Erdogan peut choisir entre ouvrir une nouvelle page avec Biden ou l’escalade », ajoute-t-il.

Washington a aussi laissé la porte ouverte au dialogue avec la Turquie. « Nous regrettons beaucoup que ce3a ait été nécessaire et nous espérons vraiment que la Turquie va coopérer avec nous pour régler le problème du S-400 », a indiqué à la presse le secrétaire d’État adjoint chargé de la Sécurité internationale et la prolifération, Christopher Ford.

La menace de sanctions américaines planait sur la Turquie depuis qu’elle a pris livraison du système de missiles russe l’an dernier, mais le président Donald Trump, qui entretient de bons rapports personnels avec M. Erdogan, s’était abstenu jusqu’ici de les déclencher.

Or le Congrès a approuvé vendredi dernier à une large majorité la loi de financement du Pentagone qui contient une mesure donnant 30 jours à l’exécutif pour sanctionner Ankara pour les S-400, des missiles incompatibles avec les systèmes de l’OTAN dont la Turquie est membre.

Ezzedine SAID/AFP

La Turquie a beau avoir réagi avec véhémence aux sanctions américaines liées à son acquisition d’un système de défense anti-aérienne russe, elle a pu échapper au pire du fait du caractère ciblé de ces représailles qui ont épargné son économie déjà chancelante, selon des experts.Ces sanctions, que Washington agite depuis plusieurs années, ont été annoncées, qui plus est,...

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Mais les États Unis sont toujours dans l'OTAN ?

Eleni Caridopoulou

17 h 38, le 16 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • Mais les États Unis sont toujours dans l'OTAN ?

    Eleni Caridopoulou

    17 h 38, le 16 décembre 2020

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