Les Etats-Unis ont annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre le président tchétchène Ramzan Kadyrov et sa force paramilitaire, accusés de "violations grossières" des droits humains en Tchétchénie. "M. Kadyrov et les forces qu'il commande, surnommées les Kadyrovtsy, sont impliqués dans le meurtre de Boris Nemtsov (...) et dans d'autres violations grossières des droits humains", a affirmé dans un communiqué le ministère américain du Trésor. Ancien vice-Premier ministre devenu opposant au président Vladimir Poutine, Boris Nemtsov a été tué par balles en 2015 à Moscou. Plusieurs suspects originaires du Caucase du Nord ont été arrêtés mais la vérité n'a jamais vraiment été établie.
Ramzan Kadyrov tient d'une main de fer depuis plus de dix ans la république russe du Caucase, musulmane et conservatrice, ravagée par deux conflits séparatistes à la fin des années 1990. Le dirigeant de 44 ans, interdit de séjour aux Etats-Unis depuis juillet dernier, a déjà fait l'objet de sanctions américaines en 2017.
Mais depuis, "les Kadyrovtsy, sous la direction de M. Kadyrov, ont continué leurs scandaleuses activités, comme l'enlèvement, la torture et le meurtre de membres de la communauté LGBTI" en Tchétchénie, point le Trésor. Cette puissante et redoutée milice personnelle de Ramzan Kadyrov, depuis intégrée aux forces régulières, est aussi accusée par les autorités américaines "d'enlèvements illégaux, de torture, d'exécutions extrajudiciaires et d'autres violations, dont la détention de journalistes et de militants".
Outre M. Kadyrov, six sociétés enregistrées en Russie lui étant liées font l'objet de sanctions, dont le club de football FC Akhmat et l'organisation de combats d'arts martiaux mixtes Absolute Championship Akhmat. Cinq membres de l'entourage du président tchétchène ont également été sanctionnés. Ramzan Kadyrov a dénoncé sur sa chaîne Telegram "l'hypocrisie" des Etats-Unis après les nouvelles sanctions. "Il n'y a qu'un mot pour ça: la +débilité+, car il n'y a jamais rien eu d'aussi absurde dans l'histoire de l'humanité", a-t-il écrit. "Je ne suis pas surpris ni effrayé par ces événements. Ces sanctions n'ont aucun effet sur la république tchétchène et son développement", a-t-il ajouté.
Ces sanctions interviennent à l'occasion de la Journée internationale des droits humains, ce jeudi. Elles sont prises dans le cadre de la loi dite "Magnitsky", du nom d'un avocat russe mort en détention, qui vise à lutter contre la corruption et les atteintes aux droits humains. Outre ces entités tchétchènes, le Trésor a aussi visé trois anciens responsables policiers et politiques en Haïti, impliqués selon Washington dans une attaque meurtrière de gangs contre le bidonville de La Saline à Port-au-Prince en novembre 2018. Cinq responsables rebelles Houthis, dont les forces se sont emparées de la majeure partie du nord du Yémen, sont également sanctionnés pour avoir eu recours à la détention arbitraire et à la torture.
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