Commentant hier dans son homélie dominicale la visioconférence, tenue le 2 décembre, de soutien humanitaire au Liban, coprésidée par la France et les Nations unies, le patriarche maronite Béchara Raï a « regretté l’absence intentionnelle de toute mention de l’État libanais » qui l’a marquée. « La chose la plus inquiétante à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui est que le monde ne traite plus avec le Liban en tant qu’État, mais avec le peuple libanais comme un peuple en détresse à qui des secours sont distribués », a alerté le dignitaire religieux maronite. « Où est le Liban de la prospérité et de la gloire ? Comme il est aussi triste de constater que la déclaration finale de la conférence de Paris a évité de mentionner le mot “État libanais” en s’adressant uniquement au peuple libanais. Les responsables libanais n’ont-ils pas honte ? » s’est-il indigné. Béchara Raï a aussi critiqué la lenteur de l’enquête locale sur la double explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth, estimant que plus celle-ci tarde à donner des résultats, plus les suspicions augmenteront. « Que fait la justice pour faire la lumière sur l’explosion au port de Beyrouth, quatre mois plus tard, et quelle justice a été rendue aux familles des victimes et aux sinistrés ? Quatre mois se sont écoulés et les Libanais ne savent rien des résultats de l’enquête », a regretté le prélat. « Plus la vérité tarde à éclater, plus les questions et les suspicions augmenteront, d’autant plus que ce retard s’accompagne d’assassinats de personnes chargées de la sécurité dans des circonstances suspectes, dont le plus récent a eu lieu à Qartaba il y a trois jours », a poursuivi Béchara Raï. Le corps d’un colonel à la retraite des douanes libanaises, Mounir Abourjeily, tué dans des circonstances suspectes, a en effet été retrouvé mercredi à son domicile à Qartaba (Jbeil). Certains ont fait le rapprochement avec la mort suspecte en 2017 d’un autre officier des douanes du port, le colonel Joseph Nicolas Skaff, sous les ordres duquel a travaillé le colonel Abourjeily.
« D’autre part, il y a des problèmes autour des prérogatives judiciaires, comme si les personnes impliquées dans l’enquête se rejetaient la responsabilité les unes les autres », a encore fustigé le patriarche maronite. « Les Libanais ont le droit de savoir qui a fait exploser le port de leur pays et détruit une partie de leur capitale. Le silence est parfois synonyme de suspicion et le retard est synonyme de silence », a-t-il dit.
Le retard gouvernemental
Enfin, le patriarche est revenu sur le retard dans la formation du gouvernement. « Y a-t-il une justification pour ne pas former un nouveau gouvernement qui redresserait le Liban, arrivé à son niveau le plus bas sur les plans économique, financier, social et sécuritaire, et qui le ramènerait au rang des nations ? Où est leur conscience individuelle et où est leur conscience nationale ? » s’est-il interrogé, en allusion aux responsables politiques. « (...) Quelles que soient les véritables raisons qui retardent l’annonce d’un nouveau cabinet, nous appelons le président de la République et le Premier ministre désigné à faire fi de toutes ces raisons et à former une équipe de sauvetage exceptionnelle, en dehors du système de partage des quotes-parts. »
commentaires (2)
Vous avez raison votre éminence mais qui vous écoute , meme les chrétiens sont contre vous , Bassil et comp.????
Eleni Caridopoulou
20 h 06, le 07 décembre 2020