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Avec la crise au Liban, des basketteurs pro raccrochent le maillot

"Autrefois de nombreux expatriés rentraient pour jouer dans les clubs de première division. Aujourd'hui vous ne pouvez convaincre aucun joueur de venir", reconnaît l'entraîneur libanais Ghassan Sarkis qui va émigrer vers un pays du Golfe.

Avec la crise au Liban, des basketteurs pro raccrochent le maillot

Des joeuurs des clubs libanais Riyadi et Sagesse, lors d'un match du championnat libanais de basketball à Beyrouth, le 17 juin 2014. Photo d'archives AFP

Héros national dans un pays qui adule le basketball, Charles Tabet a abandonné à contre-cœur sa carrière de joueur professionnel au Liban, pays en plein effondrement économique, pour aller vendre des voitures aux Etats-Unis. Après une décennie consacrée au basket dans son pays d'origine, le libano-américain de 33 ans né aux Etats-Unis a retrouvé son Etat du Michigan pour se lancer dans sa nouvelle carrière. "J'ai vendu ma première voiture aujourd'hui", a-t-il récemment annoncé sur les réseaux sociaux, postant une photo de lui. Yeux rieurs et les deux pouces levés, il y pose du haut de ses 2 mètres au côté de sa cliente qui vient d'acheter un 4X4 blanc.

Le basketball est l'un des sports favoris des Libanais, au point même de rivaliser avec le football. Si le pays n'a jamais pu être sélectionné pour la Coupe du monde de football, son équipe nationale a participé en 2002, 2006 et 2010 à la Coupe du monde de basketball, remportant même une victoire face à la France. Les basketteurs pro étaient même mieux payés que les footballeurs.

Mais avec la crise économique d'une gravité sans précédent au Liban -explosion du chômage, dépréciation historique de la monnaie nationale, restrictions bancaires inédites sur les retraits- les sportifs ont eux aussi choisi de quitter le pays, comme une grande partie de la jeunesse libanaise. "Prendre ma retraite n'était pas une décision facile", reconnaît M. Tabet. "Cela fait dix ans que je joue au Liban, j'ai beaucoup d'amis que je considère aujourd'hui comme ma famille." Son frère, directeur financier d'un grand concessionnaire automobile, l'a encouragé dans son revirement, dit-il. "Au final, le basket c'était une manière pour moi de vivre et de faire vivre ma famille. Avec la crise économique, c'est mieux de commencer une carrière aux États-Unis."

"Pas d'espoir"

Au total, quatre joueurs de haut niveau ont jeté l'éponge au Liban. Le binational Daniel Faris, 33 ans, est rentré au Nouveau Mexique aux Etats-Unis, pour travailler dans la vente d'équipements médicaux. Le Libanais d'origine arménienne âgé de 25 ans Gerard Hadidian est parti, lui, pour rejoindre une équipe arménienne. Et si Elie Chamoun, 26 ans, est resté au Liban, il a troqué son maillot pour un costume de consultant.

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Car l'année écoulée, qui a vu la suspension des matchs de première division, aura été infernale. Il y a eu le mouvement de contestation inédit contre une classe politique jugée corrompue et incompétente déclenché en octobre 2019, suivi des restrictions bancaires drastiques, de la crise sanitaire dû au nouveau coronavirus et enfin de l'explosion meurtrière et dévastatrice du 4 août au port de Beyrouth, qui a traumatisé la nation.

Dans ce contexte, même si l'équipe nationale participera à la Coupe d'Asie 2021, l'entraîneur libanais Ghassan Sarkis n'est pas optimiste. "Autrefois de nombreux expatriés rentraient pour jouer dans les clubs de première division. Aujourd'hui vous ne pouvez convaincre aucun joueur de venir, vu la situation dans le pays", reconnaît-il. "La majorité des joueurs on perdu tout espoir." A l'instar de trois autres entraîneurs, M. Sarkis va lui aussi émigrer vers un pays du Golfe, après avoir mené plusieurs clubs libanais de victoires en victoires.

"Plus une priorité"

Capitaine de l'équipe nationale, Elie Rostom confirme que de nombreux joueurs sont à la recherche d'un plan B. "La situation empire. On cherche la moindre opportunité pour quitter le sport." Depuis plusieurs années, le secteur traverse des difficultés et avec l'aggravation de la crise économique, de nombreux clubs peinaient à payer leurs joueurs, explique-t-il. Certaines "stars" pouvaient gagner jusqu'à 250.000 dollars par saison, selon des informations de presse.

Associé dans plusieurs restaurants de Beyrouth, M. Rostom a lui-même trouvé un emploi dans une compagnie immobilière. "Pour moi, le basket n'est plus une priorité." Un brin sentimental, il reste toutefois avec l'équipe nationale, "pour brandir haut le nom de mon pays, et rappeler au public l'existence de ce sport".

Héros national dans un pays qui adule le basketball, Charles Tabet a abandonné à contre-cœur sa carrière de joueur professionnel au Liban, pays en plein effondrement économique, pour aller vendre des voitures aux Etats-Unis. Après une décennie consacrée au basket dans son pays d'origine, le libano-américain de 33 ans né aux Etats-Unis a retrouvé son Etat du Michigan pour se...

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J’ai le goût de pleurer. , on a tout perdu!

Robert Moumdjian

05 h 30, le 14 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • J’ai le goût de pleurer. , on a tout perdu!

    Robert Moumdjian

    05 h 30, le 14 décembre 2020

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