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Agenda - Communiqué de presse

Lauréat de la Renaissance française, Alexandre Najjar dédie sa médaille d’or à Beyrouth

Lauréat de la Renaissance française, Alexandre Najjar dédie sa médaille d’or à Beyrouth

Alexandre Najjar entouré de l’ambassadeur Adwan, de Denis Fadda, de l’académicien Gabriel de Broglie et de Pierre Gény.

C’est au cours d’une cérémonie tenue le 15 octobre, rue La Pérouse à Paris, que la médaille d’or de la Renaissance française a été remise à Alexandre Najjar pour l’ensemble de son œuvre, en présence d’académiciens, de l’ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, et du président de la délégation de la Renaissance française au Liban, Ibrahim Tabet.

Après un mot de bienvenue de Pierre Gény, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences d’outre-mer, le président de la Renaissance française, le professeur Denis Fadda, a pris la parole pour retracer le parcours du récipiendaire de cette médaille qui a été attribuée par le passé à l’Algérien Boualem Sansal, l’Écossais Kenneth White, le Belge Jacques De Decker, le Grec Vassilis Alexakis, le Japonais Akira Mitsubayashi et le Turco-Suisse Metin Arditi : « Au moment où le Liban qui nous est si cher – ce pays aux 17 civilisations et aux 18 communautés, comme vous aimez à le rappeler – souffre tant, nous avons la satisfaction que votre talent mette à l’honneur un Libanais. Avec vous, c’est au Liban tout entier que nous tenons à rendre hommage aujourd’hui », a-t-il notamment déclaré, avant de passer en revue les ouvrages de l’écrivain et de saluer l’importance de L’Orient littéraire. Le chancelier Gabriel de Broglie, membre de l’Académie française et président d’honneur de la Renaissance française, a ensuite prononcé une allocution en hommage au lauréat :

« Je suis impressionné et heureux d’intervenir au nom de la Renaissance française pour honorer un homme exceptionnel par ses qualités personnelles, par la place qu’il occupe au sein de son pays et au sein de la francophonie, et pour honorer un pays également exceptionnel qui traverse des circonstances tragiques au cours d’une longue période de dérèglement. Cette cérémonie a pour nous une grande importance parce qu’elle a pour héros une personnalité d’envergure et qu’elle est l’occasion d’exprimer mon attachement à un pays qui nous est cher, en présence de S.E.M. l’ambassadeur du Liban. » S’adressant à Alexandre Najjar, il a déclaré : « Vous êtes né amoureux de la langue française. Vous avez été un enfant poète. Vous avez parcouru tous les champs de la création littéraire et audiovisuelle... Vos activités couvrent bien d’autres domaines culturels, juridiques, administratifs, journalistiques, de mécénat, vous êtes un militant de l’indépendance du Liban et d’une francophonie ouverte, de dialogue des cultures, mais aussi de la qualité de la langue française... Vous illustrez le Liban, vous êtes un pont entre le Liban et le France, vous êtes un auteur français et un acteur majeur de la francophonie. » Évoquant la visite du président Macron au Liban, il a dit « apprécier que le président de la République française se soit porté aussitôt sur la terre même du Liban pour offrir le concours de la France, et son action en faveur de la reconstruction, du redressement, de la réforme, avec l’accord de l’opinion en France, conforme à la prédilection toujours affirmée de notre pays pour le Liban. Mais qui peut gérer le redressement et appliquer les réformes ? Nous assistons tous à ce moment crucial avec beaucoup d’attention, d’inquiétude et d’espoir car nous avons tous une relation particulière avec votre pays, sa diversité, sa complexité, son ouverture, son accueil ».

Le récipiendaire a conclu par un mot de remerciement et dédié sa médaille à Beyrouth : « Cette médaille d’or représente une nouvelle reconnaissance de l’apport du Liban à la francophonie et à la littérature, et une confirmation de son rayonnement culturel en dépit des vents contraires. Le 4 août dernier, ma ville natale, Beyrouth, a été détruite par une explosion d’une violence inouïe qui a causé la mort de 200 personnes et blessé 6 000 concitoyens, sans compter les milliers de maisons détruites. À ma ville ravagée, je voudrais dédier la médaille que je reçois aujourd’hui. Je voudrais lui faire part de mon amour et de ma fidélité, lui dire qu’elle connaîtra bientôt la renaissance et qu’elle se relèvera certainement, parce qu’elle a toujours été courageuse et digne – elle l’a prouvé pendant les 15 années de guerre qui l’ont meurtrie et coupée en deux à la manière de Berlin avant la chute du mur. »

Il a ensuite considéré que « la réception de cette médaille d’or est aussi pour moi un encouragement, parce qu’elle couronne mon travail assidu comme écrivain et responsable de L’Orient littéraire et mon engagement depuis plus de 35 ans au service de la culture et de la langue françaises. J’aimerais ajouter que l’idée de renaissance m’a toujours enthousiasmé. Toute renaissance a besoin, pour prospérer, de rebelles et de militants qui arrachent ce que Gebran Khalil Gebran appelait “les dents avariées” et qui restaurent ce qui est abîmé ou corrompu pour faire évoluer l’humanité. En France comme au Liban, nous avons besoin d’écrivains, d’intellectuels, d’artistes aux idées neuves pour repenser le monde et redéfinir les priorités à l’heure où la pandémie est venue nous donner des leçons d’humilité et de sagesse en nous rappelant la nécessité de préserver la santé publique et l’environnement, et l’importance de développer l’intelligence humaine, la solidarité et l’empathie au lieu de laisser l’intelligence artificielle dominer notre civilisation. À la fin du XIXe siècle, une Renaissance arabe, baptisée al-Nahda, est venue dépoussiérer la culture et la langue arabes. J’estime qu’une nouvelle

Nahda est indispensable aujourd’hui dans ce monde arabe désuni, sclérosé, miné par l’obscurantisme, le laisser-aller, la corruption et le totalitarisme de certains régimes. Elle est également nécessaire au niveau de la francophonie qui, en réunissant les pays ayant la langue française en partage, constitue, selon le mot du président Charles Hélou –

qui en fut l’un des piliers –, “un merveilleux instrument de dialogue interculturel”. La francophonie n’est ni une coquille vide ni une vue de l’esprit. Elle correspond à une réalité tangible, mais elle a besoin, pour mieux relever les défis de notre siècle et accompagner la croissance démographique en Afrique francophone, de se doter de moyens plus conséquents et d’une stratégie plus offensive. En recevant cette médaille d’or de la Renaissance française, je formule le vœu que cette double renaissance, arabe et francophone, puisse bientôt voir le jour afin que la diversité culturelle, dans le respect des identités, jugule la mondialisation sauvage qui entend imposer au monde une pensée unique véhiculée par une langue unique... »

C’est au cours d’une cérémonie tenue le 15 octobre, rue La Pérouse à Paris, que la médaille d’or de la Renaissance française a été remise à Alexandre Najjar pour l’ensemble de son œuvre, en présence d’académiciens, de l’ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, et du président de la délégation de la Renaissance française au Liban, Ibrahim Tabet.Après un mot de...