Un prix pour la militante saoudienne Loujain Al Hathloul toujours en détention

La militante saoudienne emprisonnée dans son pays Loujain Al-Hathloul s'est vu attribuer vendredi, en France, le Prix Liberté décerné par un jury international de 5.500 jeunes et remis à deux membres de sa famille.

"Loujain (...) vous n'avez que 31 ans et vous avez déjà expérimenté la barbarie. Vous avez été jetée en prison et torturée car vous conduisiez une voiture dans votre pays, l'Arabie Saoudite", a déclaré à la remise du Prix, Charles Norman Shay, un vétéran amérindien qui avait débarqué en Normandie le 6 juin 1944. "Grâce à votre sacrifice aujourd'hui, les femmes sont autorisées à conduire en Arabie Saoudite, un progrès très important", a-t-il ajouté dans une vidéo retransmise au siège de la Région Normandie.

Le prix attribué par un jury de 5.500 jeunes de 15 à 25 ans de 81 pays a été remis à deux sœurs de Loujain Al Hathloul, devant un public de 1.000 personnes qui a longuement applaudi debout. Le jury était présidé par le journaliste Emmanuel Davidenkoff.

Loujain "est toujours incarcérée, simplement parce qu'elle refuse de signer un papier disant qu'elle n'a pas subi de mauvais traitement dont pourtant elle a été victime", a ajouté Bertrand Deniau, vice-président de la Région, organisatrice du prix dans le cadre du Forum mondial pour la paix qui se tient jeudi et vendredi à Caen (nord).

"Ce prix là, c'est très très important. Quand on lui a annoncé, on a immédiatement senti que ça lui donnait des ailes pour son combat (...) Voir le nom de Loujain dans la presse française, ça nous aide", a déclaré la sœur aînée de la militante, Alia Al Hathloul, après avoir dénoncé un "affaiblissement" des institutions depuis 2015 dans son pays où "même les juges ont peur". Mme Al Hathloul a aussi fustigé des réformes de façade destinées seulement à améliorer "l'image" de Riyad auprès de ses alliés occidentaux comme la France ou les Etats-Unis, et qui "n'ont d'impact que pour les femmes qui ont comme nous des parents compréhensifs".
Loujain "est en prison dans des conditions funestes", a ajouté sa cadette, Lina Al Hathloul. "Le rétrécissement de l'espace des droits humains, y compris au sein des sociétés démocratiques, est une réalité", a-t-elle aussi averti.

Le prix a été remis vendredi, deux ans jour pour jour après l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018, par des agents de son pays qui, selon Riyad, agissaient sans avoir reçu d'ordre de leurs supérieurs, dans le consulat saoudien à Istanbul.