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Société - Covid-19

Les contaminations dans les prisons augmentent à un rythme alarmant

Outre le problème de la surpopulation carcérale, beaucoup de détenus refusent de se conformer aux mesures de précaution, affirme une source de sécurité.

Les contaminations dans les prisons augmentent à un rythme alarmant

Le coronavirus se multiplie dans les prisons. Photo DR

Dans les prisons, les contaminations au coronavirus se multiplient désormais à une allure inquiétante. De 13 cas détectés le week-end dernier parmi les détenus, le nombre total a atteint 228 hier. Serait-on arrivé à la situation incontrôlable contre laquelle de nombreux spécialistes avaient mis en garde dès l’apparition du Covid-19 en février ? Pour tenter de réduire la surpopulation carcérale, principal facteur de propagation, la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, s’était pourtant mobilisée dès le départ. Sept mois plus tard, le paysage est toujours désolant, vu à travers des vidéos qui montrent des cellules bondées de prisonniers étendus ou assis au coude-à-coude. Les démarches de la ministre ne semblent donc pas avoir abouti à des résultats probants, ni d’ailleurs les plans d’intervention établis par les ministères de la Santé et de l’Intérieur. L’entrée du coronavirus dans les prisons a été officiellement annoncée samedi par le ministre de la Santé Hamad Hassan, tandis que les rapports officiels font état chaque jour d’une prolifération de cas à un rythme vertigineux. Tant que le taux d’occupation des prisons reste important, il sera très difficile d’endiguer l’épidémie. C’est en substance ce que laisse penser un médecin qui œuvre dans des établissements pénitentiaires. Une prison n’est pas une maison de repos ou un hôpital, indique-t-il à L’Orient-Le Jour, comme pour noter qu’il est très difficile d’empêcher une intrusion et une multiplication du virus à l’ombre d’une promiscuité hors normes. Une source des Forces de sécurité intérieure (FSI) se félicite pourtant du fait que le premier cas de Covid-19 n’a été détecté parmi les détenus que le 11 septembre, soit près de 7 mois après le premier cas apparu au Liban. Il s’agit d’une performance réalisée au prix d’efforts soutenus et d’actions méthodiques, soutient la source. Elle indique dans ce cadre que tous les agents des services de sécurité travaillant au sein des prisons avaient reçu dès février des instructions du ministère de l’Intérieur leur enjoignant de veiller à la sécurité sanitaire des prisonniers, considérés comme des citoyens à part entière. Et d’affirmer que les actions de prévention et d’intervention sont menées selon un plan mis sur pied en coordination avec des organisations internationales telles que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Programme de développement des Nations unies (PNUD), l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), la Croix-Rouge libanaise (CRL) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi qu’avec les conseils des ordres des avocats et des médecins de Beyrouth et Tripoli.

Un bâtiment pour l’isolement et le confinement

La source précitée affirme que, conformément aux critères et mesures adoptés par les organisations sanitaires internationales, tous les lieux ont été aseptisés et les précautions prises. Les visites dans les parloirs ont été remplacées par des rencontres se déroulant derrière des vitres et au moyen d’interphones. Toute personne qui entre dans l’enceinte d’une prison est soumise à une prise de température et à un questionnaire sur d’éventuels symptômes. Pour que leur immunité soit préservée, les détenus âgés, handicapés ou atteints de maladies chroniques ont été regroupés dans des cellules à part. À Roumieh, un bâtiment est désormais consacré à l’isolement des prisonniers soupçonnés de porter le virus, ainsi que de ceux testés positifs au PCR mais ne présentant pas de graves symptômes, et enfin des patients guéris qui attendent la confirmation médicale de leur guérison. Les cas graves sont hospitalisés, à l’instar de trois prisonniers transportés il y a quelques jours à l’hôpital.

Alors pourquoi cette soudaine flambée de l’épidémie ? Le bâtonnier de Beyrouth Melhem Khalaf déplore pour commencer « un blocage » causé par un litige entre les FSI et la direction de l’hôpital de Dahr el-Bachek, sur fond de factures impayées. Pour M. Khalaf, cet établissement hospitalier, situé à quelques minutes de la prison de Roumieh, devrait être mieux équipé et habilité à desservir le plus grand nombre de détenus malades. Or à l’heure actuelle, ceux-ci sont transportés à l’hôpital Élias Hraoui (Zahlé) et à un autre hôpital situé à Tripoli, tous deux très éloignés. Pour ce qui est des mesures d’isolement et de confinement dont se félicite la source de sécurité précitée, M. Khalaf estime qu’elles ne sont pas suffisantes, doutant que le bâtiment destiné à cette fin puisse accueillir 228 malades. Le bâtonnier réclame par ailleurs que tous les prisonniers et gendarmes soient soumis à des tests de détection, de sorte à venir à bout de la propagation du coronavirus. À cela, la source sécuritaire répond que nombre de prisonniers refusent de se faire tester, dans un souci de faire pression pour l’adoption d’une loi d’amnistie générale. Samedi, lorsque le premier cas a été annoncé, de nombreux détenus se sont mis à s’embrasser, ajoute-t-elle. Lors d’une réunion tenue hier à l’ordre de médecins, sous la présidence de Charaf Abou Charaf, un responsable de santé à la prison de Roumieh a affirmé dans le même sens que les prisonniers ne respectent pas les mesures de prévention.

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Quant aux efforts menés au niveau du ministère de la Justice, ils s’articulent sur la nécessité de réduire la surpopulation carcérale. Interrogée par L’OLJ, Marie-Claude Najm indique qu’elle avait présenté un projet de loi pour exonérer du paiement des pénalités tous les prisonniers ayant effectué la totalité de leur peine sans avoir pu s’en acquitter. Le texte a été approuvé en Conseil des ministres, mais déféré au Parlement depuis le 20 mars, il n’a toujours pas été voté, déplore-t-elle. Melhem Khalaf note à cet égard que le conseil de l’ordre des avocats de Beyrouth a pu régler 478 amendes dues, favorisant ainsi des centaines de remises en liberté. Par ailleurs, et grâce à une étroite coordination entre Mme Najm, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et l’ordre des avocats, de multiples demandes de remise en liberté de ceux qui attendent d’être interrogés s’effectuent depuis 6 mois par voie électronique. Selon M. Khalaf, 780 personnes arrêtées ont été relâchées par ce moyen. Il reste qu’il y a encore beaucoup à faire au point de vue juridique et judiciaire pour trouver une solution au grand problème de la surpopulation carcérale.

Quatre décès et 685 nouveaux cas

Quatre décès et 685 nouveaux cas de contamination au coronavirus ont été enregistrés au cours des dernières 24 heures, selon le bilan quotidien du ministère de la Santé. Cette hausse quotidienne du nombre de patients atteints du Covid-19 fait grimper à 26 768 le nombre de cas cumulés depuis l’apparition de la pandémie dans le pays en février, dont 263 décès. Au total, 10 217 patients se sont rétablis, alors que 454 personnes sont encore hospitalisées, dont 128 en soins intensifs.

À Saïda, dans le Liban-Sud, le siège du conseil municipal de la ville, ainsi que les sièges locaux d’Électricité du Liban, du service du statut personnel et des Finances ont été fermés après la détection de plusieurs contaminations parmi les fonctionnaires de ces services, selon notre correspondant sur place Mountasser Abdallah. Le responsable du centre de gestion de crise du coronavirus à Saïda, Moustapha Hijazi, s’est inquiété de la hausse du nombre de cas enregistrés dans la localité : plus de 300 et cinq décès.

Il y a deux semaines, le gouvernement sortant avait décidé de rouvrir quasiment l’ensemble des secteurs du pays, alors même que les nouveaux cas et le nombre de décès s’envolent depuis plusieurs semaines. Conformément à la décision du ministère de l’Intérieur, les boîtes de nuit, les cinémas et les théâtres, ainsi que les marchés en plein air, les jardins publics, les salles des fêtes, le Casino du Liban, les cybercafés et les salles de jeux électroniques ont pu rouvrir. Jeudi, le ministère a également permis la réouverture des salles de jeux intérieures pour enfants, à 50 % de leur capacité. Cependant, les piscines et les terrains de sport couverts, ainsi que les parcs d’attraction en intérieur restent fermés. Quant au couvre-feu, ses horaires restent les mêmes, de 1h à 6h le lendemain.

Dans les prisons, les contaminations au coronavirus se multiplient désormais à une allure inquiétante. De 13 cas détectés le week-end dernier parmi les détenus, le nombre total a atteint 228 hier. Serait-on arrivé à la situation incontrôlable contre laquelle de nombreux spécialistes avaient mis en garde dès l’apparition du Covid-19 en février ? Pour tenter de réduire la...

commentaires (2)

DANS QUEL PAYS C,EST CA ? Y A-T-IL UN PAYS EN CETTE PLACE ?

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 42, le 18 septembre 2020

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Commentaires (2)

  • DANS QUEL PAYS C,EST CA ? Y A-T-IL UN PAYS EN CETTE PLACE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 42, le 18 septembre 2020

  • Ils vont finir par résoudre le problème de surpopulation de Roumieh il at le COVID ! Quels vauriens , quels sous-hommes !

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 34, le 18 septembre 2020

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