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Société - Centenaire du Grand Liban

La plantation d’un cèdre à Jaj, un événement à forte connotation symbolique

Pour l’association Jouzour Loubnan, cette réserve naturelle incarne la résilience des Libanais et leur attachement à leur terre.


La plantation d’un cèdre à Jaj, un événement à forte connotation symbolique

Une vue panoramique de la réserve naturelle des cèdres de Jaj. Photo Magda Bou Dagher Kharrat

Outre son cachet symbolique, la plantation d’un cèdre à Jaj par Emmanuel Macron, à l’occasion du centenaire du Grand Liban, a eu le mérite de faire découvrir à un grand nombre de Libanais l’une de ses réserves naturelles les moins connues, un joyau de la région de Byblos.

Créée en 2014, la réserve est située dans le village de Jaj, dans les zones les plus élevées du caza de Jbeil, à une altitude de 1 650 mètres. Elle couvre une superficie de 20 ha et comprend des terrains appartenant à l’archevêché maronite. Une église datant de 1891 se réfugie sous les cèdres.

La présidente de l’association Jouzour Loubnan, coorganisatrice de l’événement, Magda Bou Dagher Kharrat, revient sur les préparatifs de cet événement fort en symboles : « Au début, le président français a eu l’idée de planter un cèdre à la Résidence des Pins, au cœur de Beyrouth, à l’endroit même où le Grand Liban a été proclamé en 1920. » Elle poursuit non sans une pointe d’humour : « S’il faut absolument tenir cet événement à la Résidence des Pins, alors autant planter un pin ! »

Pour l’association Jouzour Loubnan, planter un cèdre devrait se faire à l’endroit où il pousse naturellement. Après avoir proposé de planter le cèdre dans la réserve naturelle des cèdres de Jaj, l’ambassadeur de la France Bruno Foucher a visité la réserve et la décision a été ainsi prise. Pourquoi Jaj ? « Tout le monde ne le sait peut-être pas, mais l’histoire de la forêt des cèdres de Jaj s’apparente énormément à l’histoire du Liban et de son peuple », s’empresse de répondre Mme Bou Dagher Kharrat à L’Orient-Le Jour. Le choix de la réserve de Jaj par Jouzour Loubnan n’est donc pas fortuit.

« La réserve se distingue par ses 170 vieux cèdres, relique d’une forêt qui a énormément souffert », note Magda Bou Dagher Kharrat. Elle explique : « De par sa proximité de la ville de Byblos et par conséquent à la côte, la forêt a connu une déforestation historique massive au cours des siècles. » Du temps des Phéniciens, raconte-t-elle, les cèdres de Jaj étaient les premiers à être abattus et leurs bois transportés dans de grandes barques à destination des pays étrangers.

Selon la présidente de Jouzour Loubnan, ces 170 cèdres plusieurs fois centenaires incarnent la résilience des Libanais ainsi que leur attachement à leur terre natale. « Sans arbres, le sol s’érode mettant à nu la roche mère ; sans son peuple, le Liban se démantèle et son identité se dissipe », renchérit Mme Bou Dagher Kharrat. Et de poursuivre : « L’acte de planter un cèdre, l’emblème de notre pays à l’aube de son second centenaire, a une symbolique particulière : l’attachement des Libanais à leur terre. »

L’engagement de Jouzour Loubnan

Bien qu’elle soit méconnue d’un grand nombre de Libanais, la réserve naturelle de Jaj est au cœur de l’engagement de Jouzour Loubnan. L’activité de l’association s’étend sur tout le territoire libanais mais l’action qu’elle mène à Jaj lui tient à cœur. Dans le cadre d’un projet de recherche financé par le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF) auquel contribue notablement l’Agence française de développement, la faculté des sciences de l’Université Saint-Joseph pilote un programme d’inventaire et de valorisation de la flore et la faune de la réserve.

Magda Bou Dagher Kharrat, également directrice du laboratoire de la biodiversité et génomique fonctionnelle à la FS-USJ, travaille avec ses équipes depuis plusieurs années à la réserve de Jaj en étroite collaboration avec le comité de gestion. Elle se félicite d’avoir planté plus de 10 000 cèdres depuis 2019. « Afin de remédier à la régénération de la forêt vieillissante, des plantations de Cedrus libani sont conduites dans le cadre du programme Smart Adaptation of Forest Landscapes in Mountain Areas (SALMA) de la FAO, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture. »

« En outre, plus de 600 espèces de plantes ont été répertoriées jusqu’à maintenant, parmi lesquelles 46 espèces d’arbres et de nombreuses plantes endémiques du Liban et de la région qui se nichent dans des paysages rocheux exceptionnels », ajoute-t-elle avant de poursuivre : « Les sentiers seront balisés et la signalétique de la réserve sera préparée. » Et la responsable de conclure : « En ces temps de crise existentielle, économique et sanitaire, il est important de ne pas perdre de vue l’environnement et l’écologie ; si nous devions tout perdre, nous aurons au moins conservé notre terre. »

Outre son cachet symbolique, la plantation d’un cèdre à Jaj par Emmanuel Macron, à l’occasion du centenaire du Grand Liban, a eu le mérite de faire découvrir à un grand nombre de Libanais l’une de ses réserves naturelles les moins connues, un joyau de la région de Byblos. Créée en 2014, la réserve est située dans le village de Jaj, dans les zones les plus élevées du caza de...

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