Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a affirmé dimanche à l'issue d'une messe en hommage aux martyrs des Forces libanaises que "nous sommes confrontés à une crise existentielle (...) qui ne ressemble à aucune des crises que nous avons traversées depuis 1975" mettant notamment en cause l'accord de Mar Mikhaël conclu entre le Courant patriotique et le Hezbollah en 2006. M. Geagea a sévèrement critiqué le Hezbollah, soulignant qu'il est temps que le parti chiite "se place au service du Liban et non plus de la République islamique iranienne".
"Nous resterons, à Beyrouth, à Achrafieh, à Saïfi, à Rmeil (...). Ils restent attachés à leur chaise mais au final eux partiront et nous resterons. Nous resterons pour en finir de ce pouvoir corrompu, pour reconstruire ce que vous avez détruit, récupérer ce que vous avez pillé", a lancé M. Geagea au début de son discours. Affirmant que la double explosion du 4 août au port de Beyrouth est un "crime contre l'humanité" il a assuré que "ce crime ne restera pas impuni". "Parce que nous n'avons pas confiance dans le pouvoir, nous réclamons une enquête internationale transparente", a-t-il ajouté.
"Nous sommes confrontés à une crise existentielle, a mis en garde le chef des Forces libanaises. Une crise qui ne ressemble à aucune des crises que nous avons traversées depuis 1975. Une crise qui a assiégé tout un peuple, détruisant presque ses rêves et ses aspirations, son présent et son avenir, et lui a fait perdre confiance en son pays et ses dirigeants". "Cette crise est due à deux facteurs : d'une part, la violation de l'État, sa Constitution et ses institutions, et d'autre part, la corruption endémique". "L'Etat libanais, son armée, et son peuple sont les seuls réels défenseurs du Liban", a-t-il ajouté.
Pour M. Geagea "un mot magique résume toutes les raisons pour lesquelles nous en sommes là : l'accord de Mar Mikhaël". Cet accord conclu entre le chef de l'Etat Michel Aoun, alors qu'il était chef du Courant patriotique libre, et le Hezbollah, est selon M. Geagea "un accord entre deux partis pour garantir leurs intérêts aux dépens du Liban et des Libanais". "Au lieu que le Hezbollah entre dans le giron de l'Etat c'est l'Etat qui est entré dans le giron du Hezbollah et le Liban a plongé dans un isolement sans précédent", a dénoncé le chef des FL.
"Je m'adresse au Hezbollah clairement et avec responsabilité : où voulez-vous que la situation arrive au Liban ? Est ce que vous attendez que les Libanais meurent de faim, de maladie, ou étouffés dans des explosions suspectes? Il est temps de revoir les choix et les politiques, de revenir au Liban. Le Hezbollah doit remettre la décision de guerre et de paix à l'Etat. Il est temps de prendre la décision difficile de se mettre au service du Liban et des Libanais et non plus de la République islamique iranienne".
Elections législatives
S'adressant aux Libanais, M. Geagea a affirmé que c'est le moment de "prendre les décisions difficiles". "Les têtes criminelles et corrompues doivent tomber et elles tomberont", a-t-il dit. Selon lui, le premier changement doit se faire au Parlement et "c'est de la responsabilité des Libanais de provoquer ce changement et choisir ceux qui les représentent".
Selon lui "les élections législatives anticipées se dérouleront naturellement sur la base de la loi en vigueur, qui a requis beaucoup de temps et d'efforts (pour voir le jour) et ceux qui appellent à une nouvelle loi électorale servent les intérêts de ceux qui ne veulent pas que des élections aient lieu". M. Geagea a dans ce cadre mis en garde contre toute tentative de faire adopter une nouveau loi législative qui ne prendrait pas en compte la spécificité de la composition pluraliste du Liban". "Et quand l'heure de l'élection présidentielle sonnera, nous adopterons une position adéquate, et nous n'accepterons pas que l'échéance présidentielle soit soumise à des accords", a-t-il ajouté.
Il a dans ce cadre abordé l'accord de Meerab qu'il avait conclu avec M. Aoun et qui avait permis l'accession de ce dernier à la présidence de la République. Selon lui, cet accord "est d'abord une réconciliation historique". "Nous voulions que l'accord de Meerab soit le point de départ d'un partenariat chrétien-musulman avec le pouvoir. C'est une étape préliminaire sur la voie de la construction d'un État effectif, mais il s'est avéré que l'autre partie ne voulait que ce ne soit qu'un simple intérêt politicien", a-t-il dénoncé.
"Nous sommes les fils de la révolution".
En outre, pour M. Geagea, "avant qu'il y ait la révolution du 17 octobre (contre l'ensemble de la classe dirigeante), et la révolution du Cèdre il y avait la révolution de 1975 contre l'occupation, les armes illégales, la corruption, et son nom était Bachir Gemayel". "Nous sommes les fils de la révolution, ses petits-fils, ses frères, a-t-il martelé. Nous n'accepterons pas que quelqu'un fasse de la surenchère avec le patriotisme et la révolution".
Il s'en est aussi pris au slogan de la révolution du 17 octobre "tous c'est-a-dire tous" (kellon yaane kellon). "Non ce n'est pas tous, a-t-il dit. Si ce slogan concerne tous les corrompus, alors nous y sommes favorables, mais s'il concerne tous les politiciens, toutes les personnalités et tous les partisans, c'est alors un slogan injuste". "Les corrompus au Liban sont connus, ne perdez pas la boussole en généralisant", a-t-il lancé.
Constituante et décentralisation élargie
Concernant les appels à faire du Liban un Etat civil, un appel notamment lancé par le président Aoun, M. Geagea a indiqué "que nous vivons déjà un Etat civil sauf en ce qui concerne le statut personnel et de la répartition des postes au sein de l'Etat conformément à l'Accord de Taëf". "En ce qui concerne le statut personnel, la question a été soulevée à maintes reprises, et il s'avère que la majorité du peuple libanais préfère que son statut reste un statut personnel (et non civil), a-t-il indiqué. Et en ce qui concerne la répartition des postes au sein de l'Etat, cela n'a rien à voir avec l'Etat civil ou son absence, mais plutôt avec la composition du Liban".
"Dans tous les cas, nous sommes ouverts à toute discussion et dialogue répondant aux aspirations de l'opinion publique libanaise, a assuré le chef des FL. Si vous voulez une constituante, qu'il en soit ainsi, nous sommes diposés. Mais vous devez savoir qu'auquel cas, la décentralisation élargie sera au centre de cette constituante".
En conclusion, M. Geagea a souligné son soutien à Bkerké et au patriarche maronite Béchara Raï qui fait l'objet de critiques, notamment de la part du Hezbollah, alors qu'il appelle à l'adoption au Liban du principe de la neutralité active. "Bkerké dit vrai parce que Bkerké parle sans intérêt, a dit M. Geagea. Nous dénonçons et refusons les atteintes et accusations contre Bkerké". "La neutralité du Liban qui est exigée ne signifie pas la neutralité envers les causes arabes légitimes, a-t-il expliqué. Il s'agit de (la neutralité face à) la politique des axes et de la neutralité face à l'ingérence de certaines parties internes dans les guerres et conflits de la région".
commentaires (14)
Bravo Hakim pour votre lucidité, votre patriotisme qu’on vous déteste ou qu’on vous adules .... vous êtes le seul qui pourrait faire la différence ce qui c’est passer pendant et derrière nous et ceux qui vous ramène à ce passer eux mêmes n’ont pas encore tourner la page ce n’est plus à vous de justifier c’est à eux que revient Le Devoir de faire une rétrospective !! J’ose espérer Hakim que quand viendra le temps de prouver que vous n’avez rien détourner vous sereZ le premier à accepter qu’une enquêtée soit réalisée et que vous y participiez afin de lever tout doute
Bery tus
15 h 43, le 07 septembre 2020