Une ONG réclame la réouverture d'un poste-frontière en Syrie

Une ONG internationale a exhorté jeudi l'ONU à rouvrir un poste frontalier clé dans le nord-est de la Syrie, en proie à une flambée des cas de nouveau coronavirus, pour permettre l'acheminement d'aides médicales.

"Le Comité international de secours (IRC) appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à rouvrir d'urgence le point de passage d'al-Yaaroubia pour endiguer la propagation de la pandémie de Covid-19", a déclaré l'ONG dans un communiqué. Le poste d'al-Yaaroubia, à la frontière irakienne, a été fermé depuis le vote en janvier du Conseil de sécurité, sous pression russe, d'une résolution stoppant net l'aide transfrontalière, acheminée par l'ONU, à la région administrée par les Kurdes en Syrie. La fermeture, renouvelée en juillet, "a laissé des millions de personnes privées de médicaments et de produits de santé essentiels en pleine épidémie", a déploré le président de l'IRC, David Miliband.

Les autorités locales kurdes ont recensé jusqu'ici 478 cas de Covid-19, dont 28 décès. Mais l'IRC a averti que le nombre de contaminations serait beaucoup plus élevé sur le terrain, le taux de dépistage s'élevant seulement à 522 tests pour un million de personnes, contre 200.000 au Royaume-Uni.

L'ONG a critiqué la fermeture, toujours en vigueur, d'al-Yaaroubia malgré l'épidémie mondiale, dans une région équipée seulement de 13 respirateurs et qui manque d'équipements de protection (masques, etc.).

Dans son appel, l'IRC s'est dit notamment préoccupée par la situation dans le camp al-Hol, qui abrite des dizaines de milliers de personnes, y compris des familles de jihadistes du groupe Etat islamique (EI), évoquant des mesures d'hygiène "insuffisantes, un surpeuplement (...) et une capacité de personnel soignant limitée". Au cours de ce mois d'août, trois travailleurs sanitaires dans le camp ont contracté le virus, selon l'ONU, tandis que les autorités kurdes ont annoncé jeudi un autre cas.

La région souffre déjà d'une grave crise humanitaire, ainsi que de pénuries d'eau, de nourriture et de médicaments et de coupures de courant, en sus d'un ralentissement économique. Le nord-est de la Syrie avait été durement affecté par la guerre, déclenchée en 2011, avant même l'avènement de la pandémie.

Les forces kurdes ont été le fer de lance de la lutte contre l'EI, avant que la Turquie et ses supplétifs syriens ne s'emparent l'an dernier, à l'issue d'une offensive meurtrière, de plusieurs zones frontalières qui étaient sous leur domination.