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Culture - Beyrouth post-explosion

Jusqu’à quand continuera-t-il à dire adieu ?

Elle se tient debout sur l’avenue Charles Hélou qui relie le centre-ville à la banlieue est de la capitale. Face à la mer, dos aux immeubles, la statue de l’Émigré n’a pas bougé de place malgré le cataclysme qui a eu lieu le 4 août en fin d’après-midi.

Jusqu’à quand continuera-t-il à dire adieu ?

Entre les immeubles soufflés par les explosions du port de Beyrouth, la statue de l’Émigré libanais est restée miraculeusement intacte.

À Beyrouth, la statue en bronze de l’Émigré libanais (al-mughtarib al-lubnānī), vêtu de l’habit traditionnel (serwal et tarbouche), le regard tourné vers la mer, domine le port depuis l’avenue Charles Hélou. Elle est restée intacte malgré l’explosion du 4 août au port de Beyrouth.

Réalisée par l’artiste mexicain d’origine libanaise Ramis Barquet (ou Ramez Barakat) en 1979, ce n’est qu’en 2003 qu’une copie a été offerte au Liban par le Club libanais de Mexico, où la statue originale est déjà exposée.

L’émigration libanaise vers le Mexique remonte au XIXe siècle et se poursuit jusqu’à nos jours. La communauté mexicaine des Libanais d’origine qui contribue à la prospérité et au développement du pays, et très active sur les plans politique, culturel, artistique et intellectuel, est très appréciée par le pays. Elle compte plus de 600 000 personnes. Mais en dépit de sa longue histoire, ce n’est qu’au milieu du XXe siècle que les Libanais ont commencé à créer des clubs et des centres. « Le premier Centro Libanés a été inauguré en 1962 à Mexico City, sous le patronage du président Adolfo Lopez Mateos, qui prononça la fameuse phrase : “Que celui qui n’a pas d’ami libanais en cherche un.” »

La statue de l’Émigré face au site du port de Beyrouth et des silos dévastés. Photos Michel Sayegh

La sculpture a voyagé partout

Douze ans après l’inauguration du Centro Libanés de Mexico, son comité exécutif demande à un célèbre artiste d’origine libanaise, Ramis Barquet, de créer un monument à l’effigie des premiers immigrants afin de les honorer. Cette statue fut alors placée dans le jardin central du centre.

Depuis, ce monument a été reproduit dans diverses villes importantes du Mexique, comme Guadalajara, Veracruz et Puebla, et une réplique a également été installée à l’avenue Insurgentes, l’une des principales artères de Mexico City. Ce n’est qu’en 2003 que le Centro Libanés va commander une nouvelle statue, qui sera livrée au Liban. Elle fut ainsi placée au mois d’octobre de la même année sur l’avenue Charles Hélou, près du port de Beyrouth. En 2007, la statue de l’Émigré a été adoptée par l’Union libanaise culturelle mondiale (ULCM), et un monument similaire a été inauguré à Victoria, au Canada, où réside une importante communauté libanaise, puis en 2010 à Brisbane, en Australie, comme un signe de gratitude pour ce vaste pays qui a accueilli tellement de Libanais. « Au Liban et au sein de la diaspora libanaise, l’émigré est une figure ambivalente de l’imaginaire national », écrivait Benedict Anderson, dans un ouvrage intitulé Imagined communities, publié en 1983.

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D’une part, les transferts financiers des émigrés à leurs familles représentent une part considérable du produit national et les success stories de la diaspora dans le commerce, les sciences et les arts font connaître le « génie libanais » partout dans le monde. De l’autre, l’émigration est perçue comme une hémorragie des forces vives (plus particulièrement chez les jeunes) qui quittent le Liban pour se faire une place au soleil ailleurs en raison des crises et guerres qui ne font que déchirer le pays depuis 1975 et ne leur laissent aucun espoir de survie. Si la diaspora libanaise est estimée entre 3 et 4 millions de personnes (dont environ un million possèdent la nationalité libanaise – Verdeil et al., 2007), soit presque autant que la population libanaise au Liban, il faut espérer que son nombre ne s’élèvera pas encore plus avec tous les événements désastreux qui se succèdent dans cette région du monde. Ainsi l’émigré de l’avenue Charles Hélou n’aura plus à faire ses adieux à d’autres en partance et n’aura pas à verser des larmes qui viendront grossir les vagues de la Méditerranée qui s’étale à ses pieds.

À Beyrouth, la statue en bronze de l’Émigré libanais (al-mughtarib al-lubnānī), vêtu de l’habit traditionnel (serwal et tarbouche), le regard tourné vers la mer, domine le port depuis l’avenue Charles Hélou. Elle est restée intacte malgré l’explosion du 4 août au port de Beyrouth. Réalisée par l’artiste mexicain d’origine libanaise Ramis Barquet (ou Ramez Barakat) en...

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