Dans les décombres du port de Beyrouth, où les recherches des victimes de la double explosion du 4 août se poursuivent plus de deux semaines après le drame, les corps de Ghassan Hasrouty, un employé du port qui était porté disparu, et celui du pompier Joe Bou Saab ont été retrouvés. Deux personnes grièvement blessées ont également succombé à leurs blessures ces dernières heures, alourdissant le bilan des victimes à 181 morts au moins.
Elias el-Khoury, un adolescent de quinze ans originaire de Jdeydet Marjeyoun et qui habitait près du port de Beyrouth, est décédé mardi soir après deux semaines d'hospitalisation. Chaouki Merheb, la soixantaine, a également succombé à ses blessures et sera enterré aujourd'hui dans son village natal de Houmal, rapporte l'Agence nationale d'Information.
Par ailleurs, la famille de Ghassan Hasrouty, fonctionnaire qui travaillait à la maintenance des silos de céréales, a annoncé officiellement son décès dans la matinée de mercredi, après quinze jours de recherches menées par la Défense civile. Le syndicat des employés et ouvriers des silos de céréales a confirmé le décès de Ghassan Hasrouty, précisant que sept des employés des silos du port de Beyrouth avaient perdu la vie dans l'explosion. La Défense civile a confirmé dans la journée que les recherches pour les dizaines de personnes encore portées disparues se poursuivent dans le port.
Enfin, le corps de Joe Bou Saab a lui aussi été retrouvé. Il était le dernier pompier encore porté disparu après les déflagrations. Les soldats du feu libanais ont payé un lourd tribut avec dix morts.
Le bilan de la catastrophe du 4 août s'est donc encore alourdi mercredi, avec 181 morts, un chiffre confirmé à L'Orient-Le Jour par une source au sein du ministère de la Santé, et plus de 6.500 blessés, ainsi qu'une vingtaine de disparus. Dans la capitale libanaise, dont plusieurs quartiers sont en ruines, 300.000 personnes se sont également retrouvées sans abri.
Note d'information contre Diab et Aoun
Pour venir en aide aux habitants de Beyrouth et au peuple libanais en général, après la destruction des infrastructures portuaires et de milliers de bâtiments, les aides de la communauté internationale continuent d'arriver, par voies maritime et aérienne. Dans ce cadre, des avions contenant des aides humanitaires, notamment de la farine, du matériel médical et des matériaux de construction, ont atterri ces dernières heures, en provenance notamment du Maroc, des Emirats, d'Egypte, des Etats-Unis et de Grande-Bretagne. Un navire du Programme alimentaire mondial (PAM) contenant des stocks de farine, est également arrivé dans le port de Beyrouth, a annoncé l'armée libanaise.
L'ambassade des Emirats arabes unis à Beyrouth a de son côté annoncé le lancement d'une nouvelle initiative humanitaire afin d'offrir des soins de santé et de rééducation physique aux personnes blessées.
La déflagration du 4 août a été causée, selon les explications officielles, par un incendie dans un hangar du port contenant 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, stockées sans précaution depuis 2014. De nombreux officiels, à leur tête le président de la République et le Premier ministre démissionnaire, ont reconnu au cours des deux dernières semaines avoir été tenus au courant de la présence d'un tel stock de produits chimiques, en périphérie directe de la capitale libanaise.
Nouveaux mandats d'arrêt
Dans ce cadre, Fadi Sawan, juge d'instruction et procureur général près la Cour de justice, le tribunal pénal chargé du dossier des explosions, a émis mercredi un mandat d'arrêt à l'encontre du directeur du service des manifestes du port, Nehmé Brax, après l'avoir interrogé pendant près de quatre heures. Le juge Sawan a également émis un mandat d'arrêt à l'encontre de Johnny Gerges, un employé au port, après l'avoir interrogé. Il avait émis un mandat d'arrêt mardi contre le directeur général du port, Hassan Koraytem (qui a été remplacé depuis par Bassem el-Kaissi), et un autre, lundi, contre le directeur général des douanes, Badri Daher.
En outre, une note d'information a été déposée devant le bureau du procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, contre le président Michel Aoun et le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab. Ces derniers sont accusés par l'avocat Majed Harb, qui a déposé cette note, "de ne pas avoir respecté leurs obligations, ce qui a provoqué la mort de centaines de personnes et fait des milliers de blessés". Le chef de l'Etat et M. Diab avaient été mis au courant, via un rapport de la Sécurité de l'Etat qui leur avait été envoyé le 20 juillet, des risques posés par les milliers de tonnes de nitrate d'ammonium, stockés de manière négligée, dans un hangar nécessitant des travaux d'entretien.
Le président Aoun a rejeté toute éventualité d'une enquête internationale, estimant qu'elle risquerait de "diluer" la vérité, mais des experts notamment français et américains ont été dépêchés pour assister les autorités libanaises. Une enquête administrative, qui doit être menée par un comité ministériel présidé par M. Diab, n'a jusqu'à présent donné aucun résultat.
commentaires (5)
Rien n’est cher payé pour garder les armes de la milice, et faire front aux côtés des moumani3een...!
LeRougeEtLeNoir
21 h 02, le 19 août 2020