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Monde - Reportage

Vidée de ses pèlerins, Lourdes s’est « effondrée »

Vidée de ses pèlerins, Lourdes s’est « effondrée »

Une photo de Lourdes du 9 avril 2020. Lionel Bonaventure/AFP

« Il n’y a personne, je ne peux plus vivre » : à Lourdes, centre de pélerinage catholique du sud de la France, habituellement rempli de touristes, les commerçants lancent un cri de détresse face à la chute brutale de fréquentation due à la pandémie de coronavirus. À cause du Covid-19, « 80 % des pèlerins ont annulé leur venue », explique Thierry Lavit, le maire de la ville située aux pieds des Pyrénées françaises.

« Lourdes s’est effondrée », lâche-t-il. Pour la première fois, le sanctuaire va célébrer la fête de l’Assomption le 15 août – point d’orgue de l’année – avec un nombre des pèlerins en simultané limité à 5 000.

Lourdes est la deuxième ville hôtelière de France, derrière Paris. Selon la tradition catholique, la Vierge Marie y est apparue à Bernadette Soubirous en 1858, dans la grotte de Massabielle. Mais cet été, autour des commerces traditionnels de la cité pyrénéenne, les rues sont clairsemées. Un paysage inhabituel pour un des premiers sites de pèlerinage catholique du monde qui attirait chaque année des millions de fidèles de toute la planète. Bien que rouvert depuis le 16 mai, après une fermeture historique de deux mois, le sanctuaire de Lourdes subit l’annulation de la quasi-totalité des pèlerinages organisés, nombreux en période estivale.

Commerçant depuis plus de 25 ans, David Carpènes affirme n’avoir « jamais vu ça ». « D’habitude, aux mois de juillet et d’août, c’est bondé de monde. Là, il n’y a personne », poursuit-il. Au mois de septembre, « j’ai deux solutions. Soit je dépose le bilan, soit je me mets dans la rue et je fais la manche. Je ne peux plus vivre », se lamente-t-il. Derrière son présentoir de glace, où un bac sur deux est vide, il affirme n’avoir « même plus les moyens de se fournir » à cause de la chute de 90 % de son chiffre d’affaires.

« On attend un miracle »

Au cœur des échoppes emblématiques de la ville, surnommées « les bancs de la grotte », les cierges, chapelets et gourdes remplies d’eau bénite abondent. Cette année, seul le pèlerin fait défaut. Même paysage déserté sur l’esplanade de la basilique Saint-Rosaire, menant à la grotte, où seuls quelques petits groupes de visiteurs masqués sont présents. « C’est le pèlerin qui nous manque. Beaucoup sont des personnes vulnérables qui, avec le Covid-19, ne peuvent pas voyager », explique Claudine Gonzalez, propriétaire de deux commerces, dont l’un a dû fermer.

Entourée de chapelets de toutes les couleurs, « articles religieux par excellence » , Mme Gonzalez insiste : « Quand les hôteliers et les restaurants ne fonctionnent pas, c’est tout un écosystème qui s’effondre. »

Tous les ans, les pèlerinages sont organisés d’avril à fin octobre. Mais, face à la recrudescence du virus, « on ne voit pas l’avenir très rose ». « On a besoin d’aide », confie-t-elle.

Symbole de la chute du tourisme dans le bassin lourdais et à seulement deux jours de l’ouverture du 147e pèlerinage national de Lourdes, moins d’une trentaine d’hôtels ont rouvert sur environ 135 établissements. « Il n’y a pas assez de gens pour remplir le peu d’hôtels qui ont fait le choix de rouvrir », explique Mathieu Porteil, 39 ans, directeur d’exploitation de l’hôtel Mercure.

Sur le toit de son établissement qui surplombe la cité pyrénéenne, il explique n’« avoir fait que 25 % de chiffre d’affaires depuis la réouverture (le 3 juillet) ». Pour l’avenir, l’équation est simple. « Si nous subissons à nouveau un reconfinement, là, c’est terminé », insiste-t-il. Le gouvernement a annoncé lundi des mesures économiques pour soutenir les activités dépendantes du tourisme, et notamment les magasins de souvenirs. Mais Mathieu Porteil espère autre chose... « On attend toujours des miracles. On est à Lourdes », plaisante-t-il.

Alexandre MARTINS LOPES/AFP

« Il n’y a personne, je ne peux plus vivre » : à Lourdes, centre de pélerinage catholique du sud de la France, habituellement rempli de touristes, les commerçants lancent un cri de détresse face à la chute brutale de fréquentation due à la pandémie de coronavirus. À cause du Covid-19, « 80 % des pèlerins ont annulé leur venue », explique Thierry...

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