
Stephan Balliet, accusé de deux meurtres et d'une tentative d'attentant antisémite en Allemagne, lors de son procès à Magdebourg, le 21 janvier 2020. AFP / POOL / Hendrik Schmidt
Le procès de l'auteur de la pire tentative d'attentat antisémite d'après-guerre qu'ait connu l'Allemagne s'est ouvert mardi, dans un contexte d'un regain de la menace d'extrême droite.
Après s'être fait retirer ses menottes aux pieds et aux mains, l'accusé Stephan Balliet, un extrémiste de droite allemand de 28 ans, cheveux courts et vêtu d'un jean et de baskets noires, a indiqué après avoir enlevé son masque qu'il comptait s'exprimer dans la journée. Le 9 octobre dernier et en pleine fête religieuse de Yom Kippour, il avait tenté de commettre un attentat à Halle (Saxe-Anhalt).
Armé jusqu'aux dents, il avait donné l'assaut à la synagogue locale remplie de 52 fidèles avant, faute de parvenir à entrer, de retourner ses armes contre deux passants. L'homme est notamment poursuivi pour double meurtre, tentative de meurtres sur 9 autres personnes et incitation à la haine raciale. Il encourt la prison à vie avec une période de sûreté de 15 ans. Le tribunal de Magdebourg, en Saxe-Anhalt dans l'est du pays, a prévu 18 jours d'audience pour ce procès fleuve qui devrait durer jusqu'à mi-octobre.
"Le regarder dans les yeux"
"Mes clients souhaitent savoir comment cela s'est passé et pourquoi. Ils regarderont l'auteur dans les yeux pour lui signifier qu'ils ne partagent pas sa vision du monde", a expliqué avant l'ouverture du procès à l'AFP l'avocat de neuf parties civiles, Mark Lupschitz. L'avocat de M. Balliet, Hans-Dieter Weber, a lui simplement indiqué que son client était "poli, bien élevé et amical".
Stephan Balliet est accusé d'avoir commis "un attentat contre des citoyens et citoyennes de confession juive avec une motivation antisémite, raciste et xénophobe", a rappelé lors de la lecture de l'acte d'accusation l'un des procureurs, Kai Lohse. C'est vêtu d'une tenue militaire qu'il avait tenté d'entrer de force dans l'édifice religieux avec des charges explosives et des armes à feu, notamment un fusil fabriqué à l'aide d'une imprimante 3D. Après avoir échoué à enfoncer la porte, il avait abattu une passante puis, plus loin, un homme dans un restaurant de kebabs, ciblé pour sa clientèle immigrée. La police l'avait finalement arrêté après une course-poursuite.
Le Renseignement intérieur allemand a dressé un parallèle avec les attentats commis à Christchurch en Nouvelle-Zélande quelques mois auparavant contre deux mosquées, qui avaient fait 51 morts. L'accusé a en effet filmé et diffusé en direct son assaut lors duquel il niait l'existence de la Shoah et s'en prenait aux juifs. Il a aussi publié sur internet un "manifeste", apparu le lendemain, dans lequel il exprimait sa haine des juifs.
Trouble de la personnalité
Pour la justice, il voulait "commettre un massacre". Seule la solidité de la porte de la synagogue, verrouillée à double tour, l'en a empêché. Socialement isolé et vivant chez sa mère dans un village reculé de Saxe-Anhalt, cet homme au crâne rasé adepte des théories conspirationnistes néonazies avait abandonné ses études et passait la plus grande partie de son temps derrière un ordinateur. Après avoir examiné l'assassin présumé, le psychiatre Norbert Leygraf le décrit dans un document d'une centaine de pages consulté par le magazine Spiegel comme présentant un trouble complexe de la personnalité aux caractéristiques autistiques. Cependant, il était conscient de l'injustice de ses actes. Placé en détention provisoire et très surveillé, il a pourtant tenté lors à la Pentecôte de s'évader de prison en escaladant une clôture avant de se faire arrêter peu après, provoquant l'indignation de la communauté juive.
L'attaque de Halle survient dans un contexte de résurgence du terrorisme d'extrême droite dans le pays. Il y a un mois s'est ouvert le procès d'un sympathisant néonazi, tueur présumé d'un élu pro-migrants membre du parti conservateur d'Angela Merkel. En février, un homme partisan de thèses racistes et antisémites a tué 9 personnes d'origine étrangère à Hanau en Allemagne.
Après s'être fait retirer ses menottes aux pieds et aux mains, l'accusé Stephan Balliet, un extrémiste de droite allemand de 28 ans, cheveux courts et vêtu d'un jean et de baskets noires, a indiqué...
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