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Monde - Chine

Pékin impose au forceps sa loi sur la sécurité à Hong Kong

Pékin impose au forceps sa loi sur la sécurité à Hong Kong

Carrie Lam, le chef de l'exécutif hongkongais, lors de son discours, hier. Denis Balibouse/Reuters

La Chine a adopté hier au pas de charge sa loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong, condamnée par l’Union européenne et Washington, et accusée par ses détracteurs de vouloir museler l’opposition dans ce territoire autonome.

« Pour les membres de la petite minorité qui menace la sécurité nationale, cette loi sera un glaive suspendu au-dessus de leur tête », a averti le gouvernement chinois peu après la promulgation de ce texte historique, qui intervient un an après le début des manifestations monstres dans l’ex-colonie britannique contre l’influence du gouvernement central. Échaudé par ces événements, Pékin aura imposé en quelques semaines seulement cette loi qui contourne le conseil législatif local et fait craindre à l’opposition hongkongaise un recul inédit des libertés depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.

Le Comité permanent du Parlement, une instance soumise au Parti communiste chinois (PCC), « a adopté la loi sur la sécurité nationale » et le chef de l’État Xi Jinping « l’a promulguée » dans la foulée, a annoncé l’agence de presse officielle Chine nouvelle. Elle entrera en vigueur dès mardi, a précisé la chef de l’exécutif hongkongais fidèle à Pékin, Carrie Lam.

Pour le gouvernement central, il s’agit avec ce texte d’assurer la stabilité, de mettre fin au vandalisme ayant émaillé les manifestations de 2019 dans ce territoire de 7,5 millions d’habitants, ainsi que d’y réprimer le courant militant pour l’indépendance.

Pour l’opposition hongkongaise et pour plusieurs pays occidentaux, cette loi constitue en revanche une attaque contre l’autonomie et les libertés locales.

« Cela marque la fin de Hong Kong tel que le monde la connaissait », a réagi sur Twitter Joshua Wong, l’une des figures du Mouvement pour la démocratie. « La ville se transformera en un #étatdepolicesecrète ». Le parti Demosisto, qu’il a fondé avec d’autres militants en 2014, a annoncé dans la foulée sa dissolution. Cette formation appelait notamment à l’autodétermination du territoire – et pouvait donc potentiellement tomber sous le coup du nouveau texte.

Loi absurde

Difficile pour l’heure de connaître les réelles conséquences du texte voté mardi : son contenu définitif n’a pas encore été rendu public. « Le fait que les habitants de Hong Kong ne sauront qu’après coup ce que contient réellement cette nouvelle loi est véritablement absurde », a dénoncé Claudia Mo, une parlementaire locale d’opposition.

Chine nouvelle avait toutefois donné courant juin les grandes lignes du texte : il entend réprimer le « séparatisme », le « terrorisme », la « subversion » et la « collusion avec des forces extérieures et étrangères ».

Pékin a plusieurs fois accusé des pays occidentaux de jeter de l’huile sur le feu à Hong Kong en soutenant les manifestants.

Un « organe de sécurité nationale », relevant directement du régime communiste, devrait par ailleurs y être institué, selon Chine nouvelle. Il serait chargé de collecter des informations et de réprimer les atteintes à la sécurité nationale.

L’idée de confier à un organisme du pouvoir chinois des prérogatives dans ce territoire autonome inquiète fortement l’opposition locale. Car la séparation des pouvoirs n’existe pas en Chine continentale, dirigée par le PCC.

Depuis sa rétrocession par le Royaume-Uni en 1997, Hong Kong jouit d’une large autonomie, en vertu du principe « Un pays, deux systèmes ». Les Hongkongais bénéficient ainsi de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et d’une justice indépendante.

L’UE opposée

Avec cette nouvelle loi, les gouvernements occidentaux disent toutefois s’inquiéter pour le statut international de la ville, l’une des principales places financières mondiales. L’Union européenne a « déploré » l’adoption du texte. « Cette loi risque de porter gravement atteinte au degré élevé d’autonomie de Hong Kong et d’avoir un effet préjudiciable sur l’indépendance du pouvoir judiciaire et de l’État de droit », a estimé le président du Conseil européen, Charles Michel.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui s’est dit « très préoccupé », a promis d’examiner « très attentivement » le contenu de cette loi « pour voir si elle entre en conflit avec la déclaration commune entre le Royaume-Uni et la Chine ».

Les ministres des Affaires étrangères du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) avaient également appelé en juin à revenir sur ce projet.

Anticipant le vote, Washington avait annoncé lundi la fin des ventes d’équipements de défense sensibles à Hong Kong pour éviter qu’« ils ne tombent aux mains » de l’armée chinoise. Pékin a promis hier des « représailles ».

Les États-Unis avaient déjà décrété des restrictions de visas pour les responsables chinois accusés de « remettre en cause » l’autonomie du territoire. La Chine a répliqué par une mesure similaire visant les Américains « s’étant mal comportés » en critiquant la loi.

Carrie Lam a fustigé les pressions occidentales dans un message vidéo diffusé pendant la session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU : « J’exhorte la communauté internationale à respecter le droit de notre pays à garantir la sécurité nationale et les aspirations à la stabilité et à l’harmonie de la population de Hong Kong. »

Source : AFP

La Chine a adopté hier au pas de charge sa loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong, condamnée par l’Union européenne et Washington, et accusée par ses détracteurs de vouloir museler l’opposition dans ce territoire autonome. « Pour les membres de la petite minorité qui menace la sécurité nationale, cette loi sera un glaive suspendu au-dessus de leur...

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