La faim touche un nombre record de Syriens et cela pourrait encore empirer, ont averti lundi plusieurs organisations à la veille d'une conférence d'aide internationale à Bruxelles et alors que l'ONU réclame une augmentation de l'assistance transfrontalière.
Plus de neuf ans après le début d'une guerre meurtrière et complexe, les combats ont baissé en intensité mais l'urgence demeure dans un pays où les camps de déplacés abondent et où plusieurs millions de personnes dépendent des aides humanitaires. "Actuellement, quelque 9,3 millions de Syriens se couchent en ayant faim, tandis que plus de 2 millions (supplémentaires) risquent de connaître le même sort", ont averti dans un communiqué commun plusieurs ONG internationales. Le nombre de Syriens souffrant d'insécurité alimentaire a augmenté de 42% depuis l'année dernière, selon le texte signé notamment par le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Oxfam, CARE et Mercy Corps. "Les Syriens qui ont déjà enduré pratiquement une décennie de guerre et de déplacements sont maintenant confrontés à un niveau de faim sans précédent", déplore le texte. "L'assistance internationale est nécessaire aujourd'hui plus que jamais", ajoutent les ONG. "A moins que les financements et l'accès humanitaire n'augmentent, de nombreux Syriens, notamment ceux réfugiés dans la région, se retrouveront (également) au bord de la famine", poursuit le texte.
Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU lundi à New York, le secrétaire général adjoint de l'Organisation pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, a souligné que "les niveaux actuels d'aide fournie à travers les frontières étaient loin d'être suffisants". "Le Nord-Ouest continue de souffrir d'une crise humanitaire majeure et les opérations transfrontalières doivent s'intensifier encore davantage", a-t-il dit. Ne pas prolonger l'autorisation de l'aide transfrontalière, qui expire le 10 juillet, "provoquera souffrances et morts", a-t-il averti. En janvier, cette aide avait été prolongée de seulement six mois et considérablement réduite par la Russie à deux points d'entrée sur la frontière turque contre quatre jusqu'alors.
Une conférence de soutien est organisée mardi à Bruxelles sous l'égide de l'ONU et de l'Union européenne pour encourager les donateurs à accroître l'aide apportée aux personnes affectées par le conflit syrien, dans le pays en guerre et à l'étranger. Le conflit en Syrie déclenché en 2011 a fait plus de 380.000 morts et poussé à l'exil près de la moitié de la population d'avant-guerre, avec des déplacés à l'intérieur du pays et des réfugiés à l'étranger.