Rechercher
Rechercher

Politique - En toute liberté

La dérive policière... pour éviter de faire face

Destinée à conjurer le spectre d’une nouvelle guerre civile et à responsabiliser les forces politiques face au climat séditieux qui menace l’unité nationale, la réunion du 25 juin à Baabda n’a pas réussi à faire l’unanimité. Dans le communiqué de convocation, la semaine dernière, on pouvait lire que la réunion avait pour but de prévenir la répétition des « débordements » qui, le 6 juin 2020, ont failli embraser certains quartiers de Beyrouth et Tripoli, où les démons du sectarisme religieux ont été réveillés. Le général Michel Aoun a-t-il réellement senti, le 6 juin, le pays lui échapper des mains ?

Sait-il des choses que nous ne savons pas ? C’est bien possible. Ceux qui l’ont vécu dans la rue assurent que le pays, ce jour-là, « a frôlé la catastrophe ». C’est sans doute la raison pour laquelle, dans son allocution d’ouverture de la réunion de Baabda, le chef de l’État n’a pas hésité à prononcer les deux mots sinistres. « C’est avec une grande inquiétude que nous avons assisté au retour de certains signes indicateurs de risque de guerre civile », a-t-il dit.

« La stabilité sécuritaire est essentielle et constitue une condition pour la stabilité économique, financière, monétaire et sociale du pays (…). Lutter contre la sédition et les tentatives de créer le chaos est de la responsabilité de toutes les composantes de la société », a insisté de nouveau le communiqué final publié en fin de la réunion.

Il va sans dire que toutes les forces politiques au Liban souscrivent à ces constantes de base que sont la précieuse paix civile et le besoin de sécurité. Mais si les anciens chefs du gouvernement et l’opposition chrétienne n’ont pas répondu aux vœux du président, c’est qu’il manquait quelque chose à cette convocation extraordinaire : un ordre du jour clair qui ménagerait aux participants la possibilité de s’exprimer sur ce qui leur semble être l’une des causes, fût-elle indirecte, du climat séditieux qui règne dans les esprits. Quelques jours avant la tenue de la réunion, le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, conscient des réticences de certains, avait proposé au chef de l’État de la reporter de quelques jours « afin d’achever les préparatifs nécessaires » à sa tenue. Le chef de l’Église maronite suggérait aussi de mentionner, au nombre des constantes nationales que le Liban devait soulever pour la renforcer, celle de sa « neutralité ».

Or, on sait combien cette question soulève les passions, dans la mesure où elle soulève automatiquement celle du statut du Hezbollah, l’allié du CPL, parti armé dont la présence pèse lourdement sur le pays, sa société, son économie et sa politique. L’évidence que ne cessent de répéter ces forces – et une large partie de l’opinion –, c’est que, par sa seule présence armée, son idéologie politique et sa présence tentaculaire, le Hezbollah est en soi une atteinte à l’autorité de l’État, un affaiblissement de ce dernier et une menace pour la paix civile, puisqu’il bat en brèche la neutralité du Liban, infléchit sa politique étrangère, lui aliène des États amis et les États-Unis, contourne ses frontières terrestres, aérienne et maritime, et parasite à son profit son économie, au vu et au su de tout le monde.

Or, faisant la sourde oreille à ces demandes et s’exposant au reproche de n’être le président que d’une partie des Libanais, le chef de l’État a refusé d’établir un ordre du jour clair à la rencontre ou de soulever la seule question qui doit être posée : celle d’une « stratégie de défense » qui placerait le bras armé du Hezbollah sous commandement militaire libanais. Certes, à la surprise des présents, le chef du CPL, Gebran Bassil, devait affirmer en cours de réunion qu’aucun sujet ne devait être « tabou » et impossible à discuter, y compris celui de la stratégie de défense. Or, c’est bien le sentiment que ce sujet est « tabou » qui a poussé certaines des personnalités conviées à ignorer l’invitation. Elles n’étaient pas prêtes à entendre le président passer une fois de plus à côté du sujet, tout en leur faisant la morale. Comme pour leur donner raison, les belles paroles de Gebran Bassil ont disparu du communiqué final.

Vidée de son unanimité, la rencontre du 25 juin a été vidée de sa force, de son audience morale. Certes, ceux qui l’ont boycottée sont les derniers à pouvoir donner des leçons. La responsabilité de la situation critique où se trouve le pays est autant leur responsabilité que la sienne : elle est collective. Et ce n’est pas un « dialogue » ou une déclaration finale de plus qui feront la différence, quand la soif de dignité et de justice est si ardente au sein de la population. « Être radical, c’est prendre les choses à la racine », a dit Karl Marx. Or, c’est le pas que ni le chef de L’État ni les intéressés eux-mêmes ne semblent prêts à franchir. Ce qu’il faut donc craindre désormais, c’est de voir le pouvoir politique lutter contre toutes les crises par des moyens répressifs, policiers, plutôt que de s’attaquer à la racine du problème. Et cette dérive a, malheureusement, déjà commencé.

Destinée à conjurer le spectre d’une nouvelle guerre civile et à responsabiliser les forces politiques face au climat séditieux qui menace l’unité nationale, la réunion du 25 juin à Baabda n’a pas réussi à faire l’unanimité. Dans le communiqué de convocation, la semaine dernière, on pouvait lire que la réunion avait pour but de prévenir la répétition des...

commentaires (2)

inutile de se tordre le cerveau , inutile d'essayer de comprendre encore moins d'essayer de trouver moyen de faire changer d'optique, de politique a aoun ou a son gendre. leur existence meme est seulement tributaire de nasrallah-pas du tout des qqs deputes de leur bloc,pas du tout parce que aaoun est un chretien FORT, rien de tout ca. PAS DE NASRALLAH POUR COUVERTURE, PAS DE AOUN, PAS DE BASSIL.

Gaby SIOUFI

10 h 09, le 27 juin 2020

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • inutile de se tordre le cerveau , inutile d'essayer de comprendre encore moins d'essayer de trouver moyen de faire changer d'optique, de politique a aoun ou a son gendre. leur existence meme est seulement tributaire de nasrallah-pas du tout des qqs deputes de leur bloc,pas du tout parce que aaoun est un chretien FORT, rien de tout ca. PAS DE NASRALLAH POUR COUVERTURE, PAS DE AOUN, PAS DE BASSIL.

    Gaby SIOUFI

    10 h 09, le 27 juin 2020

  • Entre ceux qui s'entêtent à vouloir et ceux qui s'entêtent à ne pas vouloir, on a toutes les chances de continuer cette chute sans fin et sans fond...

    NAUFAL SORAYA

    06 h 43, le 27 juin 2020

Retour en haut