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Les soignants dans la rue pour rappeler Macron à ses promesses



Les soignants dans la rue pour rappeler Macron à ses promesses

Des soignants lors d'une manifestation à Lyon, le 16 juin 2020. / AFP / JEFF PACHOUD

 Après trois mois de crise sanitaire pendant laquelle ils ont été salués comme des "héros", des dizaines de milliers de soignants ont manifesté mardi en France pour réclamer davantage de moyens et rappeler le gouvernement à ses promesses sur l'hôpital.

Des affrontements parfois violents impliquant des casseurs ont cependant terni plusieurs défilés, notamment à Paris, au désespoir de manifestants, et du président de l'Association des médecins urgentistes de France Patrick Pelloux, qui s'est dit "totalement écoeuré". Les soignants, en majorité des infirmières, étaient sortis en nombre: 18.000 personnes à Paris, 7.500 à Toulouse, 4.000 à Bordeaux (sud-ouest), entre 4000 et 5000 à Strasbourg (est)...

A Paris, où le cortège parti du ministère de la Santé a rejoint en milieu d'après-midi l'esplanade des Invalides, des échauffourées ont éclaté en fin de parcours. Les forces de l'ordre répliquaient à des jets de projectiles par des tirs de gaz lacrymo contre 100 à 200 manifestants violents, parmi lesquels des "antifas", des blackblocs, selon un journaliste de l'AFP. Une infirmière, soutenue par des collègues, s'en est prise, en larmes, à ces manifestants: "Vous avez mis notre manif en l'air, vous êtes des cons!", a-t-elle crié. La police faisait état à 17H00 de 24 interpellations. Des heurts ont également eu lieu à Lille (nord) et à Nantes (ouest).

"Nous n'avons rien du tout"

Au total, plus de 220 rassemblements étaient prévus à l'appel d'une dizaine de syndicats et collectifs de soignants. Il s'agissait des premières manifestations autorisées dans le pays depuis l'entrée en vigueur du confinement il y a trois mois. Objectif: mettre à profit le soutien engrangé auprès de la population pendant la crise sanitaire afin d'obtenir des avancées pour les salariés des hôpitaux et des maisons de retraites médicalisées, salués comme des "héros en blouse blanche" par le chef de l'État au début de l'épidémie.

Les premiers gages de la "reconnaissance" promise par l'exécutif sont pourtant loin d'avoir convaincu les intéressés: "On ne veut pas de médaille ou de petite prime à la sauvette, on veut un salaire à la hauteur de ce que nos métiers apportent à la société", affirme Clara Grémont, aide-soignante près de Montpellier (sud-est).

"Monsieur Macron, qu'avez-vous prévu pour les soignants ? Pour l'instant, nous n'avons rien du tout !", a lancé le professeur Laurent Thines devant la foule à Besançon (est), avant de demander "une minute de silence pour les personnels soignants qui sont morts en France de l'incurie de ce gouvernement qui n'a pas su protéger". "La crise du coronavirus a montré les failles de notre système mais on a fait face, on n'avait pas le choix", explique Charlotte Dumont, infirmière puéricultrice à Bordeaux, pour qui "le problème de fond, c'est qu'on gère l'hôpital comme une entreprise".

Après plus d'un an de grève aux urgences, puis dans l'ensemble des services hospitaliers, les revendications n'ont pas changé: "On attend une revalorisation des salaires et la reconnaissance des qualifications. On attend l'ouverture de lits, l'embauche de personnels", a rappelé le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, présent au début du rassemblement parisien.

Autant de sujets posés sur la table du "Ségur de la santé", vaste concertation lancée fin mai par le gouvernement, qui doit concrétiser d'ici début juillet le "plan massif d'investissement et de revalorisation" promis par Emmanuel Macron. "Il faut absolument que les réponses soient à la hauteur des attentes" a prévenu le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier à Paris.

Le ministre de la Santé Olivier Véran s'est voulu rassurant lundi, en promettant que d'ici à début juillet les soignants auraient "toutes les réponses aux questions qu'ils posent et aux revendications qu'ils portent légitimement".

Le coronavirus a fait quelque 30.000 morts en France depuis mars, un des pires bilans au monde. Les soignants et les membres du personnel hospitalier ont été en première ligne et durement éprouvés, mais la crise sanitaire n'a fait que mettre en valeur une situation déjà très dégradée depuis de nombreuses années à l'hôpital.

 Après trois mois de crise sanitaire pendant laquelle ils ont été salués comme des "héros", des dizaines de milliers de soignants ont manifesté mardi en France pour réclamer davantage de moyens et rappeler le gouvernement à ses promesses sur l'hôpital.Des affrontements parfois violents impliquant des casseurs ont cependant terni plusieurs défilés, notamment à Paris, au désespoir...