Par ailleurs, des sources révolutionnaires ont rapporté que la porte d'entrée du siège de la municipalité de Tripoli avait été vandalisée samedi soir, tout comme une voiture de la police municipale.
Les accrochages avaient commencé vers 15 heures lorsqu'un groupe de manifestants a intercepté ces camions en coupant l'autoroute afin de tenter d'interdire le convoi de poursuivre son chemin, affirmant que le Liban avait besoin de ces biens plus que les pays destinataires. Dans un communiqué, les douanes ont expliqué que "ces camions transportaient du sucre et d'autres aliments au profit des Nations unies et de la Croix-Rouge internationale dans le cadre du programme alimentaire de l'ONU". Interrogé par la chaîne locale LBCI, le responsable de la société opérant ces camions, Bernard Jardi, a confirmé ces informations.
L'armée est alors intervenue pour rouvrir la route. Les militaires ont ensuite essuyé des jets de pierres et ont répliqué à l'aide d'armes munies de balles en caoutchouc. Le calme était revenu après que les notables du quartier sont intervenus pour calmer la rue, éloigner les protestataires des camions et les empêcher de s'en prendre aux soldats. L'armée s'est ensuite déployée dans le secteur afin de laisser les camions poursuivre leur route.
Mais dans la soirée, les affrontements avaient repris dans cette zone. Plusieurs routes ont également été coupées sur la place al-Nour, et dans les quartiers de Qobbé et de Beddaoui, où l'armée a été déployée.
Ces affrontements de samedi entre les contestataires et l'armée ont fait en tout une soixantaine de blessés, dont 16 dans les rangs des militaires, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Le Liban connaît sa pire crise économique en trente ans, aggravée par la pandémie du coronavirus et une révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019. Vendredi soir, de nouvelles manifestations ont dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre et en actes de vandalisme, notamment dans le centre-ville de Beyrouth et à Tripoli. Dans la capitale du Liban-Nord, les violences nocturnes avaient fait une cinquantaine de blessés, dont six militaires.
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En 1915, les camions ottomans chargés de blés traversaient les routes du Mont-Liban sans s'arrêter tandis que les habitants mouraient de faim par suite du blocus imposé par Jamal Pacha el-Jazzar. En 2020, des camions chargés de sucre et d'autres nourritures traversent les rues de Tripoli en route pour la Syrie, tandis que les Tripolitains courent derrière les "rabta" de pain pour nourrir leur famille.
Un Libanais
18 h 27, le 14 juin 2020