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Moyen-Orient - 11-Septembre

Le FBI révèle accidentellement le nom d’un diplomate saoudien lié aux attentats

Les dernières révélations pourraient raviver le débat autour de l’implication possible du royaume wahhabite dans les attaques de 2001.

Le FBI a divulgué par accident l’identité d’un diplomate saoudien suspecté d’avoir offert un soutien important à deux des pirates de l’air liés à el-Qaëda dans les attentats du 11-Septembre 2001. Photo AFP

Le FBI a divulgué par accident l’identité d’un diplomate saoudien suspecté d’avoir offert un soutien important à deux des pirates de l’air liés à el-Qaëda dans les attentats du 11-Septembre 2001. Le nom de Mussaed Ahmad al-Jarrah, un fonctionnaire du ministère saoudien des Affaires étrangères travaillant à l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington entre 1999 et 2000, est révélé dans une déclaration déposée en avril devant la Cour fédérale par Jill Sanborn, la directrice adjointe de la division antiterroriste du FBI. Le document, qui s’inscrit dans le cadre d’un procès intenté par les familles de victimes du 11-Septembre contre l’Arabie saoudite pour complicité dans les attaques terroristes, était sous scellés jusqu’à la semaine dernière. L’information, qui a d’abord été rapportée hier par le site d’informations Yahoo! News, a ensuite été reprise par les médias internationaux.

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C’est la première fois que des informations rendues publiques confirment l’identité de l’officiel saoudien dans les attentats du 11-Septembre. Aucune réaction officielle n’a été publiée pour le moment. Ces dernières révélations pourraient raviver le débat autour de l’implication possible du royaume saoudien dans les attaques, alors que 15 des 19 pirates de l’air étaient des ressortissants saoudiens. « Cela montre qu’il y a eu une dissimulation complète par le gouvernement (américain) de l’implication saoudienne », a dénoncé Brett Eagleson, un porte-parole des familles de victimes, cité par Yahoo! News. « C’est une gaffe énorme », a-t-il ajouté.

Ces éléments pourraient compliquer les rapports entre Washington et Riyad, déjà fragilisés par les tensions en mars dernier dans la foulée de la guerre des prix du pétrole. Le camp républicain pourrait également accentuer les pressions sur Donald

Trump, qui brigue un second mandat en novembre prochain, pour prendre ses distances avec le leadership saoudien. Le Congrès américain est de plus en plus critique à l’égard de Riyad depuis 2018 suite à l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul, tandis qu’il dénonce également l’engagement de la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen pour appuyer les forces gouvernementales.

« Secret d’État »

Si Riyad a constamment nié toute implication dans les attentats du 11-Septembre, différents rapports publiés ces dernières années fragilisent cette affirmation. En 2016, un document de 28 pages issu de l’enquête du Congrès américain déclassifié faisait notamment état de pistes indiquant que les pirates de l’air auraient reçu un soutien financier ou logistique de la part d’officiels saoudiens. Un article conjoint du New York Times et du site ProPublica publié en janvier dernier divulguait également des détails inédits sur l’investigation baptisée « Opération encore » du FBI sur des liens présumés entre les terroristes et le gouvernement saoudien.

C’est dans un passage se référant à un rapport partiellement déclassifié du FBI, datant de 2012, que les avocats de Jill Sanborn ont omis de barrer à l’encre noire le nom de Mussaed Ahmad al-Jarrah. Selon le document, il serait le « troisième homme » qui aurait « chargé » Fahad al-Thumairy, un agent du ministère saoudien des Affaires islamiques et imam de la mosquée du roi Fahd à Los Angeles, et Omar al-Bayoumi, un agent présumé du gouvernement saoudien, d’assister les pirates de l’air dans le détournement de l’avion d’American Airlines qui s’est abattu sur le Pentagone. Si peu d’informations sont disponibles sur cet agent diplomatique, des employés de l’ambassade saoudienne à Washington ont indiqué qu’il était sous la coupe de l’ambassadeur saoudien aux États-Unis de l’époque, le prince Bandar ben Sultan (et père de l’actuelle ambassadrice à Washington, Rima bent Bandar), a rapporté Yahoo! News. Selon un ancien agent du FBI, il aurait été en charge de placer les employés du ministère saoudien des Affaires islamiques aux États-Unis et qui tenaient le rôle de prédicateurs, dont Fahd al-Thumairy. Mussaed Ahmad al-Jarrah aurait ensuite été réaffecté dans des missions saoudiennes en Malaisie et au Maroc où il aurait servi jusqu’à l’année dernière.

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L’objectif de la déclaration de Jill Sanborn était pourtant d’appuyer les dépositions faites à la mi-avril par le procureur général des États-Unis, William Barr, et du directeur du renseignement national par intérim, Richard Grenell, pour empêcher la divulgation des noms des officiels saoudiens et des documents connexes aux familles des victimes des attentats du 11-Septembre. Selon la ligne défendue par William Barr, ces éléments sont des « secrets d’État » qui pourraient causer « un préjudice important à la sécurité nationale » s’ils étaient déclassifiés. Les familles des victimes auraient toutefois eu connaissance de l’identité de ce « troisième homme » l’année dernière, au lendemain d’une promesse faite par le président américain lors d’une cérémonie à la Maison-Blanche le 11 septembre dernier, ont rapporté ProPublica et le New York Times. Un nom qu’elles ont été obligées de taire tandis que, dans le même temps, William Barr déposait une motion pour les empêcher d’accéder aux autres dossiers du FBI, invoquant le secret d’État.

Le FBI a divulgué par accident l’identité d’un diplomate saoudien suspecté d’avoir offert un soutien important à deux des pirates de l’air liés à el-Qaëda dans les attentats du 11-Septembre 2001. Le nom de Mussaed Ahmad al-Jarrah, un fonctionnaire du ministère saoudien des Affaires étrangères travaillant à l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington entre 1999 et 2000, est...
commentaires (4)

Comme quoi des infos importantes peuvent rester cachées tant que les pays se comportent comme attendu de lui. De la part d'autres pays. Et tout d'un coup "accidentellement" l'info qui aurait pu être révélée depuis longtemps est dévoilée. Pourquoi les États-unis ont gardé cette information secrète?? Ben oui pourquoi...??

Sybille S. Hneine

12 h 46, le 14 mai 2020

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Comme quoi des infos importantes peuvent rester cachées tant que les pays se comportent comme attendu de lui. De la part d'autres pays. Et tout d'un coup "accidentellement" l'info qui aurait pu être révélée depuis longtemps est dévoilée. Pourquoi les États-unis ont gardé cette information secrète?? Ben oui pourquoi...??

    Sybille S. Hneine

    12 h 46, le 14 mai 2020

  • Le fait de dire "accidentellement" n'est autre que de dire " on veut dévoiler sans dévoiler". Je dis ceci mais je n'ai rien dit ... C'est un peu le genre.

    LE FRANCOPHONE

    12 h 14, le 14 mai 2020

  • "Accidentellement", lol, en plein conflit ouvert avec the KSA.

    Christine KHALIL

    11 h 35, le 14 mai 2020

  • CA CHANGE LA DONNE COMPLETEMENT.

    ECLAIR

    09 h 32, le 14 mai 2020

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