L'homme d'affaires syrien controversé, Rami Makhlouf, a interpellé publiquement le président syrien Bachar el-Assad, son cousin, au sujet de millions de dollars réclamés par le gouvernement à des entreprises du secteur de la télécommunication, un geste inédit.
A la tête de la société de téléphonie Syriatel, Rami Makhlouf a lancé jeudi soir cet appel sans précédent à travers une vidéo diffusée en direct sur Facebook. Inscrit sur la liste des sanctions américaines, il est considéré depuis des années comme un pilier du régime. Mais, depuis l'été dernier, il fait l'objet de soupçons de corruption et d'évasion fiscale émanant du gouvernement selon des informations de presse, ce qui semble indiquer qu'il est tombé en disgrâce. Son appel intervient alors que le ministère des Télécommunications a donné aux entreprises du secteur jusqu'à mardi pour rembourser des "impayés dus au Trésor public" qui s'élèveraient à 334 millions de dollars (303,6 millions d'euros).
Dans sa vidéo de 15 minutes, sa première apparition depuis une conférence de presse inédite en 2011, M. Makhlouf annonce que sa compagnie doit payer à l'Etat plus de 178,5 millions de dollars (162,2 millions d'euros). "Nous ne fuyons pas l'impôt et nous ne nous jouons pas du pays", a assuré l'homme d'affaires. Il en appelle aux "instructions" du président afin d'obtenir un "rééchelonnement satisfaisant", "pour que l'entreprise puisse continuer d'exister." "Je respecterai vos instructions (...) Je respecte vos ordres", a-t-il ajouté, tout en se plaignant des autorités et d'être toujours "mis en accusation et considéré comme un fautif".
En décembre, les autorités ont annoncé le gel des avoirs de plusieurs hommes d'affaires, pour évasion fiscale et enrichissement illégal pendant les années de guerre depuis 2011. Plusieurs titres de presse ont assuré que M. Makhlouf et son épouse, faisaient partie des personnes concernées. Fin octobre, lors d'un entretien télévisé, le président Assad avait réitéré son engagement dans la lutte contre la corruption. "Dans le secteur privé, on a demandé à tous ceux qui ont dilapidé des fonds publics de les rembourser", a assuré le président.
Dès le début des manifestations contre le régime en 2011, M. Makhlouf a été l'une des figures les plus vilipendées par les opposants. Pour l'expert sur la Syrie Hassan Hassan, la vidéo de M. Makhlouf, est du "jamais vu". Ce "symbole de la corruption du régime" semble "n'avoir aucun accès" auprès du président et "plaide pour être entendu par Assad", estime le chercheur.
commentaires (4)
L'Etat de Syrie a beaucoup de dépenses et a besin comme chez nous de recuperer l'argent illégalement gagné par les plus riches .C'est comprehensible
Chucri Abboud
16 h 07, le 03 mai 2020