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Moyen-Orient - Décryptage

Pourquoi Riyad lorgne le club de foot de Newcastle

L’opération invite le conflit fratricide entre l’Arabie et le Qatar sur le terrain du ballon rond.


Une photo datant du 21 novembre 2015 du club de football de Newcastle. Lindsey Parnaby/AFP

C’est une acquisition qui pourrait changer le paysage du football anglais : un consortium mené par le Fonds d’investissement public saoudien (PIF) pourrait bientôt devenir le nouveau propriétaire du club de Newcastle à hauteur de 80 %, pour la modique somme de 380 millions de dollars. Les 20 % restants de la vente seraient divisés à parts égales entre les frères Simon et David Reuben, milliardaires britanniques, et le groupe PCP Capital Partners, appartenant à la femme d’affaires Amanda Staveley. Connue pour ses liens étroits avec le Moyen-Orient, cette dernière a également été impliquée dans l’acquisition en 2008 de Manchester City par l’homme d’affaires et vice-Premier ministre des Émirats arabes unis, cheikh Mansour ben Zayed al-Nahyane. La démarche saoudienne semble s’inscrire dans la continuité du plan de diversification de l’économie Vision 2030, porté par le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane (MBS) et dont l’un des objectifs est de développer les investissements du royaume dans le domaine du sport. En février dernier, l’Arabie saoudite annonçait la création de trois nouveaux ministères dédiés au sport, au tourisme et à l’investissement. « Jusqu’à présent, l’investissement dans le sport par Riyad ressemblait à celui de Dubaï : il s’agissait surtout de (favoriser) un sport “spectacle” sur le sol saoudien pour développer une économie autour du sport en attirant l’attention et la consommation », note Raphaël Le Magoariec, doctorant spécialiste de la géopolitique du sport des pays du Golfe au sein du laboratoire Monde arabe et Méditerranée (EMEM) à l’Université de Tours, interrogé par L’Orient-Le Jour. En se tournant vers Newcastle, « l’Arabie saoudite emprunte la voie précédemment suivie par le Qatar (propriétaire du Paris Saint-Germain) et l’émirat d’Abou Dhabi en prenant un club qui est en déclin, qui a un capital en termes de branding et qui se situe dans une puissance mondiale », remarque-t-il.

L’opération invite le conflit fratricide entre Riyad et Doha sur le terrain du football britannique alors que le petit émirat a largement investi dans le domaine du sport et y dispose d’une large influence obtenue à coups de pétrodollars. Mercredi, le groupe audiovisuel qatari BeIN a demandé l’ouverture d’une enquête par l’English Premier League, qui gère le championnat d’Angleterre, pour déterminer si les représentants saoudiens sont « les bonnes personnes » pour diriger Newcastle. L’entreprise, qui détient un vaste bouquet de droits de diffusion d’événements sportifs, indique qu’un système pirate appelé BeOutQ diffuse depuis 2017 les images de la chaîne par satellite. La date coïncide avec le lancement d’un blocus contre Doha, imposé par Riyad et ses alliés en juin de la même année, l’accusant d’entretenir des liens trop étroits avec l’Iran et de financer le « terrorisme ». « Ma requête est simplement basée sur le rôle du gouvernement de l’Arabie saoudite dans le passé et le vol continu d’intérêts commerciaux au détriment de votre club, de la Premier League, des partenaires en charge de la diffusion TV et du football en général », écrit dans une lettre, adressée aux présidents et dirigeants des clubs du championnat d’Angleterre, Youssef al-Obaidly, le président de BeIn Sports.


(Lire aussi : 2020, année crash-test pour MBS)

Critiques des ONG

Le rachat du club britannique par le consortium en ferait l’un des clubs les plus riches du monde et permettrait de lui insuffler un nouveau souffle après des temps difficiles tant sur le plan financier que sportif. Selon le Daily Mail, un acompte non remboursable de 17 millions de livres aurait déjà été versé par le consortium au propriétaire actuel de Newcastle, Mike Ashley, bien que la vente n’ait pas encore reçu l’approbation de la Premier League. Si le pari de Riyad s’avère réussi, il pourra permettre à Newcastle de remonter la pente dans les prochaines années, à l’instar de Manchester City. En plus de le hisser au même rang que ses voisins du Golfe qui tablent sur une diplomatie du sport accrue, l’opération serait un moyen de redorer l’image de Riyad à l’international après le tollé provoqué par l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul en 2018. « L’acquisition potentielle du club de Manchester United par l’Arabie saoudite avait surgi dans la presse internationale une semaine après la disparition de Jamal Khashoggi. Il y a une volonté du royaume, comme pour les EAU et le Qatar, de masquer la conduite des affaires internes et régionales », souligne Raphaël Le Magoariec.

Si elle fait le bonheur d’une partie des fans de Newcastle, la possible acquisition est décriée par les ONG, alertant sur les violations des droits de l’homme par le royaume saoudien et l’impact de la vente sur l’image du championnat d’Angleterre. « Tant que ces questions (sur les droits de l’homme en Arabie saoudite) ne seront pas réglées, la Premier League risque d’être bernée par ceux qui veulent utiliser son prestige et son glamour pour couvrir des actions profondément immorales », écrit Kate Allen, directrice britannique de Amnesty International, dans une lettre adressée au président de la Premier League, Richard Masters. Interrogé au sujet de l’acquisition en février, ce dernier avait expliqué qu’ « il n’y a pas de règle ». « Il existe une série de tests objectifs qui sont liés à l’aspect financier, et il y a aussi des tests sur les crimes commis à l’étranger où les activités qui pourraient être considérées comme criminelles (au Royaume-Uni) pourraient être prises en compte », avait-il précisé.

« La Premier League jouerait avec le feu si elle interdisait à l’Arabie saoudite d’entrer en son sein ou d’acquérir un club car cela signifierait que, par exemple, l’acquisition de Manchester City par Abou Dhabi serait remise en cause, et cela pourrait faire fuir d’autres investisseurs », estime Raphaël Le Magoariec. Le rachat potentiel de Newcastle intervient cependant à un moment qui pourrait se révéler opportun pour Riyad alors que l’attention internationale est accaparée par la pandémie de coronavirus et que les finances des clubs de la Premier League ont été fragilisées par la suspension des matchs pour une durée indéterminée pour des raisons sanitaires.

C’est une acquisition qui pourrait changer le paysage du football anglais : un consortium mené par le Fonds d’investissement public saoudien (PIF) pourrait bientôt devenir le nouveau propriétaire du club de Newcastle à hauteur de 80 %, pour la modique somme de 380 millions de dollars. Les 20 % restants de la vente seraient divisés à parts égales entre les frères Simon...

commentaires (1)

Vraiment!! c'est a cela que sert mon abonnement??? les bras m'en tombent, et ce n'est pas la premiere fois que l'OLJ passe son temps a faire des analyses inutiles. Allez sur le terrain faire des enquetes comme la MTV ou Al Jadeed, faite une enquete utile pour les Libanais

Elementaire

09 h 05, le 24 avril 2020

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Commentaires (1)

  • Vraiment!! c'est a cela que sert mon abonnement??? les bras m'en tombent, et ce n'est pas la premiere fois que l'OLJ passe son temps a faire des analyses inutiles. Allez sur le terrain faire des enquetes comme la MTV ou Al Jadeed, faite une enquete utile pour les Libanais

    Elementaire

    09 h 05, le 24 avril 2020

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