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Politique - Décryptage

Le congrès annuel du CPL : trois messages, par internet !

À l’heure du coronavirus, le Courant patriotique libre a modifié ses habitudes et son plan, pour ses partisans mais aussi pour donner l’exemple. En cette période confuse à plus d’un niveau, il ne voulait pas annuler le congrès qu’il organise chaque année le 14 mars en commémoration de la date du déclenchement de la guerre de libération contre l’occupation syrienne à l’époque (qui a d’ailleurs donné son nom à la grande manifestation du 14 mars 2005). Mais il ne pouvait pas non plus l’organiser sans prendre des mesures exceptionnelles. Il a donc innové pour montrer qu’il s’adapte aux difficultés actuelles, tout en restant fidèle à ses symboles.

Les cadres du CPL ont donc longuement discuté pour trouver une formule qui leur permette de respecter leurs échéances internes, tout en tenant compte des normes de prudence imposées par l’épidémie et par les circonstances difficiles que traverse le pays.

Au départ, deux activités étaient prévues : un brunch, à la place du dîner de gala habituel, durant lequel des paniers de produits libanais seraient exposés aux participants leur donnant la possibilité de les acheter. Ce qui remplacerait indirectement la collecte de fonds traditionnelle et permettrait au CPL d’assurer des fonds pour l’année à venir, sachant qu’il ne reçoit aucune aide externe. Ensuite, le congrès annuel qui permet au CPL de discuter de sa stratégie politique pour l’année à venir ainsi que de son budget.

Finalement, il a été décidé de renoncer au brunch, quitte à livrer les paniers à ceux qui le désirent. Par contre, le congrès annuel est maintenu. Pour la première fois dans l’histoire des partis politiques, il se tiendra grâce à une sorte de vidéoconférence, qui réunira le chef du parti Gebran Bassil et ses deux vice-présidentes, May Khoreiche et Martine Najem Kteily, à partir du siège principal du parti au centre Myrna Chalouhi, ainsi que les membres des conseils régionaux à partir de leurs domiciles respectifs. Le système a déjà été testé.

Au cours de ce congrès, le document de la stratégie politique pour l’année en cours sera exposé puis soumis au vote des participants, qui devront procéder à cette opération de façon électronique. C’est vrai que l’épidémie du coronavirus qui frappe le Liban a commandé au CPL de prendre de telles mesures, mais quelque part, c’est aussi un message que le parti a voulu adresser à tous les Libanais, y compris aux parties politiques. On se souvient en effet que lors de l’adoption laborieuse de l’actuelle loi électorale en 2018, le CPL avait réclamé l’installation d’un call center pour permettre aux électeurs de voter électroniquement dans leur région de résidence au lieu d’avoir à se rendre dans les bureaux de vote de leurs lieux de naissance. Il y avait eu de nombreux débats sur cette question et l’idée a été finalement rejetée sous prétexte qu’elle est difficilement réalisable dans un « si bref délai ». Mais selon de nombreux analystes à l’époque, des parties politiques refusaient de recourir à ce procédé pour des raisons électoralistes pures, sachant que le vote électronique libère en quelque sorte les électeurs du poids des influences et du contrôle politique à l’entrée des bureaux de vote. De la sorte, le choix des électeurs devient relativement incontrôlable et le système des « clés électorales », si courant dans les scrutins organisés au Liban depuis des années, devient obsolète. Le CPL profite donc des mesures de précaution imposées actuellement pour donner l’exemple du vote électronique qui est, à ses yeux, selon la responsable de la commission de l’information au sein du parti, Rindala Jabbour, une forme de libération de la volonté des électeurs.

Rindala Jabbour précise que le document politique ne sera pas divulgué publiquement, parce que les préoccupations des Libanais sont actuellement centrées sur le coronavirus. Il sera communiqué à l’interne et soumis au vote d’un collège électoral de près de 200 personnes. La lecture publique du document politique sera donc remplacée par un court discours du chef du parti Gebran Bassil. Cette année, le CPL veut axer son action sur trois points essentiels : la lutte contre la corruption, l’appui à l’économie de production et le soutien à la production locale, dans une concrétisation du point précédent, mais aussi pour confirmer ce que le parti appelle « l’indépendance financière » qui est partie intégrante de l’indépendance nationale. Pour le CPL, indépendamment de l’épidémie de coronavirus, le Liban est entré dans une nouvelle phase, celle de la bataille pour l’adoption d’une économie de production, essentielle pour l’indépendance du pays, dans la mesure où elle permet de réduire le processus d’endettement public.

Sur le plan purement interne, des amendements avaient déjà été adoptés. L’un d’eux, qui avait été mal interprété dans les médias, autorise le chef du parti à choisir deux nouveaux vice-présidents chargés de dossiers spécifiques, s’il le juge nécessaire. C’est ce que M. Bassil a fait en nommant Mansour Fadel vice-président chargé des jeunes et des municipalités et Tarek Khatib vice-président chargé du dialogue national. Mais cela ne touche nullement les deux postes de vice-président actuellement occupés par May Khoreiche (affaires politiques) et Martine Najem Kteily (affaires internes). Le second amendement porte sur les personnes qui ont le droit de devenir membres des conseils régionaux. Selon Rindala Jabbour, ce dernier amendement s’est imposé en raison du nombre grandissant des demandes d’adhésion, notamment dans les régions. De la sorte, elle dément indirectement les rumeurs sur une baisse de la popularité du CPL.

En attendant le véritable test que constitueront les prochaines élections législatives, le CPL veut donc, à travers le congrès qui se tient aujourd’hui, adresser trois messages à ses partisans et aux Libanais en général : d’abord, le parti est moderne et utilise les nouvelles technologies. Ensuite, il respecte ses échéances internes quelles que soient les circonstances. Enfin, il est soucieux de ses partisans en trouvant le moyen de ne pas les réunir dans un seul lieu en période d’épidémie...


À l’heure du coronavirus, le Courant patriotique libre a modifié ses habitudes et son plan, pour ses partisans mais aussi pour donner l’exemple. En cette période confuse à plus d’un niveau, il ne voulait pas annuler le congrès qu’il organise chaque année le 14 mars en commémoration de la date du déclenchement de la guerre de libération contre l’occupation syrienne à...

commentaires (7)

"... le Courant patriotique libre a modifié ses habitudes et son plan, pour ses partisans mais aussi pour donner l’exemple ..." Pour donner l’exemple il aurait pu commencer par refuser le choix d’un site non-constructible pour la construction de son futur quartier général. Il a raté là une occasion en or de se démarquer et nous en mettre plein la vue... "... permettrait au CPL d’assurer des fonds pour l’année à venir, sachant qu’il ne reçoit aucune aide externe ..." Sauf pour le voyage à Davos? :-D

Gros Gnon

21 h 38, le 14 mars 2020

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Commentaires (7)

  • "... le Courant patriotique libre a modifié ses habitudes et son plan, pour ses partisans mais aussi pour donner l’exemple ..." Pour donner l’exemple il aurait pu commencer par refuser le choix d’un site non-constructible pour la construction de son futur quartier général. Il a raté là une occasion en or de se démarquer et nous en mettre plein la vue... "... permettrait au CPL d’assurer des fonds pour l’année à venir, sachant qu’il ne reçoit aucune aide externe ..." Sauf pour le voyage à Davos? :-D

    Gros Gnon

    21 h 38, le 14 mars 2020

  • De tout cela, je ne retiens que "la lutte contre la corruption". Pourquoi tant d'insistance sur le terme "corruption" dans tous les articles et toutes les chroniques sur le CPL et spécialement sur son chef Gebran Bassil ?

    Un Libanais

    17 h 43, le 14 mars 2020

  • "le CPL veut donc, à travers le congrès qui se tient aujourd’hui, adresser trois messages à ses partisans et aux Libanais en généra" Ya latif!!! Trois messages inoubliables et critique pour le parti, les libanais et probablement l'humanité entière : 1 je sais utiliser mon téléphone malin, 2 je sais ouvrir l'application du calendrier et 3 faites gaffe et laver bien vos pinces!! Ouf je me sens super fier d'être libanais maintenant!

    Wlek Sanferlou

    16 h 54, le 14 mars 2020

  • SACHANT QU,IL NE RECOIT AUCUNE AIDE EXTERNE. YIA HARAM CHI BI WAJJE3 EL ALB ! LES PAUVRES KELLON 3AL LOGE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 17, le 14 mars 2020

  • Le CPL fait parti d'une classe politique qui a compromis pendant plus de 10 ans pour amener le pays a une faillite totale, financière et politique. Il a malheureusement perdu toute crédibilité pour essayer de réparer les fautes du passé! La meilleure des choses qu'il puisse faire maintenant est de laisser la place a d'autres personnes pour essayer de réparer ce qui a été détruit. Si au bout de 10 ans de participation active au gouvernement, ils nous ont amené avec les autres politiciens a ce stade, le CPL (ainsi que le restant de la classe politique) ne mérite plus la confiance du peuple.

    Hanna Philipe

    12 h 49, le 14 mars 2020

  • NON ! C'EST FACHEUX CA ! JUSTE UN COURT DISCOURS DE JOBRAN EN REMPLACEMENT DE PUBLICATION DU DOCUMENT POLITIQUE DU CPL ? ZUT ALORS ! HEUREUSEMENT QUE DAME MAY EST LA POUR LE SECONDER , ET NOUS METTRE AU PARFUM DES EXPLOITS DE CE GRAND NONSIEUR !

    Gaby SIOUFI

    10 h 10, le 14 mars 2020

  • Il doit être minuscule le budget annuel du CPL. Il suffit de vendre des paniers de produits libanais pour assurer au CPL les fonds nécessaires pour couvrir ses besoins pour une année. Le fait de préciser que le CPL ne reçoit aucune aide externe est louche. Le gouvernement doit investiguer tout ça et arrêter le financement étranger des partis politiques.

    Zovighian Michel

    06 h 10, le 14 mars 2020

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