Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

Qu’est-ce qui se cache derrière les objets anodins ?

À la galerie ArtLab, Jacques Vartabédian met son art au service des rouages de la société qu’il décode et déconstruit, pour mieux dénoncer, non sans une pointe de poésie, ce qui fait tourner le monde. Une œuvre chargée d’une dimension critique et ironique qui ne se prive d’aucun humour.

Une toile de Jacques Vartabédian de la série « How to make a human pattern ». Photo DR

Il a certes l’œil qui pétille et le sourire qui respire la pudeur et la joie de vivre, mais derrière son allure de doux rêveur, se dissimule un penseur attentif aux systèmes du monde qui régissent la vie de chaque individu. Tout commence chez cet artiste de 33 ans avec une immense curiosité de la vie et des êtres, une gourmandise qui le rend disponible à tout spectacle de la vie. Son univers a le visage d’une réelle conscience qui lui fait se poser mille questions. Pourquoi l’homme travaille, étudie, prie ou suit aveuglement d’autres hommes ?

Jacques Vartabédian fouille dans ses pensées et se plaît à absorber les choses avant de les coucher sur une toile. Son œuvre, jusqu’à ce jour figurative, prend un nouveau tournant et une nouvelle direction. De son exposition actuelle, How to make a human pattern, il dit : « Je ne la voulais pas statique, je la voulais comme une installation. J’ai donc utilisé la peinture comme medium pour créer cinq installations différentes qui ne sont pas dans l’accrochage, mais qui sont dans un contexte précis que j’aborde et que je décode. » Aussi ne s’est-il pas contenté de se cantonner à un seul medium, mais introduit des petites sculptures en forme de sandwiches faites de livres découpés et plongés dans la résine comme pour mieux figer les idées. Mais comment donc cet artiste encore si jeune en est-il arrivé à aborder l’art par l’angle de l’humanisme conditionné ?


« Il est mon point de départ »
Rien ne prédestinait ce jeune homme à prendre le chemin de l’art et pourtant, à l’âge de 13 ans, Jacques Vartabédian participe à un concours de dessin, décroche le premier prix « face, dit-il, à des élèves beaucoup plus talentueux » que lui et gagne une bourse pour son illustration qui représentait la petite fille aux allumettes. « Cette bourse m’octroyait des cours gratuits de dessin durant les week-ends jusqu’à la classe de terminale. Mais comme tous les enfants qui rêvent, une fois la semaine terminée, d’un ballon de foot et de quelques copains autour, je n’ai jamais voulu sacrifier mes heures de détente. » Plus tard, alors qu’il jonglait entre une licence en comptabilité et un petit boulot, c’est un petit incident heureux qui lui fait reprendre le dessin. Il a 18 ans et un collègue de travail lui tend un crayon mine qui ne servait à rien. « Aussitôt, dit-il, je ressens le besoin de dessiner et me mets au travail. Je lui dois beaucoup. Il a été ma source d’inspiration. » Vartabédian n’interrompt pas pour autant ses études de comptabilité, mais décide de s’inscrire à l’Université libanaise en architecture d’intérieur. Complètement désenchanté par le manque de liberté que ce métier met à la disposition de celui qui le pratique, c’est vers les arts qu’il se tourne pour enfin trouver sa voie. Après une licence et un master, le voilà artiste peintre à part entière et, en 2015, il présente sa première exposition en solo. 


« Le blanc me réconforte »
L’artiste développe une œuvre qui se plaît à combiner figuratif et symbolisme. Il explore la peinture mais aussi l’installation et l’art conceptuel. Lorsqu’il aborde les thèmes de la classe, de la prière ou encore du monde du travail, il leur associe des éléments qui gravitent autour. Pour la classe, ce sont les livres ou une simple lumière bleue (pour évoquer le savoir) ; pour le travail, c’est l’argent ou les distributeurs. Une fois la toile principale achevée, il l’utilise comme une palette sur laquelle il mélange ses couleurs pour passer à autre chose, comme une sorte de connexion qu’il établit afin de construire sa structure symbolique. Son œuvre lumineuse brouille les pistes et explore la lisière tenue entre art conceptuel et réalité du monde. Quant à sa palette, elle déploie des teintes aux reflets gris et blanc, et décline les couleurs pastel, sans oublier la couleur principale qui est justement le blanc. Ses toiles nimbées de couleurs aux variations chromatiques noient les personnages dans une troublante luminosité due aux aplats blancs. « Cette couleur me réconforte et m’apaise, confie l’artiste, comme je vis longtemps avec mes œuvres, j’ai besoin de ressentir une paix intérieure avant de les exposer, parce que l’art est fait pour être vécu. » Pour l’artiste, pas un être humain sur terre qui n’appartienne et fonctionne au sein d’un système. Nous sommes tous programmés dès notre enfance pour répondre à un mécanisme précis qui nous permet de fonctionner au quotidien. Comment contrôler ce mécanisme et pourquoi existe-t-il ?

Voici les questions que Jacques Vartabédian n’a de cesse de se poser et d’exposer.


Galerie ArtLab « How to make a human pattern », Jacques Vartabédian, à Gemmayzé.

Jusqu’au 4 avril 2020.

Il a certes l’œil qui pétille et le sourire qui respire la pudeur et la joie de vivre, mais derrière son allure de doux rêveur, se dissimule un penseur attentif aux systèmes du monde qui régissent la vie de chaque individu. Tout commence chez cet artiste de 33 ans avec une immense curiosité de la vie et des êtres, une gourmandise qui le rend disponible à tout spectacle de la vie. Son...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut