Un passager chinois ausculté à son arrivée hier à l’aéroport d’Entebbe en Ouganda. Sumy Sadurni/AFP
De nouvelles infections en recul en Chine, mais qui bondissent ailleurs : le monde entre « en terre inconnue » avec le coronavirus, avertit l’OMS, alors même que l’épidémie revient dans le pays d’où elle est partie via des cas importés.
Depuis plusieurs jours, l’épidémie semble faiblir en Chine, où des mesures de quarantaine draconiennes visent plus de 50 millions de personnes depuis fin janvier.
Mais la province orientale du Zhejiang (Est) a annoncé qu’un total de huit Chinois de retour d’Italie étaient porteurs du virus, confirmant les craintes d’une recontamination du pays par importation.
« Nous sommes en terre inconnue », a déclaré le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Jamais auparavant nous n’avions vu un pathogène respiratoire capable de transmission communautaire, mais qui peut aussi être endigué si l’on prend les bonnes mesures », a-t-il souligné à Genève. La « transmission communautaire » désigne la multiplication des foyers du virus sans lien épidémiologique clair avec le berceau de la maladie, en l’occurrence dans la province du Hubei.
Le docteur Tedros a relevé qu’au cours des 24 heures précédentes, il y avait eu neuf fois moins de contaminations annoncées en Chine que dans le reste du monde.
On recense plus de 92 000 cas au total désormais, et près de 3 130 décès, 77 pays et territoires touchés. Et la propagation s’accélère hors de Chine, dans des pays déjà touchés comme la Corée du Sud – 5 186 cas, dont 28 décès – ou en allumant de nouveaux foyers, comme en Arabie saoudite, qui a signalé lundi un premier cas.
Il s’agit d’une personne testée positive après son retour d’Iran, où l’on recense désormais le plus grand nombre de décès liés à la maladie après la Chine (77 morts). L’Argentine a annoncé son premier malade, et l’Espagne son premier décès.
L’Union européenne a relevé son évaluation du risque au niveau « modéré à élevé ». Les ministres de la Santé de l’UE auront une « réunion extraordinaire » vendredi à Bruxelles.
En Italie, pays le plus touché d’Europe, la barre des 70 morts a été franchie et plus de 50 000 habitants sont en quarantaine dans une « zone rouge ».
Le pape testé négatif
Le Vatican a confirmé hier soir que le pape François souffre d’un simple « rhume » sans symptômes pointant vers d’autres pathologies, répondant ainsi à une information de presse selon laquelle le souverain pontife a été testé négatif au coronavirus. Le porte-parole du Saint-Siège, Matteo Bruni, a indiqué que « le rhume diagnostiqué au Saint-Père ces derniers jours suit son cours, sans symptômes conduisant à parler d’autres pathologies ». Le pape argentin continue notamment à célébrer la messe matinale dans sa résidence de Sainte-Marthe, a-t-il précisé dans un communiqué.
Par précaution, le pape a passé un test au nouveau coronavirus qui s’est avéré négatif, a aussi révélé une source vaticane au quotidien italien
Messaggero publié hier. Une information largement reprise toute la journée, sans faire l’objet d’une confirmation du Vatican.
Pendant la prière de l’Angélus dimanche puis en s’adressant aux fidèles, le pape, âgé de 83 ans, avait dû s’interrompre à deux reprises en raison de quintes de toux.
François, dont un poumon a été atteint dans sa jeunesse et qui a des problèmes à une hanche, annule très rarement un rendez-vous. Après son audience générale de mercredi dernier célébrée en plein air, il avait annulé toutes ses audiences publiques entre jeudi et samedi, maintenant en revanche ses rencontres privées à sa résidence.
En France, environ 120 établissements scolaires sont fermés, a fait savoir le ministre de l’Éducation nationale. Plus de 90 malades ont été recensés aux États-Unis, dont la moitié sont des personnes rapatriées de l’étranger. D’autres sont sans lien connu avec un foyer de l’épidémie, ce qui laisse à penser que le virus commence à circuler sur le sol américain, encore très épargné.
Se voulant rassurant, le vice-président Mike Pence, qui coordonne la lutte contre cette maladie aux USA, a annoncé qu’un traitement pourrait être disponible « d’ici à l’été ou le début de l’automne ».
Source : AFP