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France/retraites : la réforme présentée, les opposants à nouveau dans la rue

Manifestation à Lyon, le 24 janvier 2020. Photo AFP / ROMAIN LAFABREGUE

Objet d'un conflit social historique, la réforme des retraites en France a une nouvelle fois vendredi fait descendre des dizaines de milliers d'opposants dans la rue, au moment où le projet franchissait une étape clef en étant présenté en Conseil des ministres.

"Macron démission !", scandaient les opposants rassemblés à Paris, le président Emmanuel Macron ayant fait de la réforme des retraites un projet emblématique de son ambition de "transformer" la France.

Plus de 127.000 personnes ont manifesté dans une soixantaine de villes hors Paris, selon un comptage provisoire de l'AFP réalisé à partir des chiffres communiqués par la police ou les préfectures.

Des chiffres souvent en légère hausse par rapport à la précédente journée de mobilisation du 16 janvier mais très loin des sommets atteints au début du mouvement, les 5 et 17 décembre.

Le syndicat CGT, en pointe de la contestation, a évalué à 1,3 million le nombre des manifestants en France, dont 350.000 à 400.000 à Paris.

"Ce mouvement reste massif, on a des taux de grève importants, il s'inscrit dans la durée et il n'est pas le fait de quelques personnes marginales", a affirmé Benoît Teste, le secrétaire général de la FSU, majoritaire dans l'Éducation, un secteur où l'opposition au projet est vive.

Au 51e jour d'un mouvement entamé le 5 décembre - une durée exceptionnelle, même dans une France habituée aux mouvements sociaux - , "la mobilisation est toujours importante", a assuré Philippe Martinez, le secrétaire général du syndicat CGT. "Le gouvernement joue l'entêtement, il faut continuer à faire pression sur lui", estime-t-il.

"Si le gouvernement examine en Conseil des ministres une proposition de loi, clairement ça veut dire que M. Macron a renoncé à convaincre et que son intention c'est de vaincre et ça, c'est le pire dans une société démocratique", a tonné le chef de file de la France insoumise (gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon.

Les opposants doivent faire mentir l'essoufflement du mouvement : les dernières manifestations ont été plus clairsemées et la grève dans les transports publics s'est largement amenuisée, malgré une reprise des arrêts de travail ce vendredi pour cette septième "journée de mobilisation".

Dans les transports, après un quasi-retour à la normale ces derniers jours, le trafic est ainsi de nouveau perturbé: la circulation est presque normale pour les trains à grande vitesse (TGV) et l'international mais le métro parisien est moins fluide avec seulement trois lignes fonctionnant normalement.


Equilibre financier

"Je crois que les Français en ont soupé de cette grève", a estimé jeudi le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.

"C'est sûr, c'est compliqué mais je suis en accord avec les grévistes. J'aimerais même que d'autres catégories professionnelles rejoignent la grève", a tempéré Audrey, une infirmière de 34 ans, bloquée trois heures durant à Lille (nord) à cause de la suppression de son train.

Le soutien à la mobilisation est contrasté : selon un sondage BVA publié vendredi, 70% des Français estiment que le mouvement doit se poursuivre. Mais une autre enquête d'opinion, par Odoxa cette fois, évalue à 56% la part des Français voulant que la grève "s'arrête".

Tandis qu'une nouvelle journée de mobilisation a été décidée pour le 29 janvier, le gouvernement, pour sa part, s'en tient à son calendrier.

Le projet, qui abolit les régimes spéciaux permettant actuellement à certaines catégories comme les cheminots de partir plus tôt à la retraite, a été présenté en Conseil des ministres, l'occasion de confirmer que la réforme inclut bel et bien un "âge d'équilibre" visant à inciter les Français à travailler au-delà de 62 ans, âge légal de la retraite. Ce point cristallise les oppositions.

Le gouvernement a renoncé à imposer un âge d'équilibre dès 2022, ce qui a permis d'arracher le soutien des syndicats les plus réformistes, mais "il reste dans la loi", a averti la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. Assorti d'un "mécanisme de bonus-malus", selon ses mots, il vise à assurer l'équilibre financier.

Le projet doit être débattu au Parlement à partir du 17 février en vue d'un premier vote début mars.

Objet d'un conflit social historique, la réforme des retraites en France a une nouvelle fois vendredi fait descendre des dizaines de milliers d'opposants dans la rue, au moment où le projet franchissait une étape clef en étant présenté en Conseil des ministres. "Macron démission !", scandaient les opposants rassemblés à Paris, le président Emmanuel Macron ayant fait de la réforme...