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Culture - Web-film

« Et si tu te réveillais ? » crie Élio Chayeb

Ils sont nombreux, les jeunes qui par une nuit d’octobre sont passés du désespoir le plus abyssal et du détachement le plus cruel à l’énergie la plus folle et l’enthousiasme le plus contagieux, pour revendiquer ce qui leur appartient de droit. Le producteur exécutif et réalisateur a pris le pouls de la nation avec son web-film « Libnan biddo nabad ».


Élio Chayeb ne baisse plus les bras. Photo Élias Mehanna

« Au commencement, confie Élio Chayeb, il y a eu le désir de rectifier un post démoralisant sur Facebook, par un film qui se devait de redonner l’envie aux Libanais de rester libanais. » C’est ainsi qu’a germé l’idée de Libnan biddo nabad (Le Liban veut un pouls). Né à l’ère de la décadence, de la honte, du vol et des abus, le réalisateur a aujourd’hui 33 ans. « Mon pays, dit-il, est beau et je le veux tel que je le vois. »

Une chambre d’hôpital, une fille au chevet de son père (visiblement dans le coma depuis 30 ans) lui fredonne une chanson douce en lui caressant les cheveux. Un frère révolté refuse de céder à l’espoir de voir son père se réveiller, et reproche à sa sœur son incrédulité et son optimisme mal placé. Certes, il est question d’espoir et de désespoir, de signes que l’on cherche démesurément, d’indices, de gestes pour continuer à avancer, pour ne pas sombrer. La métaphore est simplement belle et le visuel de ce film posté sur les réseaux sociaux, fort en émotions et en messages. À la question combien vous a coûté ce film ? Élio Chayeb est tenté de répondre : « Un million de dollars ! » Car pour lui, les efforts déployés par toute l’équipe autour de lui, par les acteurs et les actrices, par les assistants, valent autant sinon plus. Un soutien inestimable. « Mais la vraie réponse, dit-il, c’est 25 000 livres libanaises, le prix du petit déjeuner, le jour du tournage, pour tout le monde. » Comment ce jeune réalisateur a-t-il réussi la gageure de faire un film avec cette incroyable économie de moyens ? Simplement en ne faisant rien, à part créer et réaliser évidemment, car tout le monde, mu par le désir de participer indirectement à la révolution d’octobre, a tout fait pour lui. Si Gamma Engineering a offert les équipements, l’hôpital Notre-Dame du Liban a offert le local, Gaëlle Sassine le montage et Dima Geagea le coloring. Fayd Maan a, lui aussi, assisté le réalisateur également sans rien demander en contrepartie. Quant aux acteurs, et pas des moindres, Abdo Chahine (dont l’implication dans la révolution n’est plus à prouver), Nathalie Freiha et Roy Yazbeck, c’est avec beaucoup de conviction et de fierté qu’ils ont voulu participer à l’aventure pour le prix d’une « man’ouché ». « Vous êtes le pouls de la révolution », dira le film et Élio Chayeb semble crier : « Et si tu te réveillais ? »


Pour l’avoir tant aimé
Après s’être engagé dans des études d’audiovisuel à l’American University of Technology (AUT), Chayeb participe, en quatrième année, à une compétition de courts-métrages Ten days, ten minutes (Dix jours, dix minutes). Il présente son film et obtient une bourse pour participer à un atelier de travail à Los Angeles dans le cadre du New York Film Academy à Universal Studios. De retour au Liban, il travaille d’abord comme assistant de production avec le réalisateur Saïd el-Marouk et puis se met à son compte et enchaîne les commandes pour les films publicitaires.

Amoureux de son pays, Élio Chayeb décide, pour gagner une clientèle internationale, de faire une présentation sur les avantages offerts par les tournages au Liban. « D’abord, dit-il, la situation géographique, à savoir pouvoir tourner la même journée dans des régions aux climats et topographies très différents, ensuite les trois langues parlées même par un chauffeur de taxi, la diversité de la population et enfin l’hospitalité. » Et voilà comment Élio Chayeb réussit à se construire un portfolio solide. Pour lui, le Liban est « un morceau de ciel bleu ». S’il avoue avoir baissé les bras, il y a quelques années, il assure aujourd’hui être mu par la volonté de ne plus s’arrêter.

Dans son interprétation de la situation, un vieux monsieur est choisi pour représenter le Liban, car pour lui le pays est notre père à tous, une sœur voilée et un frère prénommé Charbel, comme un clin d’œil à cette cohabitation qu’il vit au quotidien, étant lui-même chrétien avec des amis de toutes les communautés. « Jamais nous n’avons abordé entre nous le sujet de la religion et jamais ce ne fut une raison de discorde. Au contraire, la diversité nous honore et nous rends fiers. » Et, ajoute-t-il, « aujourd’hui, il suffit de prononcer le mot “thaoura” pour mobiliser une marée humaine. Un mot qui vaut plus que tous les comptes en banque des usurpateurs ». Élio Chayeb n’est pas prêt de s’arrêter. Son deuxième film est en préparation.





« Au commencement, confie Élio Chayeb, il y a eu le désir de rectifier un post démoralisant sur Facebook, par un film qui se devait de redonner l’envie aux Libanais de rester libanais. » C’est ainsi qu’a germé l’idée de Libnan biddo nabad (Le Liban veut un pouls). Né à l’ère de la décadence, de la honte, du vol et des abus, le réalisateur a aujourd’hui 33 ans....

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