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Moyen Orient et Monde - Reportage

Touchés par la crise avec le Qatar, des Saoudiens espèrent une réconciliation

À al-Ahsa, les centres commerciaux et souks traditionnels sont moins fréquentés.

Des hommes et des femmes assis à un café à Riyad. Ahmed Yosri/Reuters

Sur un chantier, les marteaux-piqueurs et les grues sont à l’arrêt. Dans la ville saoudienne d’al-Ahsa, voisine du Qatar, le secteur économique a pâti de la crise diplomatique avec Doha, mais des signes de dégel entre les deux capitales redonnent espoir aux habitants.

L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont rompu en juin 2017 leur liens avec le Qatar, accusé de soutenir des mouvements islamistes – ce qu’il nie – et de se rapprocher de l’Iran, principal rival régional de Riyad. Après l’imposition d’un embargo à Doha – qui a entraîné notamment la fermeture des routes terrestres et la suspension du commerce –, le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane a jugé que la crise avait des conséquences limitées sur le royaume. Mais à al-Ahsa, une ville d’un million d’habitants, on voit les choses différemment. Cette oasis accueillait auparavant des Qataris qui contribuaient beaucoup à la bonne santé économique de la région en venant acheter des produits relativement moins chers que chez eux.

Hôtels à l’abandon

Les habitants du riche émirat gazier investissaient notamment des millions de riyals dans des hôtels locaux, des plantations de dattes ou encore dans l’immobilier. Mais le flux d’argent s’est tari lorsque la crise a éclaté, provoquant un manque à gagner, dans une conséquence imprévue du blocus qui visait à affaiblir le Qatar.

« Le blocus a eu un impact négatif sur les villes près de la frontière et a compliqué les investissements à un moment où l’Arabie saoudite fait face à de gros déficits », estime Samuel Ramani, un chercheur à l’Université d’Oxford. Les statistiques officielles sont difficiles à trouver, mais les signes du départ des Qataris sont omniprésents à al-Ahsa.

Ses centres commerciaux et souks traditionnels sont moins fréquentés, les nombreuses stations-service sur la route menant à la frontière ont fermé et les commerçants se plaignent de ventes en baisse. À l’abandon également, trois hôtels à moitié construits.

Le gérant d’un hôtel d’al-Ahsa montre un parking vide, un temps rempli de voitures aux plaques minéralogiques qataries. Aujourd’hui, il explique qu’il arrive à peine à payer ses factures d’électricité. Mais le fait que la majorité des investisseurs qataris n’aient pas liquidé leurs investissements à al-Ahsa malgré le blocus fait penser que les affaires peuvent reprendre à tout moment si les liens sont rétablis. S’ils souffrent des retombées économiques de la crise, les habitants veulent cependant croire à de simples chamailleries entre cousins, et beaucoup parient sur un retour des Qataris. « La dispute concerne les (deux) gouvernements, pas les peuples, dit un homme d’affaires d’al-Ahsa, qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat. Nous sommes une grande famille. » Des diplomates des deux côtés estiment que la fin de la crise est proche.

« Besoin de personne »

Ils en veulent pour preuve le fait que l’Arabie saoudite participe actuellement au Qatar à la Coupe du Golfe de football. Le chef de la diplomatie qatarie Mohammad ben Abderrahmane al-Thani a quant à lui évoqué récemment des « progrès » réalisés lors de discussions avec l’Arabie saoudite.

Mais ce qui sera probablement le plus significatif sera le niveau de représentation du Qatar au sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) prévu ce mardi à Riyad. Le roi Salmane a invité l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, mais il n’était pas encore clair hier si celui-ci y participerait. Pour M. Ramani, la rapprochement semble se profiler « sans concessions majeures de la part de Doha », à qui Riyad et ses alliés avaient demandé de remplir 13 conditions pour une reprise des relations, dont la suspension de la chaîne qatarie al-Jazeera. Un temps dépendant des importations de nourriture, le Qatar a réussi à développer de nouvelles routes commerciales, fait entrer des milliers de vaches et établi des fermes de volaille pour contrer le blocus. « Le Qatar est comme un nouveau-né qu’on aurait puni en le mettant à la porte, commente un diplomate arabe. On pourrait penser qu’il reviendrait en pleurant, mais en fait, il marche désormais et n’a plus besoin de personne. »

Anuj CHOPRA/AFP

Sur un chantier, les marteaux-piqueurs et les grues sont à l’arrêt. Dans la ville saoudienne d’al-Ahsa, voisine du Qatar, le secteur économique a pâti de la crise diplomatique avec Doha, mais des signes de dégel entre les deux capitales redonnent espoir aux habitants. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont rompu en juin 2017 leur liens avec le Qatar,...

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