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Culture - Musique

Houtaf Khoury : L’espoir est permis !

Il représente la nouvelle génération des compositeurs libanais, mais il est connu et a joué à l’étranger plus que dans son propre pays.

Houtaf Khoury. Photo Facebook

Fils de Tripoli, la capitale du Nord dont la place al-Nour en ce moment de révolution en marche rayonne par son remarquable civisme et sa demande de justice sociale, Houtaf Khoury a un long parcours avec la musique classique (qu’il partage avec sa femme Tatiana Primak Khoury, pianiste ukrainienne aujourd’hui libanaise d’alliance et de cœur).

À cinquante ans, il est l’un des principaux acteurs de la scène musicale libanaise dont l’œuvre et les partitions sont en étroite osmose avec la réalité du pays du Cèdre dans toute son agitation et tous ses remous. En témoignent ses notes jetées sur le papier, et on cite volontiers en ce sens des œuvres aux titres explicites et révélateurs du malaise de vivre. La symphonie Le temps de la peur, le concerto pour alto En dehors des frontières, la sonate pour piano Pour un instant perdu sont autant d’interprétations et d’approches, en paraphrases musicales, de la situation politique et sociale…

Par ailleurs, le quintette Les jardins de l’amour pour clarinette est une œuvre plus intimiste dédiée à sa fille Yelena. Elle a retenu, par sa douce mélancolie, l’attention du clarinettiste Dimitri Ashkenazy qui, dans l’enregistrement de son CD, bientôt dans les bacs, l’a placée à côté de celle de Brahms… Et qui a été jouée en novembre à Arkhangelsk, ville calfeutrée dans la Russie profonde et polaire.

Pour la rentrée d’octobre dernier, Houtaf et Tatiana Khoury auraient dû faire l’événement musical avec une série de concerts. Bien entendu, la vague des mouvements populaires a tout emporté. De Tripoli à Beyrouth, sa Symphonie n° 4, intitulée Je suis ce que je suis – qui devait être donnée par l’Orchestre philharmonique du Liban sous la direction de Jordi Mora –, a été mise au rancart. Tandis qu’en Europe, de Zurich à Genève, en passant par Winterthur ainsi que plus loin encore en Équateur, ses notes résonnent pour un public attentif aux mélodies d’un pays dont les clameurs et le chaos embrasent le firmament…


Situation du jour

Pour ce musicien retiré au port de Tripoli et qui travaille dans la dévotion sa musique, quid de la situation du jour ? Qu’en pense-t-il, quels sont les mots qu’il place pour ces commotions civiles et sociales pour un lendemain meilleur ? Comment surgissent les mélodies et les partitions qu’il trace de cette clameur révolutionnaire ?

Voilà, dans un jet spontané, les paroles, le témoignage et l’analyse d’un compositeur, fervent amoureux de son pays : « Dans un premier temps, on peut définir le mot révolution comme un “retour sur soi ”. Un retour qui permet de corriger les erreurs. Tout aussi bien pour le peuple que pour les dirigeants du Liban. L’erreur ne vient pas d’un seul côté ou d’une seule partie. C’est évident parce qu’il se taisait, le peuple a aidé les politiciens à plonger une nation entière dans le marasme. À cause de cela, c’est-à-dire le favoritisme et les superzélés des uns aux autres, j’étais “gelé” dans mon travail pendant plus de dix ans… Cela n’a pas empêché pour autant mon œuvre d’être jouée en dehors du pays. Et c’est à regret que je confesse être un des musiciens libanais les plus joués au monde et le moins connu en mon pays. Aujourd’hui, les mentalités ont changé, et c’est la révolte. C’est la remise en question des fondements de l’État et sa continuité… Il est temps que les gens au pouvoir laissent la place aux autres. Les révolutions aident pour un cycle de sang régénérateur. Pour une vie nouvelle aux générations montantes. On assiste en ce moment à la naissance d’un Liban de tolérance et de beauté. Tripoli, le Qandahar du Liban comme les gens la qualifiaient, est actuellement un exemple vivant d’un nouveau visage du pays du Cèdre. Une longue route est encore, certes, à tracer dans ces conflits nationaux et internationaux, mais l’espoir est permis. Et devrait triompher… Mais espérons surtout ne pas revenir aux tristes et accablantes mémoires des années 1860 ou 1975… »

Fils de Tripoli, la capitale du Nord dont la place al-Nour en ce moment de révolution en marche rayonne par son remarquable civisme et sa demande de justice sociale, Houtaf Khoury a un long parcours avec la musique classique (qu’il partage avec sa femme Tatiana Primak Khoury, pianiste ukrainienne aujourd’hui libanaise d’alliance et de cœur). À cinquante ans, il est l’un des principaux...

commentaires (1)

Mr Houtaf et Mme Tatania enchantent depuis une dizaine d annees le public de TRipoli .Ils reprennent ainsi le flambeau de Mr Khoury pere qui a initie des jeunes a l ecriture, a la poesie ,au theatre,... Merci Mr Edgard .

Helou Helou

20 h 06, le 10 décembre 2019

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Commentaires (1)

  • Mr Houtaf et Mme Tatania enchantent depuis une dizaine d annees le public de TRipoli .Ils reprennent ainsi le flambeau de Mr Khoury pere qui a initie des jeunes a l ecriture, a la poesie ,au theatre,... Merci Mr Edgard .

    Helou Helou

    20 h 06, le 10 décembre 2019

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